Éducation nationale

1.800 suppressions de postes : Ce qu'en pensent les syndicats enseignants réunionnais

  • Publié le 19 septembre 2018 à 02:59
  • Actualisé le 19 septembre 2018 à 05:51

L'Éducation nationale ne sera pas épargnée dans le budget 2019. En même temps, les suppressions de fonctionnaires était l'un des chevaux de bataille du candidat Macron alors en campagne pour la présidentielle. En poste, il a joint les actes à la parole. Le Premier ministre Edouard Philippe avait annoncé une suppression de 4.500 postes de fonctionnaires. Et c'est au secteur de l'éducation que l'on a demandé un effort. Le dimanche 16 septembre dernier, Jean-Michel Blanquer, le Ministre de l'Éducation nationale a annoncé la suppression de 1.800 postes. Pour les syndicats enseignants, dans l'Hexagone comme à La Réunion, la mesure ne passe pas.

Il a été le premier syndicat à réagir. La Fédération Syndicale Unitaire (FSU) est remontée et appelle "tous les agents des services publics à faire grève et à manifester massivement le mardi 9 octobre prochain." Voici un extrait du communiqué de la FSU : 

"Cette annonce intervient alors même que les personnels sont déjà en grande difficulté pour effectuer leurs missions dans les meilleures conditions d’efficacité et que le nombre d’élèves augmente de façon constante. Supprimer des postes dans ce contexte n’est sûrement pas de nature à améliorer les conditions d’accueil et d’enseignement dans les classes et continuera de dégrader les conditions de travail de l’ensemble des personnels. En outre, le ministre nous promet le retour du " travailler plus pour gagner plus " comme seul horizon pour l’amélioration du pouvoir d’achat des agents, c’est-à-dire l’explosion des heures supplémentaires pour absorber les postes supprimés et le rétablissement de l’obligation pour les enseignants d’en accepter 2 contre 1 aujourd’hui."

Selon le SNALC, ces suppressions de postes sont en fait des départ à la retraite non remplacés

Le Syndicat National des Lycées et Collèges (SNALC) est sur la même longueur d'onde et apporte des précisions. Selon Guillaume Lefèvre, le vice président du SNALC Réunion " Ces suppressions de postes vont surtout toucher les lycées généraux et technologiques. Elles sont un prétexte pour, à terme, réduire le nombre d'heures enseignées par discipline. Les conditions de travail et d'acquisition de savoir faire des élèves vont être dégradées. Moins de profs, cela veut aussi dire plus d'élèves par classe. À l'heure actuelle, la réglementation se fait autour de la sécurité et non de la pédagogie. Un prof peut se retrouver avec une classe allant jusuq'à 49 élèves tant qu'il y a deux sorties de secours. C'est surréaliste ! Si ça continue comme cela, on pourrait en arriver là. On abandonne la connaissance pour la compétence. Avant, on formait de bons citoyens, maintenant, on nous demande de former de bons salariés, de bons ouvriers."

Impossible de supprimer des postes à La Réunion selon l'UNSA

L'Union Nationale des Syndicats Autonomes (UNSA) opine . "Il y a en tout 32 académies sur le territoire national, 1.800 suppressions de postes, ça donne une moyenne de 56 postes supprimés par académie. À La Réunion, c'est infaisable. Les besoins sont là, nous n'avons eu aucune création de poste l'année dernière et la démographie ne baisse pas. Dans ces 1.800 postes, 400 concernent les personnels administratifs, ce sont des maillons clés dans les collèges et les lycées. On a toujours besoin d'un accompagnement humain, l'outil informatique ne peut pas remplacer cet accompagnement. Et nous sommes en colère, il n'y a eu aucune concertation avec les syndicats. Avec le nouveau bac qui arrive à la rentrée prochaine, la réforme du lycée pro, dans ces conditions, on part sur des réformes au rabais. Ce ne sont pas des réformes qui permettent l'éducation de la confiance. Les élèves vont forcément en pâtir. "

Au delà de cela, les syndicats s'insurgent aussi sur le cas des contractuels. "Avec ces suppressions de postes, il y aura un recours plus massif aux contractuels, cela ne fera que les précariser davantage" explique Guillaume Lefèvre. 

Concernant les heures supplémentaires, passant de une heure à deux en cas de besoin, des heures supplémentaires exonérées de cotisation salariale donc plus rémunératrices pour les enseignants : "faire croire aux gens qu'ils vont gagner plus en travaillant plus, ce n'est pas la bonne approche. D'ailleurs, ces heures supplémentaires, nous les effectuons déja" affirme Éric Dijoux.

La FSU parle d'une décision "qui s’inscrit dans le cadre de la cure d’austérité imposée à tous les services publics, a pour but de les affaiblir pour ensuite justifier leur démantèlement et la privatisation de leurs missions : tout le programme du Comité Action Publique 2022."

Quant au budget augmenté de 850 millions d'euros, les syndicats pensent qu'ils ne serviront qu'à financer le dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les zones REP et REP+.

fh.www.ipreunion.com

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