Tribune libre

Téléphonie : la CGTR craint des menaces sur l'emploi et le pouvoir d'achat

  • Publié le 10 février 2015 à 21:38

La situation du marché de la téléphonie mobile et notamment la structuration de l'offre en cours interpellent la CGTR quant à son impact sur l'emploi, la situation d'oligopole et le pouvoir d'achat des Réunionnais, la nécessité de développer un projet de territoire pour " sortir " de la dépendance de l'économie réunionnaise aux intérêts extérieurs.

Notre économie ne cesse d’être dépendante d’intérêts extérieurs : après le sucre, la grande distribution, le BTP, le secteur bancaire…, le marché de la téléphonie mobile (et de l’internet) se caractérise aujourd’hui par un duopole Orange/Altice-Numéricable dont les intérêts relèvent de la logique financière, ne sont que commerciales et ne participent pas à un projet de développement de notre territoire.

En 2009 le COSPAR posait de façon forte la question du pouvoir d’achat de la population réunionnaise et de la nécessaire chasse aux surprix et rentes de situation.  Des avancées ont été obtenues qu’il convient de ne pas sous-estimer (150 euros pour les plus pauvres pendant 5 ans, mise en place de l’observatoire des prix, et surtout exercice pédagogique et appropriation collective renforcée de la problématique de la profitassion…). Cependant, tout reste à faire tant le chantier est immense et perdurent les attaques contre toute avancée la plus minime soit elle.

Vite abandonnée suite aux remontrances de l’Autorité de la Concurrence (AC), la manœuvre de Altice-Outre mer Télécom consistant à augmenter les tarifs de Only visait semble-t-il à faire fuir le client et à démonétiser celle-ci, violant ainsi le 2ème engagement pris par ce groupe de "préserver la viabilité économique, la valeur marchande et la compétitivité de ces activités (d’Only) jusqu’à leur cession".

N’y avait-t-il pas là une volonté de conserver, dans les faits, le duopole Orange/Numéricable ? De faire échec à la concurrence prônée afin de faire baisser les prix au profit du contribuable et de réduire la fracture numérique ?

En tout état de cause, l’AC devrait rester vigilante sur ce point et à ce que le 3ème opérateur soit suffisamment dépendant des 2 insiders et puisse faire jouer une saine concurrence. Nous rajouterons que le développement de notre territoire exige que les intérêts de ce 3ème opérateur soient basés ici et non là-bas. Et qu’il puisse participer à un projet territorial dynamique et créateur d’emplois.

Hélas et au vu des éléments notamment divulgués par la presse, l’emploi est d’ores et déjà la victime de la stratégie mise en place par Altice-Numéricable notamment au niveau de SRR.

En effet, payés au compte-goutte et tardivement compte tenu des sommes importantes engagées par ce groupe pour racheter SFR, les prestataires de services d’Altice-Numéricable travaillant dans le service client, la maintenance du réseau, l’informatique, le service commercial… ont aujourd’hui le couteau sous la gorge.

Soit leurs contrats ne seront pas renouvelés, soit ils le seront à des prix et/ou périmètres revus à la baisse. Ce sont des milliers d’emplois qui sont menacés. L’impact sur l’emploi et les conditions de travail sera désastreux.

Que deviendront ces prestations " en moins " : seront-elles reprises par les salariés de SRR ou les prestataires actuels ou nouveaux  et dans quelles conditions dégradées de travail (surcharge et stress) ? Et de rendu du service ?

Seront elles-délocalisées par exemple en France ou à Maurice (comme le sont déjà un certain nombre de services (centres d’appel…) ?

Disparaitraient-elles au détriment du client (Service multimédia- Hermès ? GAGS ?....) ? 

Des milliers d’emplois sont potentiellement menacés alors que La Réunion connaît une des pires crises de son histoire.

La responsabilité du groupe Altice-Numéricable sera-t-il au rendez vous du développement de la Réunion et de sa population ? La vigilance de tous les réunionnais est de mise.

La CGTR

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