Tribune libre de la SAPPMA

Pas de leçon à recevoir du "Comité régional de la grande pêche"

  • Publié le 8 août 2019 à 06:15
  • Actualisé le 8 août 2019 à 06:33

Les quatre-vingt dix petits pêcheurs de la SAPPMA, tous actionnaires de Réunion Pêche Australe, candidat à un quota de légine pour la période 2019-2025, réagissent au communiqué de presse commun du CRPMEM de La Réunion et du SARPC en faisant valoir qu'ils n'ont aucune leçon à recevoir de la grande pêche australe qui s'accaparent les quotas de légine des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Lassés par les mensonges de l’Etat depuis 2017, les quatre-vingt-dix associés de la société des artisans pêcheurs professionnels des mers australes (SAPPMA) ont décidé le 1er août dernier de manifester leur colère devant la Préfecture des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) afin qu’un quota de légine économiquement viable soit attribué à Réunion Pêche Australe (RPA), dont ils sont tous actionnaires à hauteur de 25%.

Cinquante petits pêcheurs s’y sont ainsi rassemblés quand bien même le retour de bonnes conditions de mer les incitait davantage à partir en pêche après trois semaines de mauvais temps. Ces petits pêcheurs de la SAPPMA y ont dénoncé les rentes de situation que l’Etat souhaite faire perdurer au bénéfice des quatre opérateurs historiques, dont l’attitude vis à vis de la pêche réunionnaise reste insupportable.

La SAPPMA n’est instrumentalisée par personne, ses mobilisations ne lui sont nullement dictées. Les petits pêcheurs de la SAPPMA défendent simplement leurs intérêts en tant qu’associés du projet Réunion Pêche Australe. Gérard Zitte, président de l’Association réunionnaise interprofessionnelle de la pêche et de l’aquaculture (ARIPA) précise également qu’il est avant tout petit pêcheur et qu’à ce titre, en sa qualité d’associé de la SAPPMA, il est directement concerné par les compléments de revenus qu’un quota de légine assurerait à l’avenir aux opérateurs de la pêche réunionnaise.

Les petits pêcheurs s’insurgent contre l’attitude du président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) de La Réunion, qui n’agit depuis son élection que dans les intérêts de la grande pêche australe et dont les prises de positions et de paroles semblent systématiquement dictées par les membres du Syndicat des armements réunionnais des palangriers congélateurs (SARPC), lui retirant toute " indépendance " comme en atteste le communiqué signé conjointement entre le CRPMEM et le SARPC.

La SAPPMA réitère son soutien plein et entier au projet de Réunion Pêche Australe, auquel elle croit car il offre une perspective valorisante de revenus par le travail et non par l’assistanat. Les petits pêcheurs rappellent le leurre que constitue la contribution " légine pour tous " du SARPC qui ne sert qu’à équilibrer une gabegie de dépenses électoralistes du CRPMEM. Au titre de l’année 2018, les petits pêcheurs n’ont ainsi bénéficié que de 500 euros de la contribution " légine pour tous " au titre de la Caisse chômage intempéries (CACHIN) quand l’exercice budgétaire du CRPMEM s’est conclu par un déficit de plus de 120 000 euros.

La SAPPMA s’inscrit également en faux sur le fait que la légine profite déjà à La Réunion et aux Réunionnais. A ce titre, les petits pêcheurs détaillent le désintérêt depuis 20 ans de la pêche australe pour la pêche réunionnaise. Jamais avant 2016 et la création de Réunion Pêche Australe, les petits pêcheurs s’étaient vus proposer de devenir actionnaires d’un armement de pêche australe. Jamais avant l’entrée de RPA dans la pêcherie de légine australe, les armements historiques n’avaient daigné se soucier de la petite pêche réunionnaise. Jamais avant l’entrée d’un nouvel opérateur à la légine, les armements historiques n’avaient accepté de participer solidairement au développement de la pêche artisanale réunionnaise.

Comme ils l’ont clamé devant la préfecture des TAAF, les petits pêcheurs refusent l’aumône de la grande pêche pour acheter leur retrait de la pêcherie australe. Alors même que les armements du SARPC tentent de s’accaparer les ressources pélagiques de l’Océan Indien en ayant investi dans des thoniers senneurs ou des palangriers congélateurs grâce à l’argent de la légine, ces derniers veulent interdire l’ouverture du quota de légine aux pêcheurs réunionnais alors même que cette ressource est propriété de l’Etat. Les petits pêcheurs de la SAPPMA confirment leur souhait de devenir d’abord actionnaires de la légine, et en complément de pouvoir embarquer pour des marées.

Les petits pêcheurs de la SAPPMA promettent au Comité régional de la grande pêche ainsi qu’à l’Etat que leur mouvement va s’amplifier après l’attribution des quotas en cas d’exclusion de Réunion Pêche Australe.

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