Tribune libre d'Huguette Bello

Rétablissement des crédits du SMA : la fin d'une " séquence désastreuse"

  • Publié le 14 décembre 2014 à 06:06

En rétablissant les crédits du SMA à leur niveau initial, l'Assemblée nationale vient de clore une séquence désastreuse ouverte au Sénat par le Président de la Région Réunion. Il y a dix jours, en effet, Didier Robert, le représentant de la Région qui détient le record européen du chômage des jeunes, n'a pas hésité à défendre avec acharnement un amendement qui amputait de 10 millions d'euros le SMA.

Rien ne peut justifier une telle désinvolture qui brouille, en quelques heures, le message d’alarme qu’année après année nous nous évertuons à faire retentir dans toutes les instances, sur le chômage terrifiant qui frappe notre jeunesse. En tant que responsables politiques, nous avons tous le devoir absolu de sanctuariser et de protéger les crédits destinés à l’insertion et à l’emploi, et a fortiori au SMA.

Le SMA est un des instruments majeurs pour l’insertion des jeunes Réunionnais. Créé il y a plus de cinquante ans, il est le plus ancien dispositif d’insertion de France. Son efficacité jamais démentie et sa popularité auprès des jeunes en font un pilier des politiques d’insertion. Constamment cité en référence, il inspire bien d’autres expériences. Il a survécu à la disparition du service militaire. Mieux, il a été ouvert aux jeunes filles.

Vouloir priver notre jeunesse du plus emblématique des dispositifs d’insertion, jouer cette grande réussite réunionnaise comme un pion sur l’échiquier politicien, c’est une manœuvre inacceptable.

Certes je déplore que la ligne budgétaire destinée à ce qu’on appelle la " continuité territoriale " ait été diminuée de 10 millions d’euros. Pour exprimer clairement mon désaccord avec cette baisse, j’ai été parmi les rares députés qui se sont abstenus, le 4 novembre dernier, lors du vote des crédits de l’Outre-mer. Mais il est inconcevable et inconvenant de faire d’un des plus précieux dispositifs en faveur de l’insertion et de l’emploi le bouc émissaire de cette erreur. Tout comme il serait inconcevable et inconvenant, comme menace de le faire le Président de Région, de s’attaquer aux fonds destinés à l’éducation ou à l’Université.

Le véritable désenclavement aérien de notre île passe par une politique tarifaire lisible, transparente, et qui garantisse à tous, toute l’année, des billets à des prix accessibles.

L’égalité des droits est un principe fondamental. Mais il est vidé de tout son sens lorsque les bénéficiaires sont appelés à financer eux-mêmes cette égalité. C’est le cas du dispositif mis en place par Didier Robert, qui met deux fois les Réunionnais à contribution : d’une part, pour financer une compagnie régionale, et, d’autre part, pour payer l’aide au voyage distribuée par la Région Réunion. Cerise amère sur le gâteau, ce système contribue à maintenir à un niveau élevé les prix des billets d’avion, ce qui, évidemment, pénalise les plus modestes.

 

L’urgence d’une vraie réforme saute aux yeux. Elle devra concilier notre situation géographique et notre statut politique. Si la ligne " Réunion-Paris " n’est pas considérée comme une ligne intérieure, elle ne doit pas non plus être traitée comme une ligne internationale. Une nouvelle catégorie est à inventer : une ligne adaptée aux besoins d’une Région française d’outre-mer et aux spécificités d’une Région européenne ultrapériphérique.

 

Huguette Bello

guest
1 Commentaires
SICOCENDO
SICOCENDO
9 ans