Tribune libre du syndicat des pharmaciens de La Réunion et Mayotte

Stop à la casse des pharmacies !

  • Publié le 29 septembre 2015 à 20:00

Les orientations budgétaires que vient de présenter la ministre de la Santé, résonnent comme un cataclysme pour les officines françaises. L'équilibre de ce budget, avec une progression de l'ONDAM (l'Objectif national des dépenses d'assurance maladie est le montant prévisionnel établi annuellement pour les dépenses de l'assurance maladie en France) ramenée au niveau historiquement bas de 1,75 %, passe par la mise en oeuvre de nouvelles mesures d'austérité sur les dépenses. L'essentiel du plan d'économies repose comme toujours sur un poste : le médicament.

Concrètement, le médicament devra y contribuer à hauteur de 1,7 milliard d’euros. Le plan triennal d’économie 2015/2017, d’un montant total de 10 milliards d’euros, impacte le médicament pour plus de 5 milliards d’euros. Plus de 50 % des efforts d’économie sont supportés par un secteur qui ne représente que moins de 16 % de la dépense. C’est INTENABLE pour les PME que sont nos officines déjà mises à mal depuis de nombreuses années !

Cette situation inédite nous appelle à deux constats :

1 - Ce budget, sans imagination, traduit la primauté de l’approche comptable dans la politique de Santé.

2 - L’officine est écrasée entre les besoins de ressources des hôpitaux et ceux des soins de ville. Le médicament est, devenu la seule variable d’ajustement des budgets de Santé. Le réseau officinal est la victime collatérale de cette politique superficielle, sans ambition, par défaut d’arbitrage de la dépense entre les soins en ville et à l’hôpital.

Ces coupes répétées et brutales dans les ressources des officines sont contraires à toute logique d’entreprise. Elles frappent injustement un secteur qui, en acteur responsable et exemplaire de notre système de soins, a accompli de nombreux efforts pour contribuer à réduire les dépenses. Qui peut en dire autant ?

Les Pharmaciens tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme ! Ce nouveau plan d’économie n’est pas supportable pour le réseau officinal et la profession s’y opposera fermement !

Depuis début 2015, une officine disparaît définitivement tous les deux jours en France. A La Réunion, une vingtaine d’officines est menacée à moyen terme, une cinquantaine est en très graves difficultés. Ce n’est pas neutre en matière de santé publique et d’accès au médicament sur le territoire. En outre, la disparition d’officines, comme autrefois la limitation du nombre de prescripteurs, ne remédie pas au déficit de l’assurance maladie dont le principal problème est surtout une insuffisance de financement. La déstabilisation du réseau officinal plongerait notre pays dans une impasse sanitaire dont il ne faut pas dissimuler le coup pour la collectivité.

Dans la course réformatrice et moderniste que nous menons pour que la rémunération au juste prix des services rendus soit déconnectée des prix et des volumes (création de l’honoraire pharmaceutique), le gouvernement repousse sans cesse la ligne d’arrivée en imposant de nouveaux plans d’économies toujours plus lourds. Il n’y a aucune volonté de réforme de fond et le médicament est sur-sollicité. Dans cette course, les coureurs amers que sont les pharmaciens éprouvent un sentiment d’exaspération face à l’injustice et au
manque de reconnaissance dont ils font l’objet de la part des grands argentiers de la nation.

Nous n’accepterons pas de nouvelles baisses de prix sur les médicaments sans qu’elles soient intégralement compensées pour le réseau officinal !

Nous n’avons plus de temps à perdre, l’heure est grave, nos entreprises et les emplois qui vont avec sont en danger, et nous attendons du gouvernement et de Madame la Ministre des réponses pour mettre fin à la casse officinale à laquelle nous assistons, au plus grand préjudice des patients qui perdront le dernier service de santé de proximité sur nos territoires.

Le bureau du syndicat des pharmaciens de La Réunion et de Mayotte

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