Courrier des lecteurs d'un citoyen optimiste pour l'avenir de nos enfants

Les dénominateurs communs sont les sentiments d'injustice et d'inégalité

  • Publié le 26 novembre 2018 à 09:36
  • Actualisé le 26 novembre 2018 à 09:43

Nous traversons depuis quelques jours une crise inédite à la Réunion. Inédite de par l'origine du mouvement, mais aussi par l'absence de porte-parole pour remonter les exigences d'un peuple qui souffre. Car oui, il ne s'agit pas là d'une simple grève, ni d'une manifestation, mais de la remontée d'une souffrance et d'un sentiment d'injustice qui dure depuis tant d'années.

Les citoyens que j’ai pu rencontrer sur les différents points de blocages sont des personnes de toutes les classes sociales : du chômeur au médecin, en passant par le travailleur précaire et l’autoentrepreneur. Des mères, des pères, des enfants, tout ce qui fait notre société. Quelle réussite pour un mouvement venu d’ailleurs que de permettre à toutes les tranches de notre société de discuter, d’échanger et de proposer des idées pour l’avenir de nos enfants. D’improviser un repas, un barbecue sur un rond-point. Loin des caricatures médiatiques et gouvernementales voulant porter le message d’un mouvement d’extrême gauche/droite, avec des personnes sans cervelle voulant faire la révolution. Loin des caricatures politiques voulant cristalliser le problème à la seule hausse de taxes sur les carburants.

Non, les problèmes sont bien plus profonds. Lors des discussions, les dénominateurs communs sont les sentiments d’injustice et d’inégalité. Autant au niveau social qu’au niveau économique. Beaucoup résumeraient cela par " les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus en
pauvres " ou encore " les élus font de la politique pour eux même et s’enrichissent sur notre dos ".
C’est une crise sociale, économique et démocratique. Les Français ne se sentent plus écoutés et encore moins compris. Il suffisait de se rendre sur les différents barrages pour comprendre les nombreuses revendications du peuple. Preuve en est, le préfet est venu à la rencontre des manifestants une semaine après le début de la crise, les mesures annoncées se sont concentrées uniquement sur les carburants. Et que dire d’Annick Girardin qui viendra on ne sait pas trop quand.

Les élus ne sont plus représentatifs de la population, c’est pour cela d’ailleurs qu’ils sont quasi systématiquement refoulés par les manifestants. Car tout cela aurait pu être évité s’ils avaient été vraiment à l’écoute du peuple. Les derniers taux d’abstentions devaient les alerter, que nenni. La
montée des extrêmes devait les alerter, que nenni.
Cela entraine donc les manifestations sur la voie publique. La méthode est discutable, mais le mouvement est soutenu par une majorité de l’opinion publique (baromètre peut être encore plus important que le nombre de personnes présentes sur les manifestations). Et puis, comment se fair entendre par des personnes qui n’écoutent pas ? Malgré tout, cela semble porter des fruits, les politiques commencent à s’agiter, ou à s’inquiéter. Il faut passer maintenant à une deuxième phase, celle des revendications. Les revendications urgentes et celles qui se mettront en place à moyen/long
terme.

Revendications urgentes

- Mise en place d’un fond d’aides pour les TPE/PME/Auto Entreprises victimes de cette crise : elles représentent la majeure partie du tissu économique local
- Baisse drastique des charges sociales et patronales pour les TPE/PME/Auto Entreprise afin de favoriser l’emploi
- Alignement des prix des produits alimentaires sur ceux de la métropole en baissant les marges conséquentes de la grande distribution.
- Revalorisation de l’ensemble des salaires en prenant comme socle la différence du coût de la vie entre la métropole et la Réunion
- Suppression de la CSG pour les retraités
- Mise en place d’un comité de pilotage pour écouter et apporter des solutions à notre jeunesse désœuvrée
- Dissolution de l’Assemblée Nationale et nouveau vote de confiance.

Revendications à moyen/long terme

- Mise en œuvre d’une vraie politique de développement durable (développement d’un réseau de transports en commun efficaces aux 4 coins de l’île et dans les hauteurs entre autre…)
- Promouvoir un retour à un mode de consommation favorisant les producteurs locaux
- Consolider et promouvoir la formation de tous, des plus jeunes aux plus âgés
- Favoriser la mise en place de formations supérieures à la Réunion
- Développer et harmoniser le réseau d’associations de la Réunion
- Mise en place d’une école exclusivement tournée vers le tourisme
- Permettre aux bénéficiaires des minimas sociaux de s’investir quelques heures/semaine sur
des travaux d’utilité publique
- Supprimer " l’amendement Virapoullé "
- Interdire le cumul des fonctions et des indemnités pour les élus.

Cette crise étant aussi une crise démocratique, il faudra demander à nos députés et sénateurs de faire des propositions afin que le peuple soit mieux représenté. Nous ne pouvons plus être satisfaits d’une démocratie qui nous donne du pouvoir que lors des élections. Nous ne pouvons plus nous
satisfaire d’une démocratie où les personnes mises en place par le peuple prennent des mesures à l’encontre de celui-ci. Nous ne pouvons plus nous satisfaire d’une démocratie qui finalement, n’a de sens que pour ceux qui nous gouvernent. Trop de privilèges d’un côté et beaucoup de difficultés d’un autre.
Nous en sommes déjà à la Vème République, celle-ci est à bout de souffle. En conclusion laissez-moi vous rappeler l’étymologie du mot démocratie : du grec dêmos, peuple, et kratos, pouvoir. Donc, le pouvoir par le peuple. Redonnons du sens à ce mot et à notre devise " Liberté, Egalité, Fraternité ".

YF, un citoyen optimiste pour l’avenir de nos enfants

guest
1 Commentaires
razmot
razmot
5 ans

Les problèmes de La Réunion doivent trouver une solution à LA REUNION et non à PARIS, Qui mieux que les habitants de cette île connait le fond des problèmes? Surement pas les élus et ministres à Paris! Il faut impérativement que La Réunion puisse avoir un statut qui lui permette de une meilleure auto-gestion, comme par exemple en Polynésie , qui mieux que les habitants et travailleurs et patrons de La Réunion connaissent les vrais problèmes?