"Gilets jaunes"

Début de l'acte V dans le calme, mobilisation test pour le pouvoir

  • Publié le 15 décembre 2018 à 15:31
  • Actualisé le 15 décembre 2018 à 15:34

Les premiers "gilets jaunes" convergeaient samedi 15 décembre 2018 dans le calme sur les Champs-Élysées, encadrés par un dispositif sécuritaire d'ampleur, pour l'acte V d'une mobilisation nationale sous l'oeil attentif du pouvoir qui espère un apaisement après les annonces d'Emmanuel Macron en faveur du pouvoir d'achat.

"La dernière fois, on était là pour les taxes, cette fois, c'est plus pour les institutions : on veut plus de démocratie directe", résume dans le froid mordant Jérémy, intérimaire de 28 ans venu de Rennes en famille "gueuler pour se faire entendre".

Peu avant 09H30, une trentaine de personnes avaient été interpellées en Ile-de-France, dont 17 dans l'agglomération parisienne, bien loin des 300 interpellations recensées à la même heure samedi dernier dans le cadre de contrôles préventifs. Au total, il y eut près de 2.000 interpellations, un record.

L'ampleur des manifestations, qui ont réuni 136.000 personnes lors des deux derniers épisodes marqués par des scènes de guérilla urbaine et un dispositif sécuritaire exceptionnel, va être scrutée de près par un exécutif en proie à une crise sociale inédite.

"On s'attend à un mobilisation un peu moindre mais avec des individus un peu plus déterminés", a déclaré vendredi soir le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez.

Autour de l'arc de Triomphe, des fourgons de gendarmes mobiles étaient positionnés depuis l'aube. 8.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés dans la capitale, appuyés par 14 véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG).

A 100 mètres de la place de l'Etoile, à la brasserie "Le vin coeur", Maria, la responsable, craignait de nouvelles dégradations. "Dès que ça gaze, on a ordre de fermer et de remonter le store de la terrasse", témoigne-t-elle. Pour elle, "qu'ils manifestent, pas de souci, mais cette casse, c'est affligeant".

Ailleurs dans Paris, comme sur la place de la Bastille, les banques avaient recouvert leur façades de contreplaqué, mais les cafés étaient ouverts pour tenter de combler le manque à gagner lié aux fermetures des samedis précédents.

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, a assuré sur BFMTV samedi que les commerçants ont fait état de pertes d'activité "en moyenne de -25%, avec des pointes à -50, -70, dans certains endroits -90%".

Environ 69.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés, contre 89.000 samedi dernier. En régions où de nombreuses manifestations sont annoncées, des renforts sont prévus là ont eu lieu des violences, comme Bordeaux ou Toulouse.

"100 euros, c'est du flan"

L'A6 a été coupée dans les deux sens à la limite entre la Saône-et-Loire et le Rhône par le préfet par précaution face à la mobilisation attendue de "gilets jaunes".

Dans la capitale, les accès aux institutions (Palais de l'Elysée, Hôtel Matignon, Assemblée nationale, ministère de l'Intérieur, etc.) sont protégés.

En revanche, signe que la tension retombe un peu, la Tour Eiffel, et plusieurs musées fermés samedi dernier sont désormais ouverts, tout comme les grands magasins à l'approche de Noël.

A Bordeaux, l'office de tourisme a en revanche annulé toutes ses visites guidées prévues samedi après-midi et fermera ses portes à la mi-journée. De nombreux services et établissements culturels publics garderont leurs portes closes.

Les annonces d'Emmanuel Macron lundi, dont la plus emblématique porte sur une hausse de 100 euros des revenus au niveau du Smic, ont été diversement reçues par des Français, réclamant moins de taxes et plus de pouvoir d'achat.

"100 euros de plus pour les smicards c'est du flan, ça ne concerne qu'une minorité de personnes", a regretté samedi à Paris Ludovic, 40 ans, conditionneur cariste venu manifester d'Amiens.

Après l'attentat jihadiste de Strasbourg mardi qui a fait quatre morts, les appels, notamment au sein de la majorité et du gouvernement, à ne pas manifester ont aussi été rejetés par une partie des "gilets jaunes", n'y voyant aucun rapport.

Si les modérés, représentés par le collectif des "gilets jaunes libres" ont appelé à une "trêve" et estimé que "le temps du dialogue est venu", d'autres ont affiché leur détermination à redescendre dans la rue pour obtenir de nouvelles avancées sociales et économiques.

www.ipreunion.com avec AFP

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