Tribune libre

L'intersyndicale interpelle François Hollande

  • Publié le 29 juillet 2014 à 06:00

Monsieur le Président, la situation socio économique de la Réunion ne cesse de se dégrader. La déflation menace l'Europe et les pays européens. Et à la Réunion, la population et notamment les jeunes, les femmes (les familles monoparentales), les seniors et les retraités payent un lourd tribut à la crise produite et alimentée en grande partie par les politiques d'austérité.

Le chômage est perçu comme l’horizon indépassable pour beaucoup d’entre nous.

Votre priorité affichée : la jeunesse tarde à se concrétiser. Il est temps d’engager une politique volontariste afin de lui donner  la garantie d’une vie décente. L’emploi doit en être un déterminant essentiel.

Alors que la vie chère est toujours là et pour longtemps encore, les salaires et les prestations sociales sont à la traîne, notre économie étant de plus en plus entre les mains des sociétés transnationales (STN).
Les conventions collectives nationales (CCN) ne sont pas applicables automatiquement du fait de l’article 16 de la loi Perben.
Les conditions de vie au travail et celles du dialogue social vont se détériorer encore plus du fait de la loi dite de sécurisation de l’emploi, accroissant le mal être au travail, maladie sociétale.

Pendant ce temps, les politiques de défiscalisation et d’exonération des cotisations sociales à tout va continuent de plus belle notamment avec le pacte dit de responsabilité.

Et le patronat engrange sans rien céder.

Non content de ne pas assumer sa responsabilité au regard du territoire, il fait dans la surenchère (attaque contre le smic, remise en cause du principe de la négociation, menace sur les seuils sociaux, report du dispositif pénibilité, exigence toujours plus grande d’une irresponsabilité en matière fiscale et sociale…).

La déclinaison locale du pacte de responsabilité est le théâtre d’une offensive patronale exigeant encore plus d’argent public (CICE majoré de 550 M€, maintien TVA NPR, demande de 860 m€ de plus sur la base de critère de population,….).

Et sans que n’apparaisse à aucun moment la moindre proposition de contreparties !

Le patronat profite de la crise pour tondre le mouton qui n’a déjà plus de laine. Et les gros attendent que les canards boiteux disparaissent pour leur laisser la place nette le jour de la reprise, renforçant encore plus leur mainmise sur le pays.

Bien entendu, nous faisons la différence entre d’une part les grosses entreprises et les STN qui captent l’essentiel de la manne et d’autre part les petits artisans et entrepreneurs qui galèrent, victimes trop souvent de l’externalisation par les premières des risques financiers et sociaux de par les liens mortifères de la sous traitance.

La réforme fiscale se fait attendre. Elle ne peut se cantonner à quelques mesures relatives à la seule IRPP (et les 1,9 million de ménages sortis de l’IRPP ne seront ils pas ponctionnés par la hausse de TVA ?) et ne peut ignorer la fiscalité indirecte.
Quid à la Réunion des très nombreux foyers fiscaux non assujettis  à l’IRPP ?
 
Le sentiment chez les salariés de payer de leur poche pour le patronat est fort, le sentiment d’injustice de votre politique grandit.

La Réunion est à la croisée des chemins.

De lourds enjeux l’attendent : menaces sur les quotas sucriers, sur l’octroi de mer, sur la nécessaire protection relative de notre économie, sur la politique européenne de Cohésion, le très contestable pacte de stabilité (et la règle d’or) impliquant moins de solidarité nationale, une soumission à la conditionnalité macro économique alors que nos collectivités territoriales plus qu’ailleurs sont des moteurs essentiels de l’investissement public et de la cohésion sociale.
 
S’y ajoutent le défi démographique, la petitesse de notre économie insulaire et donc l'ardente obligation de l’intégration régionale…que ne facilitent pas loin de là les politiques européennes, le caractère captif de notre économie,  facteur essentiel de la vie chère….

Des potentialités existent en accentuant la recherche-innovation au regard de la transition écologique (énergies renouvelables, bio agriculture et autonomie alimentaire…), de la lutte contre le réchauffement climatique et les pandémies tropicales, du tourisme,….du dialogue social….

Cependant, la déstructuration du tissu social menace. Faut il rappeler que nos 40 glorieuses ont vu les inégalités sociales s’accroître ?

Les salariés et les demandeurs d’emploi ont besoin d’une autre politique.
Une politique qui tourne le dos à l’austérité et réponde aux exigences sociales.
Une politique de la relance et de la demande est une nécessité économique et sociale. L’austérité ne crée pas d’emplois, elle en détruit.

Le principe d’assimilation législative doit jouer quant à l’application des CCN.
Il faut augmenter les salaires (et accompagner en tant que de besoin les petits entrepreneurs) et les prestations sociales…sans remise en cause de la Protection Sociale auquel nous conduisent les mesures d’exonération toujours plus importantes contenues dans les pactes dit de responsabilité et de solidarité.

Et si on parlait du coût du capital ?

La conditionnalité (sélectivité) des aides en lien avec une réelle évaluation des politiques publiques posant la responsabilité du patronat au regard du territoire doit être une réalité et non pas renvoyée aux négociations de branches (seules une 60ne d’entre elles sur 700 fonctionnent !).  
Le dialogue social doit réhabiliter le Travail et passer par de nouveaux droits pour le salarié permettant notamment de dépasser sa sujétion à l’employeur et d’intervenir sur les choix de l’entreprise.

Il n’y aura pas de développement sans justice sociale. Notre société ne peut vivre sans que le salariat (y compris les demandeurs d’emploi) ne soit reconnu comme producteur de richesse et non pas comme un coût.

Il n'y aura pas non plus de développement sans services publics performants. Cela passe par une politique d'emplois publics ambitieuse et adaptée.
La seule transposition des normes nationales ne démontre pas sa pertinence, les défis à relever ici sont immenses.
Les secteurs publics doivent être repensés eux aussi comme producteurs de richesse et non comme une charge.

CGTR, FO, FSU, Solidaires, Saiper, UNEF

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