Tribune libre de la fédération tamoule de La Réunion

Manmada pouttândou nal vâjtoukkal

  • Publié le 14 avril 2015 à 07:06

En invoquant Souryan (le Soleil) aux aurores en cette matinée du 14 avril 2014, les tamouls d'obédience hindoue se prosternent vers cette source d'énergie rayonnante et infinie replaçant humblement l'être humain dans son cosmos.

Cette réalité temporelle place l’humain face à l’échelle du temps, à l’infiniment grand dans un univers où beaucoup reste à découvrir. Que cette lumière naturelle éclaire notre chemin de vie et que Shri Vinayaga enlève tous les obstacles quotidiens à l’aube de cette année tamoule MANMADA la 5116ème du nom.

En allumant une lampe à huile, nous éclairons notre route spirituelle  sur le chemin de la connaissance, de la sagesse, de l’Amour et du partage.
Ce mardi 14 avril, près de 80 millions de tamouls de par le monde, célèbreront cette nouvelle année tant au niveau cultuel, familial que culturel.

Manmada ou amour, passion, suscite ainsi des sentiments de joie, une certaine excitation à croquer la vie dans ce monde ô combien perturbé et tendu.
Au-delà du sens premier, Manmada peut nous inciter également à faire preuve de contrôle de notre mental qui s’éparpille souvent, entraînés que nous sommes par nos passions !

La Fédération des Associations et Groupements Religieux Hindous et Culturels Tamouls de la Réunion souhaite à toutes les Réunionnaises et à tous les Réunionnais une très bonne année MANMADA la plus passionnée et enrichissante qu’elle puisse être!

Cette année encore nous fêtons la nouvelle année en pleine semaine à savoir un mardi ouvré et la 2ème composante culturelle et religieuse de l’île ne dispose pas toujours pas d’une journée de libre, d’un espace –temps afin de célébrer, de fêter sereinement l’entrée dans la nouvelle année.

Nous appelons solennellement tous les tamoules et tamouls de l’île à prendre une journée comme nous le faisons de plus en plus, soit sous forme d’autorisation d’absence dans le service public (prévue par la loi B0 n°901) soit sous forme de RTT ou d’une journée de congés pour le privé.
Pour être respecté il faut d’abord se respecter soi-même aussi soyons responsables et célébrons dignement notre nouvelle année en la plaçant sous le signe de l’amour de son prochain, de la famille, du partage.


L’actualité politique en ce début d’année civile a suscité des passions et des polémiques politiciennes et associatives au sujet de l’amendement notamment porté par une députée réunionnaise relayant ainsi notre volonté de procéder à une redistribution de certains jours fériés eu égard à la composition historique et culturelle de notre société réunionnaise issue du colonialisme.

Depuis la départementalisation les réalités sont autres dans notre société réunionnaise et nos manifestations cultuelles ou culturelles, fussent-elles " spectaculaires ", ne sont en aucun cas synonymes de folklore !

Au même titre que les autres composantes de l’île, l’équité  républicaine doit être de mise en ce début de 21ème siècle afin de pouvoir disposer d’un espace-temps nécessaire aux explications, au réel Partage.

Aussi nous demandons au préfet représentant la République Française, aux politiciens (bien timorés sur ce sujet !), aux dirigeants consulaires et associatifs ainsi qu’aux forces vives d’entendre cette profonde doléance ; au risque d’émergence toute forme de ghettoïsation ou de repli.

Le " communalisme " concept souvent véhiculé afin de stigmatiser, de dénigrer l’Autre que l’on ne connait pas ou si peu; peut également prévaloir dans l’autre sens !

Ecoutons, Echangeons, Apprenons, Partageons les richesses cultuelles et culturelles de chacun à travers les marqueurs du temps, de l’histoire, sont autant de belles intentions qui doivent être traduites dans les faits !

Il s’agit en fait pour tout un chacun de s’émanciper de cette lourde histoire en construisant l’identité réunionnaise, en s’imprégnant  des faits religieux et culturels de chacune de nos composantes culturelles afin de renforcer le vivre ensemble voire le VIVRE AVEC et non le vivre à côté comme le dit si justement Prosper Eve.

La République Française a encore beaucoup à apprendre sur sa diversité culturelle car elle a omis de prendre en compte l’évolution de sa propre société.

La France judéo chrétienne conservatrice se replie sur elle-même au risque de s’enfermer dans un modèle devenu au fil des siècles, obsolète. N’importons pas ces peurs hexagonales !!

L’indianité Réunionnaise fait complètement partie de l’identité Réunionnaise, nier sa libre expression, serait manquer de respect à ce bassin civilisationnel indien, aux milliers d’engagés malbars/tamoul, à leurs descendants qui ont apporté et qui  contribuent pleinement au rayonnement de notre pays.

Soyez amoureux de votre prochain, très bonne année à toutes et  à tous.

Daniel Minienpoullé.
Président de la Fédération Tamoule de la Réunion

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1 Commentaires
mgarago
mgarago
8 ans


Chers amis tamouls et dravidiens,
vaNAkkam,
Je suis très heureux d’apprendre que les descendants des Tamouls et Dravidiens à la Réunion se retrouvent ensemble pour ajouter - et rappeler si nécessaire - par ces manifestations leur contribution éminemment culturelle à l’identité réunionnaise d’aujourd’hui. Et je présente mes sincères félicitations aux organisateurs sociaux et aux participants qui feront de ces rassemblements du 14 avril 2015 et des autres jours de grands succès.
Et je constate avec grand plaisir la présence des associations telles que ‘Bharadi Kalaï Kajagam’ et ‘l’Association Tirouvallouvar’. Les valeurs prônées par l’auteur de TiroukkouRaL sont valables quelle que soit la religion ou le système de pensée philosophique de l’habitant(e) de ce monde. Le réformateur Bharadi, né brahmane, fut fortement influencé par l’esprit républicain français lors de son exil de 10 ans à Pondichéry, entre 1908 et 1918. Il a publié d’ardents poèmes nationalistes et des articles très en avance sur son époque, non seulement sur ‘la liberté, l’égalité, la fraternité’ (il avait repris cette devise sur ses journaux clandestins imprimés à Pondichéry), mais également sur le droit des femmes, la tolérance et une société sans caste.
A Pondichéry même, les Tamouls non-catholiques n’ayant pas de nom patronymique(*) ont parfois gardé le nom de leur sous-caste - supposée ou réelle - à côté de leur prénom unique pour rentrer dans le moule français. Certains adoptaient, lors de leur engagement dans l’armée, un prénom supplémentaire chrétien à côté du premier donné par leurs parents. Les ‘Pillai’, ‘Poullé’, ‘Naiker’, ‘Padayachy’, etc. figurant - à part ou collé au prénom ou au nom - maintenant doivent être pris dans cette optique, sans connotation de ‘caste’, en supposant que les intéressés ont, eux aussi, l’esprit égalitaire républicain.
Si l’on étudie et publie beaucoup sur les ‘engagés’ du milieu du 19ème siècle, on ne parle pas beaucoup de ceux qui les ont précédés depuis le début du 18ème siècle, certes moins nombreux mais également attachants par leur docilité et leur fidélité. Ces ancêtres premiers doivent également être rappelés et leurs descendants recherchés pour voir comment ils ont gardé leurs souvenirs. Pourriez-vous me diriger vers cette catégorie de tamouls-dravidiens qui m’intéressent, culturellement parlant autant que les ‘engagés’.
(*) voir l’article paru dans la LCCP no.42, p.4, site : www.puduchery.org
En renouvelant mes félicitations, cordialement,
M.Gobalakichenane (www.puduchery.org)
Président, ‘Cercle Culturel des Pondichériens’