Tribune libre de Théophane " Guito " Narayanin

" Bon marché, coûte cher ! "

  • Publié le 6 juillet 2018 à 10:25
  • Actualisé le 6 juillet 2018 à 10:27

Théophane " Guito " Narayanin, actionnaire de la compagnie Air Austral et ancien membre du Conseil de surveillance dénonce la stratégie de la compagnie aérienne Air Austral. Voici son courrier :

"Les avions neufs d’occasion défiscalisés de la compagnie Air Austral n’ont pas fini de tenir en haleine les consommateurs.

La stratégie d’Air Austral est directement dictée par la Région Réunion, au travers de son souffre-douleur, la Sematra, qui poursuit ses investissements à fond perdus sur le dos des Réunionnais et des Mahorais.

La ligne réputée " Poule aux œufs d’or ", le Mayotte-Réunion, continue à sponsoriser tous les fantasmes d’Air Austral. Ces dires sont vérifiables au vu de la situation des comptes qui sera présentée à l’Assemblée Générale du 12 Juillet 2018 à 10h30 à la salle de conférence de la Nordev.

La stratégie suicidaire de la compagnie, notamment dans le cadre de son alliance avec Air Madagascar, n’a pas fini de faire couler de l’encre et de provoquer des sueurs froides. Il est d’évidence que la suffisance et les prétentions des dirigeants de la compagnie Air Austral et des élus de la Région Réunion seront prochainement couronnées d’une faillite certaine, du fait de la pertinence de leurs réflexions communes.

Inutile de se morfondre sur l’état des comptes, le plus grave est à venir. En première ligne, restructuration oblige, les petits investisseurs privés en feront les frais, pendant que les dirigeants de la compagnie et nos décideurs politiques s’enorgueillissent et se félicitent d’investissements inconsidérés,
notamment pour ce qui concerne l’acquisition d’appareils de type BOEING 787 Dreamliner, cela même qui avaient été refusés et rendus à Boeing pour la compagnie Japonaise ANA.

Après la redondance des pannes, des retards et toutes les difficultés que l’on a connues en tant qu’usagers, voilà maintenant qu’il faille procéder au changement des moteurs des appareils. Cela fait maintenant 4 mois que cela dure, avec pour conséquence une complète désorganisation de la ligne Réunion-Mayotte, mais aussi sur la destination Paris. Un désordre sans nom à des prix exorbitants qui contraint nécessairement les échanges économiques en la Réunion et Mayotte sur ce qui doit pourtant être une "ligne régulière".

Cela sans compter l’indifférence de la compagnie Air Austral envers ceux qui la font vivre, ses passagers, qui une nouvelle fois sont pris en otage à l’heure des grands départs estivaux et qui doivent jongler avec les annulations de vols, les reports et les retards, tout en gardant le sourire, parce que c’est comme çà et pas autrement. Mais bon, nous ne sommes tous que des "passagers de base".

Si Air Austral connaît une nouvelle fois des moments difficiles, il faudra cependant bien à un moment expliquer à la population pourquoi elle n’a d’autre choix que d’accepter des augmentations du prix du carburant et autres taxes diverses et variées, pour subventionner et assurer à fonds perdus le sponsoring de la compagnie Air Austral et par-là même les délires de ses dirigeants.

La stratégie du Low-cost que j’avais évoqué en tant que membre du conseil depuis 2012 à complètement été écartée de toutes réflexions, au profit des fantasmes des dirigeants d’Air Austral qui continuent à nier et ne pas croire que les familles ont besoin de se déplacer en particulier sur l’hexagone au moindre coût.

L’arrivée des autres compagnies à bas coûts risquent à terme de mettre Air Austral à genoux, et il en ressortira bien évidement que les plus endurants d’un point de vue financier pourront tout rafler à l’euro symbolique, et ainsi réserver le ciel à des élites qui auront les moyens, comme dans le bon vieux temps avec Air France où le Réunion-Paris-Réunion coutait 10 000 francs français en loisirs, et où les sièges-kilomètres offerts étaient rédhibitoires.

Généralement, quand une personne est malade, son premier réflexe c’est de se soigner. Mais quand on regarde la situation d’Air Austral, et sa volonté de sauver Air Madagascar en tant qu’actionnaire, je considère que c’est une défiance à la réalité, car pour reprendre les mots du Général de Gaulle, "Madagascar est un pays d’avenir et il le restera".

Des erreurs de communication évoquées dans les journaux sur le sujet du tarif light, alors que l’on sait pertinemment que les bagages et la surcharge sont incontournables pour les Mahorais, alors on invente des processus de Marketing pour expliquer qu’on puisse bénéficier d’un bon tarif en voyageant les bras ballants. Aussi curieux que cela puisse paraître, ce phénomène refait surface à chaque fois qu’une autre compagnie pointe le bout de son nez et s’approche de ce marché. Nul ne peut ignorer le vol inaugural d’Air Mauritius sur Moroni le vendredi 6 juillet à 12h00.

Une double peine récurrente à l’endroit des Mahorais, victimes de prix exorbitants et du bon vouloir d’Air Austral, qui doivent aussi accepter un passage par la Réunion pour aller à Paris, du fait de ces avions cloués au sol pour entretien et changement des moteurs.

Mayotte est "la vache à lait" historique de la compagnie Air Austral qui, après avoir connu cette année 3 mois d’intempérie, 1 mois et demi de grève et de barrage, doit aujourd’hui en pleine période de vacances supporter la main mise d’Air Austral qui détient la quasi-exclusivité des lignes Mayotte-Réunion et Mayotte-Paris. L’heure n’est semble t-il pas encore à la détente et au repos.

La desserte de Mayotte pour les compagnies aériennes, c’est Kho lanta. Les X ponts, avec leur grande complicité, se donnent beaucoup de peine pour complexifier les touchés sur Mayotte, de sorte qu’il soit quasiment impossible pour d’autres compagnies qu’Air Austral de bénéficier de conditions et d’horaires de décollage et d’atterrissage adéquats.

C’est le réseau des grandes écoles. On se retrouve, on se comprend, et on bénéficie de certaines largesses, de petits cadeaux, sous forme de billets pour Seattle par exemple, sans que cela ne gène personne. La direction générale d’Air Austral, à l’appui de son conseil de surveillance qui marche à quatre pattes pour des jetons de présence et des billets gratuits, continue d’adhérer à cette politique de terre brulée, d’investissements inconsidérés, en omettant le régional, et tout cela avec la complaisance d’élus bienveillants de la Région Réunion, qui sous l’égide de la Coopération régionale, privilégient certaines velléités touristiques en favorisant des lignes inutiles comme Réunion-Seychelles, tout en flinguant les entreprises et les entrepreneurs de la zone en leur gratifiant de prix inconsidérés et de rotations disparates et aléatoires dans le cadre de leurs besoins en terme de déplacements professionnels, notamment sur la ligne Réunion-Mayotte.

De cela, il convient de souligner un prix de fret exorbitant et une restriction sur le volume, et cela s’appelle le tarif light (bras ballants). Ceux qui ont cru en la Coopération régionale, et qui y ont mis leurs économies, restent sur leur faim, et doivent assumer les errances d’une " Compagnie régionale " qui se croit et se voit à l’international, faisant fi de l’œuvre initiale et de ceux qui l’a font vivre chaque jour localement.

Le maître mot revenant au bailleur Région Réunion, via la SEMATRA, qui administre la compagnie Air Austral au détriment de la population locale, et qui se voit confrontée à ses propres limites par rapport à un French Bee, un French Blue et un Corsair qui pratiquent de meilleurs tarifs, bagages inclus, et cela sans avoir à être sous perfusion de telle ou telle collectivité locale.

Ce scandale financier se heurte à la moralité des deux populations réunionnaise et mahoraise, et sans oublier Maurice et Madagascar, et selon la tradition, c’est ce qu’il convient d’appeler la Coopération régionale. Bien malin ceux qui auront compris cette alchimie, car les erreurs du passé continuent à donner des sources d’inspiration à ceux qui ont la charge de l’économie de ces deux départements français en matière de desserte aérienne."

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1 Commentaires
zorro
zorro
5 ans

le cuir dur, il revient avec ses mots et ses raisons. Oui que de la vérité. Le Réunion Paris -retour moins cher que Réunion- Mayotte . Retour d'un côté 10.000 km et de l'autre 2000 km ?? Bravo la Région, ceci explique cela le prix du carburant et la fiscalité..... Et cabris y mange salade!!!!