Alors que l'offre salariée se raréfie

Infirmiers : l'Ordre national a pris le pouls de la profession à La Réunion

  • Publié le 29 octobre 2018 à 02:58
  • Actualisé le 29 octobre 2018 à 05:58

Le président de l'Ordre national des infirmiers était de passage à La Réunion ces derniers jours. Occasion de faire le point avec le président de l'Ordre départemental, Guy Soubaya, sur les effectifs et surtout sur l'évolution de la filière de formation, entre le nouvel accès par Parcours Sup et la spécialisation niveau Master 2 de pratique avancée. Avec en ligne de mire l'accès au doctorat. Autant de pistes d'évolution pour ce métier qui offre peu de débouchés actuellement à La Réunion, hormis en exercice libéral.

" La profession évolue plutôt dans le bon sens ", se réjouit Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers.

Les deux présidents de l’Ordre, national et départemental, s’avouent toutefois perplexes devant le nouveau mode d’entrée en formation, autrement dit la sélection Parcours Sup par algorythme : " Notre profession ne repose pas que sur des savoirs, mais aussi sur une capacité d’empathie envers le patient, de la résistance au stress, de l’esprit d’initiative en cas d’urgence. Qui plus est, notre profession est diversifiée : vie scolaire, santé au travail, psychiatrie, puériculture, anesthésie, salle d’op…, toutes ces orientations voire spécialisations demandent des compétences humaines qu’il faut prendre en compte dans la sélection ", souligne Patrick Chamboredon.

"Nous sommes particulièrement sensibilisés au fait que notre profession doit garder une pluralité de profils, ajoute Guy Soubaya. Il ne faut pas recruter uniquement des étudiants sortant de filière scientifique. "
Pour cela, l’Ordre des infirmiers travaille avec le Ministère de l’Education et le Ministère de la Santé sur la mise au point de l’algorythme Parcours Sup.

Pratique avancée : pas de candidat à La Réunion

Le décret du 17 juillet 2018 ouvre la voie à la spécialisation en pratique avancée pour les infirmiers ayant déjà trois années de pratique professionnelle. Dix-huit mois de formation qui valident une expertise clinique permettant la prescription de certains médicaments, le renouvellement de certains traitements et la pratique de certains actes médicaux jusqu’ici réservés aux médecins.
A La Réunion, où la profession est surreprésentée, et d’une moyenne d’âge plutôt jeune, la pratique avancée permettrait sur certains territoires enclavés de compenser un peu le manque de médecins dont la majorité a plus de 55 ans.

La pratique avancée devrait donc intéresser en principe un certain nombre d’infirmiers à La Réunion.  " A La Réunion, nous sommes à saturation dans le domaine hospitalier", souligne Guy Soubaya.

Mais selon le président de l’Ordre départemental des infirmiers, aucune candidature ne s’est encore fait connaître pour intégrer la filière de formation en pratique avancée, disponible sur 12 universités en France. " Ce manque d’intérêt apparent est peut-être simplement un manque d’information ", veut se rassurer Guy Soubaya.

Vers une filière doctorante

Reste aussi la question de l’enseignement à l’Université : pour l’instant, il n’y a quasiment pas de maîtres de conférences infirmiers. Pour cela, il faudrait valider la filière doctorante. L’accès au doctorat en sciences infirmières existe déjà dans d’autres pays, comme la Belgique où vont se former un certain nombre d’étudiants réunionnais.
" En France, nous allons y arriver, se réjouit Patrick Chamboredon. Il a fallu 20 ans pour que la médecine générale soit reconnue comme une spécialité. C’est la même chose pour les sciences infirmières, ça prend du temps. Après la première génération de Master 2 en pratique avancée, on pourra ouvrir la filière doctorante et à partir de là, on aura nos maîtres de conférence et nos professeurs d’Université en sciences infirmières. "

Des pistes à creuser en exercice libéral

La Réunion et Mayotte formaient jusqu’ici environ 250 étudiants par promo : 115 à St Denis, 100 à Saint-Pierre et 30 à Mayotte. " C’est beaucoup par rapport aux perspectives d’emploi sur l’hospitalisation. En exercice libéral en revanche, il faut prendre en compte le virage de l’ambulatoire ainsi que la mise en place de centres communautaires de soin, prévus dans la Loi Santé 2022. "


ml/www.ipreunion.com
 

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