Tribune libre de la FSU Réunion

Pourquoi faut-il faire grève le 9 avril ?

  • Publié le 12 mars 2015 à 10:12

Janvier 2015 aura vu la Grèce signifier leur congé aux laudateurs des politiques ultra-libérales en oeuvre en Europe, ces politiques qui auront réussi le tour de force de mettre le peuple Grec à genoux tout en prétendant l'aider à se relever d'une crise financière dont il n'est pas responsable. C'est pourtant lui qui en aura payé le prix le plus fort : récession, chômage, paupérisation, suppression massive d'emplois dans les services publics, catastrophe humanitaire......

L'austérité ne se cantonne pas à réduire les finances publiques mais s'accompagne d'attaques répétées contre toutes les dispositions protectrices des salariés et les structures de solidarité -dont les services publics font partie- présentées comme des freins à la croissance. Ces orientations commencent cependant à rencontrer des résistances hors de Grèce et recourir au 49.3 pour imposer la loi Macron est incontestablement un déni de démocratie mais aussi et d'abord un aveu de faiblesse. Le décalage par ailleurs est immense entre l'élan démocratique dont s'est glorifié le gouvernement le 11 janvier au nom de la liberté d'expression, -qui lui a valu de remonter dans les sondages-, et ce passage en force législatif.

Pour la FSU, ce projet de loi n'est qu'un empilement de mesures destinées à donner des gages à Bruxelles sur un niveau de déficit public " acceptable " sous réserve de la mise en œuvre de " réformes " dites structurelles.

Il prévoit d'affaiblir les Prud'hommes, la médecine du travail et l'inspection du travail, de simplifier les licenciements, de libéraliser le travail dominical et de nuit avec de surcroît des contreparties financières inégalitaires voire inexistantes et renvoyées à la négociation locale. 

Parallèlement les CHS-CT, compétents en matière de santé au travail et conditions de travail sont dans le viseur du MEDEF qui en réclame la disparition.

Ces projets se situent dans le contexte du Pacte de Responsabilité payé 50 milliards par les services publics et leurs agents. Car il s'agit de compenser les milliards de ressources qui feront défaut à l'État après la suppression des cotisations familiales jusqu'alors dues par le patronat.

C'est pour cela que les salaires dans la FP sont toujours gelés, que les créations d'emplois sont toujours à la traîne, que les rares emplois créés sont pour la plupart précaires, que l'autonomie financière des universités est toujours une catastrophe, que le niveau des retraites et des minima sociaux est régulièrement écorné, que le SMIC n'a pas bénéficié d'un " coup de pouce " depuis des années......

Dans ce contexte la réforme territoriale est porteuse des plus grandes inquiétudes.

Mais il ne s'agit pas juste de faire des économies, il s'agit aussi d'étouffer toutes les poches de résistance ; on le voit très clairement avec la loi Macron et les exigences du MEDEF mais le phénomène est en réalité en œuvre depuis longtemps notamment dans les services publics où les réformes successives ont favorisé l'individualisation des situations via entre autre une politique indemnitaire ciblée au détriment des salaires pour tous, l'instauration de hiérarchies intermédiaires au détriment du collectif, les " réformes " au détriment des cœurs de métier, la culture managériale du chiffre au détriment des missions et le leurre du dialogue social.

C'est pourquoi la FSU estime urgent aujourd'hui de peser sur les débats du Sénat qui doit à son tour examiner ce projet de loi et s'opposer le plus massivement possible à la cure d'austérité qui n'en finit plus et n'est porteuse que de régressions.

Notre département qui ne parvient pas à se redresser d'une situation sociale dramatique a besoin d'une ré-orientation urgente des politiques économiques et sociales.

S'il est trop tôt pour imaginer le devenir du séisme politique grec et les marges de résistance de son nouveau gouvernement face aux menaces, chantages et ultimatums, la FSU soutient l'idée que l'aspiration à la justice sociale doit prospérer partout.

Le 9 avril sera l'occasion de le dire haut et fort.

Marie-Hélène Dor, Léandre Billaud

Secrétaires départementaux FSU Réunion

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