Annonces d'Emmanuel Macron

Attente déçue des syndicats à La Réunion

  • Publié le 11 décembre 2018 à 12:31
  • Actualisé le 11 décembre 2018 à 12:49

Augmentation de 100 euros des salaires au niveau du Smic, exemption de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2.000 euros par mois, heures sup payées "sans impôts ni charges"... Les annonces très attendues du Président de la République ne convainquent pas, dans l'ensemble, les syndicats réunionnais. Certains plus prudents préfèrent attendre le discours du premier ministre demain, mercredi 12 décembre qui devrait donner plus de détails.

Eric Marguerite, secrétaire général de Force Ouvrière Réunion : "Les grands oubliés dans ces annonces sont les plus riches, les plus aisés, les grandes entreprises qui investissent ailleurs"

"C’est toujours bon à prendre… Chez Force Ouvrière nous avons toujours demandé un coup de pouce sur le SMIC, mais ce coup de pouce ne vient pas : il vient sous cette forme, il va y avoir une revalorisation l’année prochaine. Comme d’habitude.

Dans toutes les annonces qui ont été faites par le président de la République, le compte n’y est pas. Mais s’il semble être revenu sur Terre, nous sommes toujours dans une politique d’austérité qui consiste à prendre chez ceux qui n’ont pas les moyens… Il ne prend pas aux plus fortunés.
Ces annonces auront un coût sur le budget de l’Etat, pris sur les contribuables. Ce sont eux qui vont financer les mesures.

Emmanuel Macron ne touchera pas à l’Impôt sur la fortune, les Français les plus fortunés, les entreprises qui ont les moyens ne contribueront pas dans ces mesures. La suppression de l’ISF aurait été une mesure forte, symbolique. Une manière de dire que nous sommes tous logés à la même enseigne et que tout le monde contribue.

Les grands oubliés dans ces annonces sont les plus riches, les plus aisés, les grandes entreprises qui investissent ailleurs. Les autres doivent faire face."

Lire aussi => Hausse de 100 euros pour les bas salaires, pas d'augmentation de la CSG pour les retraités et heures sup défiscalisées

Bernard Siriex, président de la Fédération des entreprises du BTP : "La seule chose intéressante pour l’ensemble des salariés que j’ai entendu est la défiscalisation des heures supplémentaires."

"Je ne m’attendais pas une révolution. Emmanuel Macron a fait une partie du chemin. Pour des entreprises, la prime de fin d’année va être très très difficile. Certaines sont au bord de la rupture.

L’augmentation du SMIC à 100 euros… d’accord, mais comment on travaille avec les classifications supérieures au SMIC ? La répartition ne va pas être évidente…

La seule chose intéressante pour l’ensemble des salariés que j’ai entendu est la défiscalisation des heures supplémentaires. En dehors… pas grand choses au profit des salariés et des petites et moyennes entreprises !

Ces mesures vont coûter, à un certain moment, il faudra prendre l’argent quelque part. Où ? Aujourd’hui, c’est très délicat de faire des commentaires, car nous n’avons pas encore toutes les informations."

Barthélémy Hoarau, secrétaire général adjoint de l’union CFDT Réunion "L’argent va venir des impôts. On vous donne quelque chose et on vous le reprend après ?"

"La hausse de 100 euros du SMIC est une bonne chose et va apporter un bol d’oxygène.  Mais comme nous n’avons pas les conventions collectives à La Réunion, c’est tout simplement la stagnation des salaires. La CFDT va demander que les forces sociales se réunissent pour discuter de ce sujet. L’inquiétude ici est vraiment sur l’échelle des salaires.

L’argent va venir des impôts. On vous donne quelque chose et on vous le reprend après? Nous savons très bien que ceux qui détiennent l’argent font très peu de contribution volontaire…

Pour les heures supplémentaires versées sans impôts ni charges… Il faudrait déjà que ces heures soient payées ! Ce n’est pas toujours le cas à La Réunion."

Didier Fauchard, président du Medef-Réunion, "Pour le moment, Emmanuel Macron ne nous a présenté que des grandes lignes. J’attends le discours d’Edouard Philippe qui devrait donner l’opérationnalité."

"Les mesures étaient toutes destinées aux salariés et aux retraités. Il n’y a eu aucune mesure concernant l’entreprise. La situation à La Réunion n’a rien à voir avec la métropole et il ne faut pas oublier que nous nous relevons d’un blocage qui a duré près de dix-huit jours. Certains de nos adhérents nous alertent, car ils sont en cessation de paiements ! Et il n’y a eu aucune mesure et aucun mot du président pour les entreprises.

Nous demandons plus. La défiscalisation des heures supplémentaires, c’est fait. Nous demandons aussi un moratoire sur les charges sociale et fiscales, ce n’est pas suffisant. Pour les Réunionnais et les petites entreprises, nous voulons aussi un fonds d’investissements, pour que les sociétés en difficultés puissent redémarrer. Sans argent, ce n’est pas possible.

Pour la prime de fin d’année : le président n’a pas précisé le montant, il n’a pas précisé la date maximale de versement… De nombreuses questions doivent être éclaircies. Et demander à des entreprises qui sont en train de mourir de faire un effort… Je ne vois pas comment elles vont faire, à La Réunion, c’est très difficile.
Pour le moment, Emmanuel Macron ne nous a présenté que des grandes lignes. J’attends le discours d’Edouard Philippe qui devrait donner l’opérationnalité : combien, comment, quand, où, qui va payer?

N’oublions pas qu’à Bercy, à chaque fois que l’Etat dépense quelque chose, une petite taxation n’apparaît sur le côté, tranquillement sans le dire à personne."

www.ipreunion.com

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