Journée mondiale des pollinisateurs

Démoustication, pesticides, varroa... les abeilles réunionnaises menacées

  • Publié le 19 mai 2019 à 08:20
  • Actualisé le 19 mai 2019 à 19:45

Depuis plusieurs années, les abeilles meurent à petit feu à La Réunion comme ailleurs. Une hécatombe. Entre les pesticides, la démoustication, et le varroa, ce parasite tueur, elles pourraient bien disparaître. Demain, le lundi 20 mai, c'est leur journée mondiale, l'occasion de rappeler de ces dangers qui pèsent sur les pollinisateurs. (Photo d'illustration : RB/Imaz Press Réunion)

"Si les abeilles disparaissent de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre". Cette phrase, célèbre et attribuée à Albert Einstein résume l’importance de la petite bête pour la survie des écosystèmes. En butinant, l’abeille s’enduit de pollen et le transporte de fleur en fleur. Cette pollinisation est nécessaire à la reproduction de nombreuses plantes cultivées et sauvages. Elle contribue directement à la sécurité alimentaire, fruits et légumes ne pourraient pas se développer sans elle.

L'extinction des abeilles est donc un coup terrible pour la planète et la biodiversité. La journée du 20 mai a été instaurée par l'ONU en 2016 et célébréz pour la première fois en 2018. Elle était passée complètement inaperçue."Ce n'est pas tellement pour mettre l'abeille à l'honneur et lui rendre hommage, mais pour la préserver des dangers qui la guettent et qui mettent en péril sa vie et la survie de son espèce," indique le site Apiculture.net. Et à La Réunion, ils sont nombreux...

Avec l'agriculture intensive, l'utilisation massive des pesticides et les changements climatiques s'ajoutent le danger de la démoustication et du varroa, cette maladie mortelle qui impacte fortement nos abeilles réunionnaises.

Démousitcation, des apiculteurs "terrifiés"

Les opérations de démoustication de l'Agence régionale de santé (ARS) continuent encore et encore pour tenter de neutraliser l'épidémie de dengue, qui sévit désormais dans toute l'île. Dans le produit utilisé par les agents, il y a de la deltaméthrine. Un nom un peu barbare qui désigne en fait "la seule molécule insecticide autorisée en France pour les actions de démoustication", selon l’ARS. De quoi inquiéter les apiculteurs, qui sont même "terrifiés à l’idée de perdre leurs ruches", explique Jean-Christophe Espérance, adjoint en charges des espaces naturels à la mairie de La Possession. "Si le produit impacte les moustiques, il sera forcément nocif pour les abeilles".

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L’agence de santé se défend de son côté par la mise en place d’un numéro vert, et donc non surtaxé, le 0800 110 000. Il est destiné aux apiculteurs, afin de déclarer leurs ruchers : plus de 800 d’entre eux ont déjà été enregistrés. Le docteur Chièze, directeur de la veille et de la sécurité sanitaire à l’ARS confirme : "Nous n’intervenons jamais à proximité des ruches. Nous avons d’ailleurs une distance à respecter vis-à-vis de ces zones : 125 mètres minimum."

Une étude parue dès 1988 faisait déjà part des risques de la deltaméthrine sur les abeilles pollinisatrices. Des doses pourtant inférieures au seuil de nocivité montrent que les abeilles subissent déjà des troubles variés, comme une baisse de leur longévité, notamment sur les mâles, plus sensibles que les femelles. Chez les femelles on observerait une baisse de la fécondité de 20%

Le varroa, maladie mortelle des abeilles

Redoutable parasite, le varroa continue à se propager dans les ruchers réunionnais. Cette espèce d'acarien parasite l'abeille adulte ainsi que les larves et les nymphes. Il mesure généralement entre 3 millimètres de large et 1,5 millimètres de long et se nourrit du sang du pollinisateur.

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Depuis 2017 et selon Olivier Esnault, vétérinaire spécialiste de l'apiculture au GDS (Groupement de défense sanitaire) une colonie sur deux est morte à cause de ce parasite. Des solutions existent, comme les traitements chimiques, mais le vétérinaire ne les porte pas dans son coeur car les varroa peuvent s'adapter et ils ne seront plus efficaces.

nt/www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Maya
Maya
4 ans

A 125 m d'un ruche ce n'est guère suffisant quand on sait que l'abeille pleut se déplacer jusqu'à 3kms et même plus.Si on avait fait un lâché de moustiques mâles dés le départ il y aurait eu moins de personnes touchées par la dengue.Mystère!!