Tribune libre du Collectif des députés

A propos de la situation actuelle et future du CHU de La Réunion

  • Publié le 3 août 2017 à 17:55

Le collectif des députés de La Réunion a adressé le courrier suivant à Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé (Photo d'illustration)


Crée il y a cinq ans, le CHU de La Réunion, est la résultante d'une mobilisation sans faille des acteurs de la santé, des responsables politiques et des universitaires locaux autour d'une triple ambition : améliorer la qualité des soins pour les Réunionnais et les Mahorais, densifier l'exercice médical dans les deux îles et faire rayonner l'excellence française en santé dans l'océan Indien.

Le 14 mars dernier, une table ronde interministérielle a été consacrée à la situation et à l’avenir du plus jeune CHU de France. Cette rencontre, qui a permis de renouveler le regard sur cet établissement, a donné lieu à plusieurs engagements, en particulier :

- l’évaluation et le soutien pérenne des surcoûts particuliers liés aux missions spécifiques du CHU de La Réunion. Ces surcoûts sont évalués à 19 M€ par an par le CHU.

- l’accompagnement, à hauteur de 50 M€, de l’extension et la modernisation du bâtiment central du site de Saint-Pierre. Cette opération immobilière stratégique a été déclarée éligible au COPERMO du 28 mars dernier. Rappelons à cet égard que, depuis sa création, le CHU de La Réunion n’a reçu de l’État qu’un soutien de 8,5 M€ par an en investissement.
- le gel de toute suppression nette de postes et de lits jusqu’en septembre 2017.

Ces engagements ministériels ont fait l’objet d’un courrier, daté du 15 mars, de la Directrice générale de l’offre de soins au Directeur Général de l’Agence de Santé – Océan Indien.

Mais contrairement aux termes de ce courrier, aucun accompagnement budgétaire n’est intervenu à l’issue de l’échéance prévue des deux mois (donc au 15 mai).

Cette situation prive le CHU d’une véritable visibilité pour la construction de sa trajectoire financière alors qu’une séance du Copermo est programmée au 26 septembre prochain et que, selon les engagements ministériels, cette trajectoire doit procéder, en partie, du montant des aides notifiées.

Le CHU s’est engagé à retrouver un équilibre financier durable afin d’assurer un service public de qualité au bénéfice de la santé des Réunionnais et des patients de la zone océan Indien. Les professionnels de l’Établissement sont unanimement mobilisés dans un programme d’efficience qui doit permettre le retour à un équilibre budgétaire à horizon 2020. Le CHU de La Réunion et l’ensemble de ses personnels sont disposés à faire la moitié du chemin pour atteindre cet objectif.

Nous soutenons pleinement cette démarche responsable et constructive. C’est pourquoi, nous nous permettons de vous faire part de notre inquiétude quant à l’absence de réponse aux demandes d’accompagnement légitimes et argumentées formulées par le CHU de La Réunion.

Si elle devait perdurer, cette situation obèrerait la capacité du CHU à prendre en charge durablement les patients en provenance de Mayotte et dont une part non négligeable ne bénéficie pas d’une couverture-maladie. Chaque année, près de 1000 évacuations sanitaires sont assurées vers La Réunion. Qualifiée d’urgence sanitaire nationale, cette prise en charge pèse lourdement d’un point de vue financier sur les résultats du CHU depuis le 1er janvier 2016 et le changement de tarification des patients de Mayotte.

Comme vous le savez, le CHU de La Réunion est à un moment-charnière de son existence, avec, d’une part, la construction d’un projet d’Établissement comprenant des engagements forts d’efficience de la communauté hospitalière, et, d’autre part, l’adoption d’un projet médical de territoire du Groupement Hospitalier de Territoire Océan Indien dont le CHU est l’établissement support.

Nous sommes très attentifs au devenir du CHU et de son inscription durable dans le paysage sanitaire dans nos régions.

Nous sommes, en effet, convaincus que le recours au système de soins ne va pas diminuer dans nos territoires et que, dans un contexte de double insularité, la présence d’un établissement d’excellence demande à être renforcée, simultanément au nécessaire développement de l’offre de soins à Mayotte, en sorte de continuer à limiter les évacuations sanitaires vers la France continentale.

Un an après l’annonce d’une stratégie de santé pour les Outre-Mer et dans la perspective des prochaines assises des Outre-mer, nous restons confiants dans la mise en œuvre en matière de de la santé du principe d’égalité réelle dans tous les territoires de la République.

Parce que ces questions nous tiennent à cœur et que nous sommes attachés au maintien d’une offre publique de santé de qualité, nous souhaiterions aborder ces questions avec vous à l’occasion d’un entretien que vous voudriez bien nous accorder.

Sachant pouvoir compter sur votre écoute, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre haute considération.


Ericka Bareigts, Nathalie Bassire, Huguette Bello, David Lorion, Nadia Ramassamy, Jean-Hugues Ratenon, Thierry Robert

 

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