Tribune libre de Jean Michel Martial, président du CREFOM

Le Crefom soutient le combat des gilets jaunes à La Réunion

  • Publié le 23 novembre 2018 à 11:00
  • Actualisé le 23 novembre 2018 à 11:01

Le combat initié par les " gilets jaunes " et la mobilisation pacifique observée dans l'ensemble de La France a trouvé un écho particulier à La Réunion où des groupuscules incontrôlés ont profité de l'occasion pour commettre des exactions et des actes de violences que nous condamnons de la manière la plus ferme. Un couvre-feu à La Réunion c'est inédit. La population est dans la rue. A chacun de prendre conscience de ses responsabilités et d'en tirer les conséquences avant que l'irréparable ne se produise. Le mouvement initié et animé directement par des citoyens, révèle une situation inédite mais pas surprenante compte tenu de l'évolution de notre société et de notre démocratie tant dans l'Hexagone qu'à La Réunion, depuis quelques années.

Notre société s’organise de plus en plus autour de la société civile car les citoyens n’ont plus confiance dans les institutions, les corps intermédiaires et les représentants politiques.
Tout en étant solidaire de ce mouvement le CREFOM et sa délégation réunionnaise appellent au calme et à l’arrêt des violences commises par des personnes extérieures au mouvement. Ces violences desservent le combat mené par les citoyens et créent encore une fois un prétexte pour que soient amalgamés les justes revendications des citoyens et des actes de vandalisme inacceptables. Il est impératif que les acteurs de ces violences soient identifiés et mis hors d’état de nuire.

Le CREFOM se félicite de la constitution d’un comité de coordination des " gilets jaunes " chargé à la Réunion de répertorier les revendications à remettre aux autorités. Il apporte son soutien à cette mobilisation pacifique. Depuis sa création, le CREFOM et sa délégation réunionnaise n’ont eu de cesse d’attirer l’attention des autorités, tant locales que nationales, sur la nécessité d’une écoute de la population et d’alerter sur le fait que l’exclusion systématique des réunionnais, dans les domaines aussi bien administratifs et sociaux qu’économiques, aboutirait à des révoltes qui mettraient en péril notre " bien vivre ensemble ". Nous y sommes aujourd’hui.

Loin de se réjouir, le CREFOM estime que les contraintes imposées à une population condamnée au chômage, écrasée de taxes et de surcoût de la vie, privée de la reconnaissance de ses qualifications et diplômes lors de recrutements locaux, obligée de s’exiler pour trouver un emploi alors que des fonctions compatibles avec ses certifications ne lui sont pas attribuées, entretiennent le découragement, le sentiment d’injustice et de désespoir, ferments de la colère et de la révolte.

Ainsi il apparaît urgent qu’avant de condamner, des réponses doivent être apportées aux questions
suivantes : y a-t-il aujourd’hui dans notre démocratie d’autres moyens que celui de la révolte pour se faire
entendre ? Y a-t-il encore une place pour le dialogue et la négociation ?
Chacun est libre de faire son examen de conscience, mais force est de constater que lorsque l’écoute n’étant plus à l’ordre du jour, ce n’est malheureusement que dans le rapport de force que les choses avancent. L’exemple des " paillotes " de Saint-Gilles avec une mobilisation sans faille des citoyens en
est l’illustration la plus récente.
Poursuivre dans une telle voie n’est pas la solution, il convient aujourd’hui de faire preuve de clairvoyance, de lucidité et d’objectivité pour restaurer la confiance de la population vis-à-vis
des autorités. Dans cette optique, les organisations de la société civile, soucieuses des intérêts collectifs ont plus que jamais un rôle à jouer. Elles ne devraient pas être négligées.
Quant au CREFOM, fidèle à sa mission, il continue de défendre les intérêts des ultramarins et aujourd’hui tout particulièrement les intérêts des réunionnais, au regard de la grave crise
sociale qu’ils subissent actuellement.

Jean-Michel Martial, président du CREFOM

guest
0 Commentaires