Des zones de l'île sans aucun cabinet vétérinaire

Stériliser les animaux oui, encore faut-il en avoir les moyens

  • Publié le 6 août 2019 à 11:20

Lors de sa grève de la faim, le président de l'association de défense animale Milit'Activ'974 Francis Kubezyk a relancé la question des vétérinaires à La Réunion... Le militant martèle qu'il faut lancer une vraie campagne de stérilisation massive pour lutter contre l'errance des chiens et des chats sur l'île. Mais pour cela, il faut des moyens, et le nombre de dispensaires ne le permet pas pour l'instant. Dans certaines zones, les cabinets de vétérinaires se multiplient. Dans d'autres, notamment dans les hauts et les cirques, c'est le désert. (Photo d'illustration)

Prendre soin de son animal, c'est une chose. L'emmener se faire soigner c'en est une autre... En pleine crise de l'errance animale à La Réunion, tous les acteurs mobilisés essaient de sensibiliser les habitants : un animal, ce n'est pas un objet. Mais pour l'emmener chez le vétérinaire c'est parfois le parcours du combattant, surtout quand il s'agit de le faire castrer...

Pour Francis Kubezyk, président de Milit'Activ'974, il y a d'abord le problème des délais. "Quand certains passent un appel pour prendre un rendez-vous stérilisation, il faut parfois attendre une semaine, deux semaines... Aujourd'hui les vétérinaires sont débordés". A la clinique des plaines, située - un peu seule - à Saint-Benoît on parvient cependant à s'organiser. On nous explique que bien souvent il est possible d'obtenir un rendez-vous dans la semaine. "Les clients se répartissent et vont aussi à Saint-André", explique l'un des vétérinaires du cabinet.

Il le faut bien, car à Salazie, aucun vétérinaire. C'est tout le problème dans les cirques. "Il n'y a personne, même de passage" se désole Francis Kubezyk. "Y compris à Cilaos, pourtant connu pour son grand nombre d'animaux errants." Il faut donc se motiver, prendre sa voiture pour descendre jusqu'à la grande ville la plus proche. Saint-André pour Salazie, Saint-Louis pour Cilaos. "Oui, il y en a des vétérinaires, mais on compte quand même beaucoup de zones où il n'y en a pas assez."

Dans le Sud-Est, c'est d'ailleurs un vrai désert. Nous avons répertorié les différents professionnels listés dans l'annuaire officiel de l'Ordre national des vétérinaires. Comme on peut le voir ci-dessous, l'Ouest et le Nord bénéficient d'une certaine concentration de cabinets, tandis que l'Est est complètement délaissé. Quant aux villages des hauts, il n'y a personne.

"Certains sont loin de tout", confirme l'association RPA (Réunion Protection Animale). Selon la directrice, Caroline Baroche, "on a pas assez de vétérinaires pour les stérilisations, il faudrait carrément faire un bus itinérant". Elle récupère régulièrement des animaux errants ou abandonnés, pour les soigner, les faire stériliser puis adopter. Et chez elle, pas d'adoption sans stérilisation.

Le problème du prix

Au-delà de la répartition des vétérinaires, c'est le prix qui bloque parfois les propriétaires d'animaux. Pourtant il faut le savoir dès que l'on prend un animal sous son aile : oui, c'est un investissement. Comptez, selon les collectivés de communes, 40 euros pour la puce électronique, 80 euros pour un vaccin... et souvent entre 150 et près de 300 pour une stérilisation, en fonction du poids de l'animal.

Dans une clinique de la Rivière Saint-Louis, on nous affirme qu'une chatte sera stérilisée à partir de 140 euros, et un gros chien 290 euros. A la Ravine les Cabris, dans une autre clinique vétérinaire, c'est 139 euros pour les animaux de moins de 4 kg et 158 pour les plus de 15 kg. En bref, les prix évoluent beaucoup.

La stérilisation gratuite, pas pour tout le monde

"Si on paye comptant il n'y a pas de problème pour les délais en général", explique Caroline Baroche de l'association RPA. "Mais dans le cadre des campagnes de stérilisation gratuite, là il y a des gros délais, on est beaucoup plus limités." Effectivement cette campagne de stérilisation annuelle, mise en place par les collectivités de communes comme la Cinor, la Civis ou encore le TCO, pose plusieurs contraintes et pour en bénéficier il faut se constituer un dossier solide.

Lire aussi : Le TCO peut vous offrir leur stérilisation

Lire aussi : Errance animale: la préfecture promet de renforcer la campagne de stérilisation

La stérilisation gratuite ne concerne que ceux qui ne sont pas imposables sur le revenu : ils doivent alors envoyer : leur dernier avis de non-imposition, un justificatif d’adresse de moins de 3 mois (facture d’eau ou d’électricité, attestation d’hébergement) et une copie de la pièce d’identité. En soi, rien de compliqué, mais beaucoup ne prennent pas le temps de le faire, et tous ceux qui sont imposables n'y ont pas droit.

Caroline Baroche, avec son association, offre donc parfois des stérilisations aux riverains. "Je n'ai droit qu'à 40 bons pour stériliser les chiennes, alors que je fais 120 stérilisations par an" nous explique la bénévole. Elle accumule 95.000 euros de frais vétérinaires chaque année, et les 2.500 euros d'aide du TCO ne suffisent plus hélas. "Donc je finis par sortir les sous de ma poche, sinon il va encore y avoir des bébés et l'errance animale ne se résoudra jamais."

Défiance des propriétaires

"Les allées et venues des clients sont très aléatoires" nous explique un vétérinaire de Saint-Benoît. Et pour lui, c'est aussi lié à la défiance qu'ont certains riverains à faire stériliser leur animal. "Certains sont contre", nous explique-t-il, "ou alors ceux qui font la démarche posent beaucoup de questions avant de sauter le pas."

Ce que confirme Caroline Baroche. "Il faut sensibiliser les gens et lancer des campagnes pour faire comprendre qu'il n'y a pas de risque à faire stériliser une chienne ou un mâle, bien au contraire. Dans l'esprit de certains, c'est mauvais pour la femelle, c'est contre-nature." Pourtant, il faut le garder en tête : plusieurs portées peuvent tuer une chienne ou une chatte. "Plus elle fait de portées, plus c'est dangereux pour elle. Moi j'ai récupéré une chienne de 10 ans récemment, on lui a fait enlever toute la chaîne mammaire, elle avait une énorme tumeur" ajoute la bénévole.

Et c'est sans parler du problème des élevages sauvages. Un réseau illégal de revente de chiots de race qui gangrène l'île. "Il faut qu'on agisse au plus vite avec la préfecture à ce niveau-là" ajoute Caroline Baroche. "On a monté un dossier pour organiser un plan de lutte, on attend un retour."

mm/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Wira
Wira
4 ans

La vie sans Animaux n'est pas non plus souhaitable.Les animaux apportent un grand soutien psychologique .Les chats sont porteurs de bonnes ondes.Les chiens régulent le stress chez l'homme .L'ampathie est bonne et nécessaire pour vivre en Paix sur terre.Alors la solution est de COMMUNIQUER .Faire évoluer les comportements sur les Îles ou le laisser -aller est de rigueur.Cette campagne de sensibilisation à la souffrance Animale doit être suivi par les Gouvernements de TOUS Pays.Sans l'appui des Médias ( qui obéissent aux ORDRES dans une grande mesure) Nous ne pourrons pas être efficace.Sans l'appui de tous les Amis des Animaux aussi.Il faut une participation de TOUS, même minime, pour avancer dans cette démarche et aider FRANCIS Kubezik à mener à bien son investissement.Il faut que TOUTES les ASSOCIATIONS se prennent la main pour faire BLOC est unir leur force afin d'être persuasif et obtenir ces aides financières du Gouvernement.Il faut faire appliquer des lois plus stricts au niveau de la Protection des Animaux de compagnie , quel qu'ils soient..Poyr la protection de chaque animale , il faut qu'il prenne le NOM DE FAMILLE et soit répertorié en tant que tel.Ainsi , au vu de la loi, il aura les mêmes droits de protection qu'un membre de la Famille, qu'un enfant.Cet état de fait fera obligatoirement reculer la Maltraitance , les Abandons les dérives qui sont liés à l'inconsideration qu'à une partie de la CIVILISATION pour les Animaux qu'ils devront respecter comme des Individus.VOILA LA DOLUTION. En 2020 ...si nous n'evoluons pas dans ce sens, ce sera la CATA.Il faut que chaque ville fasse une Campagne de sensibilisation a la souffrance mais surtout a la DOULEUR...Oui , la DOULEUR infligé aux Animaux .Mais aussi , la souffrance psychologique de TOUS ceux qui se battent pour eux et qui sont à bout.À bout de nerf , a bout d'espoir mais pas à bout d'arguments.Malgre leur épuisement à ce combat , ils ne baissent pas les bras.L'amour du prochain est essentiel dans un monde de Paix.il faut adapter dans l'Education Scolaire un programme de sensibilisation au respect du vivant pour changer les mentalités.Mais attention ...les Forces du Mal veille au contraire.Cela ne sera pas de tout repos de réussir cet exploit.TOUS HEUREUX les uns , les autres.Merci à vous pour l'aide à tous les plus faibles.

Pollux
Pollux
4 ans

Il faudrait rapatrier tout les animaux de la réunion en France par avion. Il sont mieux en France .même un chat errant en France à plus de confort qun chat de la réunion.les vétérinaire en profite il augmente les prix .pour une chatte ses 70 euros la stérilisation pour un chat 40 euros .en France prix association.les vétérinaire n aime pas les animaux a la reunion il font que du chifre daffaiire. Il sent fiche complètement du bien etre des animaux.le mieux ses qu Il ny est plus d'animaux sur cette ile.le problème sera réglé.

China
China
4 ans

Quand on n'a pas les moyens , on n'adopte pas d'animaux ! Et on ne fait pas plein d'enfants si on ne peut pas les élever . Sinon, on prend, on ne s'en occupe pas , et on abandonne. Des chiens laissés seuls plusieurs jours de suite comme Â" gardiens ! Â" c'est aimer les animaux ? Des enfants livrés à eux mêmes dans la rue , c'est de l'amour parental ? Il faut bien être responsable de ses choix !