Tribune libre de Marie-Claude Barbin

Le harcèlement sexuel au travail. Ce tabou à briser !

  • Publié le 2 mars 2016 à 10:15

Une employée alerte sa hiérarchie qu'elle est victime de harcèlement sexuel de la part d'un collègue. Réponses de l'employeur : elle ment, quand ce n'est pas le licenciement pur et simple pour "accusations mensongères, diffamation...". Un retournement de situation visant à culpabiliser la victime en la mettant dans la position de l'agresseur. L'entreprise cherche à se protéger d'éventuels dysfonctionnements susceptibles de nuire à son image. De ce fait, elle est rarement du côté de la victime. Pire, la personne harcelée est discréditée, rétrogradée, forcée à se rétracter par des pressions constantes. À l'approche de la journée internationale des droits de la femme le 8 mars, nous voyons combien le chemin est long pour se faire respecter.

Alors que depuis 2012, la loi française étend le harcèlement sexuel aux cas de harcèlement moral à base de sexisme, les femmes subissent (les hommes aussi) chaque jour de manière répétée, en silence, des propos à caractère sexuel et/ou des pratiques portant atteinte à leur identité sexuée. S’en suivent des conséquences désastreuses sur la santé physique et mentale (troubles de l’humeur, du sommeil, tristesse, perte de confiance en soi…).

Le harceleur, placé dans une position de toute puissance narcissique, cherche avant tout à isoler la victime (seul à seul, pas vu, pas pris) pour exercer son pouvoir. Son but : dominer, détruire, pousser à la faute, à l’arrêt maladie, pourquoi pas à la démission, au suicide ?

D’autres femmes peuvent subir le même sort. C’est un cercle vicieux, dont il est difficile de s’en sortir, à cause de la honte, de la culpabilité, de la peur des représailles. Alerter la hiérarchie, ne suffit pas. Il faut le courage de porter plainte devant la justice, même si c’est un long calvaire, car il faut prouver qu’il y a eu harcèlement. À moins d’enregistrer les propos du harceleur !  Les autres victimes sont dans un tel état de détresse, qu’elles n’osent pas témoigner de peur de perdre leur travail.

Oser en parler, c’est manifester le désir de casser la dynamique perverse, dans une perspective de retrouver son identité, toute sa subjectivité. Une initiative qui suscite le respect, qu’il convient d’encourager.

Marie-Claude Barbin

guest
0 Commentaires