Tribune libre de la FSU

Mutation des enseignants à La Réunion : quelques vérités à rétablir

  • Publié le 17 juin 2015 à 08:00

Le chômage très élevé à La Réunion et tout particulièrement chez les jeunes rend la fonction publique très attractive au moment d'entrer dans la vie active. Pour les concours de l'enseignement le nombre d'inscrits est très important ce qui montre la hausse du niveau de qualification acquis grâce au développement de l'Université, des filières post-bac et surtout grâce au travail accompli par les jeunes Réunionnais. Reste le problème des mutations une fois la titularisation obtenue.

Pour répondre à la problématique de l'éloignement et éviter des situations familiales et personnelles très douloureuses, la FSU s'est battue pour obtenir une priorité de barème. Pendant des années, 600 puis 1000 points étaient accordés aux originaires souhaitant rester ou revenir dans leur DOM. Mais le lieu de naissance ayant été considéré comme discriminatoire, ce critère a été remplacé par celui du Centre des intérêts matériels et moraux (CIMM). Il s'agit, pour le demandeur, de démontrer, via une série de critères, que ses attaches sont dans le DOM postulé.

L'intérêt d'un barème est qu'il garantit une totale transparence dans le processus de mutation où aucun passe-droit ne peut avoir cours, contrairement à ce qui est parfois prétendu, puisque les opérations se déroulent sous la surveillance des élus des personnels dans les commissions qui y travaillent chaque année.

Pour la rentrée 2015-2016, parmi les collègues affectés à La Réunion, seuls une dizaine n'avaient pas le CIMM. Pour comprendre pourquoi dans le même temps des demandeurs avec CIMM n'ont pas obtenu leur mutation dans notre académie, il faut examiner le mouvement de mutation discipline par discipline puisque c'est ainsi qu'il se construit.

Il y a deux cas de figure :

  1. Si dans une discipline, un collègue sans CIMM a pu entrer, cela veut dire que toutes les demandes prioritaires ont été satisfaites.
  2. Si dans une autre, et c'est la grande majorité, seuls les bénéficiaires de CIMM ont pu entrer, cela veut dire qu'aucun demandeur non prioritaire n'a obtenu de mutation à la Réunion.

Mais l'insuffisance de postes offerts après des années de massives suppressions de postes et une politique d'austérité toujours en œuvre sont les raisons pour lesquelles des demandeurs sont affectés en métropole malgré le CIMM.

En effet, le nombre de postes ouverts aux concours (et donc par ricochet au mouvement de mutation) est censé répondre aux besoins des académies. En réalité, la crise de recrutement qui touche surtout l'Hexagone et les restrictions budgétaires sont telles que le ministère répartit tant bien que mal la pénurie sur l'ensemble des académies, les académies " déficitaires " (Versailles, Créteil...) étant alimentées par les académies " excédentaires " afin de permettre une égale répartition des moyens d'enseignement sur l'ensemble du territoire national. On peut donc se retrouver face à une situation paradoxale où des postes restent vacants dans certaines disciplines alors qu'il y a des candidats. L'administration recrute alors des non-titulaires, moins coûteux pour le ministère.

La clé se trouve là : le système de mutation des enseignants du secondaire répond à la problématique de l'éloignement mais pour que le mouvement soit plus fluide il faudrait que suffisamment de postes soient ouverts.

Il n'en demeure pas moins que le CIMM est à ce jour le seul critère pertinent pour traiter la question de l'éloignement pour les fonctionnaires ultramarins. C'est pourquoi la FSU se bat aux côtés de l'intersyndicale pour obtenir son extension à l'ensemble des administrations de l'État et son inscription dans les statuts de la fonction publique de sorte qu'il ne puisse être remis en question.

C'est la bataille à mener avec celle d'un plan de rattrapage en postes que la FSU défend depuis des années et qui n'a jamais été mis en place.

La FSU Réunion

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