Tribune libre

"Les andains et roches massives des champs mauriciens au secours de la NRL"

  • Publié le 23 décembre 2019 à 17:30
  • Actualisé le 23 décembre 2019 à 17:46

Un entrepreneur réunionnais, Project Interface, acteur du protocole andain, propose d'assurer le complément de l'approvisionnement en roches du chantier en important des andains et roches massives de l'Ile Maurice. Ce qu'il propose, c'est de garantir la continuité du chantier grâce à une relation gagnant-gagnant entre les paysans mauriciens, qui peinent à obtenir des aides pour l'épierrage de leurs champs, et le chantier de la NRL qui ne peut plus se fournir auprès des carrières de l'Ile de la Réunion, bloquées par les opposants à l'ouverture de carrières pour terminer la dernière portion de route.

L’approvisionnement en roches, talon d’Achille du chantier

Ce chantier exceptionnel nécessite 18,8 Mt de roches dont 8,6 Mt de roches massives pour la construction des digues ; en mars 2019, les besoins restants étaient estimés à 9,3 Mt.

Selon les prévisions initiales, ces besoins en roches devaient être couverts pour l’essentiel par les carrières de la Réunion. Mais ces prévisions ont été perturbées par plusieurs décisions des juridictions administratives, à la suite de recours introduits par des opposants à l’ouverture de carrières.

Le blocage du chantier aura de très lourdes conséquences économiques et sociales

Dès à présent, le chantier de la NRL tourne au ralenti. Le groupement NRL a annoncé récemment aux entreprises prestataires que, si la situation actuelle en matière d’approvisionnement en roches massives persiste, le chantier devra s’arrêter en mars 2020 et ne pourra reprendre, au mieux, que début 2023, car il faudra relancer les appels d’offre.

Outre la poursuite pour plusieurs années de la congestion de l’île au détriment de la population, le risque est réel d’entrainer des licenciements (environ 1000 emplois directs et indirects), et de menacer la survie de certaines entreprises, spécialement les entreprises de transport qui ont investi dans des matériels neufs conformes aux normes exigées pour le chantier.

Une solution crédible ; le recours à l’utilisation de roches issues de l’épierrage importées de l’Ile Maurice

La solution privilégiée par la Région Réunion réside dans le recours aux " andains ", c’est-à-dire aux blocs rocheux issus de l’épierrage des terres agricoles de l’île réalisé dans le cadre de travaux d’aménagement foncier. Cependant, compte tenu des moyens humains et matériels disponibles localement, il semble impossible de mobiliser assez d’andains pour approvisionner le chantier NRL dans le délai imparti (3 ans) d’autant que les nouvelles zones urbanisées exigent la plus grande prudence quant à l’extraction d’andains qui jouent un rôle de protection efficace contre l’érosion et le ruissellement.

Il apparaît donc nécessaire d’envisager - comme prévu, d’ailleurs, depuis l’origine dans le Cahier des Clauses Techniques Particulières du Marché - la solution complémentaire et ciblée du recours à l’importation de roches, en complément des volumes apportés par les andains et l’épierrage, de façon à garantir un approvisionnement régulier du chantier.

Dans ce contexte, la société réunionnaise Project Interface, en partenariat avec la société mauricienne AFEL Ltd, et avec l’impulsion du ministère mauricien de l’agriculture, propose aujourd’hui la mise en oeuvre d’un projet exemplaire de coopération régionale. CeIui-ci repose sur l’importation à la Réunion de roches massives en provenance de l’île Maurice ; les roches seront réparties au Port pour permettre la participation des transporteurs locaux qui continueront à assurer les livraisons. Ce dispositif d’importation peut être mis en place dans un délai de quelques mois.

Au-delà du cahier des charges rigoureux relatif à la qualité des roches (densité, poids), un cahier des charges environnemental est en cours de validation pour bien cerner notamment l’empreinte Carbone.

Il paraît inconcevable que le scénario "recours à l’importation" soit écarté sans examen sérieux. La société Project Interface demande instamment que son projet figure parmi les options envisagées pour sortir de la crise : il est le seul à même de garantir la continuité du chantier, dans le respect du marché existant sans surcoût particulier puisque le coût du montant livré est proche des coûts marginaux constatés pour l’extraction d’andains à la Réunion.

Envisager de payer une rupture de contrat pour des millions d’Euros alors que cette somme peut contribuer à financer une solution d’approvisionnement qui assure une livraison du chantier dans les temps serait absurde.

Il y a donc urgence. Il faut éviter une décision absurde qui conduirait à une dénonciation du marché existant qui risquerait alors d’obliger la Région à dédommager les entreprises avec , simultanément , une prise en otage de la population de la Réunion. "Si le dossier n’est pas débloqué et les autorisations nécessaires obtenues dans les prochaines semaines", insiste Dany Payet,"on peut s’attendre à ce que le partenaire mauricien se décourage et cherche d’autres débouchés."

Un tel gâchis ne serait pas compris et pénaliserait pour longtemps La Réunion.

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