Tribune libre de l'Union nationale des associations autonomes des parents d'élèves

Lettre ouverte aux responsables éducatifs et politiques

  • Publié le 21 avril 2020 à 10:49
  • Actualisé le 21 avril 2020 à 10:51

L'Union nationale des associations autonomes des parents d'élèves (UNAAPE) prend acte de l'annonce du Président de la République quant à la reprise progressive des élèves après les vacances de mai suite à la pandémie du Covid-19, soit le 14 mai 2020 dans notre académie.

L’Éducation nationale assure la transmission du savoir et l’école est un lieu de socialisation indispensable à la construction de l’enfant vers l’adulte afin de se projeter et bâtir un projet professionnel voir un projet de vie. Lors de cette période de confinement, nous parents, avons joué pleinement notre rôle de co-éducateur (trice) et les enseignants ont su adapter et mettre en place de nouvelles méthodes d’enseignement. Nous ne pouvons que saluer ces adaptations et ces investissements.

Mais cette rentrée ne peut se faire à n’importe quel prix surtout au détriment de la santé de nos enfants. Bien qu’ils soient la matière première du système éducatif, ils ne sauraient être placés en première ligne sans réelle garantie en matière de sécurité. Les discours actuels des responsables gouvernementaux ne nous rassurent aucunement à ce jour. L’État semble se défausser sur les collectivités territoriales, les maires et les chefs d’établissements quant à la prise de risque.

D’autant plus que nous constatons une opposition de la communauté scientifique :

- Le président du Conseil scientifique a pourtant déclaré le 15 avril 2020 devant la commission des lois du Sénat que le dé-confinement n’est réalisable qu’avec la disponibilité d'un nombre de tests de dépistage du virus suffisant et avec la mise en place d'un système de traçage des contacts des nouveaux cas identifiés. Système de traçage que la France n'aurait pas la capacité de mettre en place toujours selon le président du Conseil scientifique.
- Le président du Conseil national de l'Ordre des médecins estime, lui, que cette décision d'ouverture n'est justifiée par "aucune donnée médicale", cela reviendrait à remettre le virus en circulation car les enfants sont des vecteurs potentiels et parce qu'il est très difficile en milieu scolaire de faire respecter les gestes barrières. Il préconise de "se concentrer sur la préparation de la rentrée de septembre, plutôt que de s'organiser dans l'urgence pour les 5 ou 6 semaines restantes".
- L’Institut national de la santé et de la recherche médicale indiquait le 12 avril que "le déconfinement devait être progressif tout en continuant à maintenir les écoles fermées", et cela, afin d'éviter "une deuxième vague épidémique".

Aussi :

- L' Association des maires de France (AMF) a dès le lendemain demandé à ce que soit établi "un protocole d'organisation harmonisé avec l'ensemble des communes" afin de garantir la sécurité des élèves et des personnels des écoles ainsi que la mise en place d’un "guide de bonnes pratiques".
-
L’Association des départements de France (ADF) propose 'un "groupe de travail" auquel participeraient plusieurs DGS de départements afin d'aboutir à une "charte" sur la réouverture des collèges. En relevant que la partie transports scolaires devra être étudiée avec les régions.
- L’ Association de Régions de France (ARF) préconise aussi des "groupes de travail" sur les problématiques de restauration, de transports scolaires, masques, blouses…

Mais des questions demeurent en suspens pour la communauté éducative :

- Peut-on mettre en place une politique massive de tests sérologiques  pour les  agents, des enseignants et des élèves ?
- Les collectivités territoriales auront-elles la capacité d’assurer tous les jours la désinfection des écoles, services et établissements scolaires, dans le respect de la santé de leurs agents ?
-  Est-ce que la fourniture des matériels de protection (gel hydroalcoolique, gants et masques de santé...) sera en quantité suffisante pour les agents et les élèves alors que ce n’est pas le cas pour les personnels soignants ?
- Est-il possible de garantir la diminution des effectifs par classe, pour permettre la distanciation sociale pour l’ensemble des niveaux et pour tous les lieux fréquentés par les élèves et les personnels ?
- Est-il possible de prendre en compte la situation des personnels accompagnants pour lesquels cette distanciation n’est pas possible ?
- Qu’en est-il du confinement des élèves vulnérables ou qui ont un proche vulnérable et donc la continuité d’un enseignement à distance ?
- Qu’en est-il de l’impact pour l’organisation des parents d‘une reprise des cours à temps partiel ou alterné ?
- Qu’en est-il de la gestion des transports scolaires et des avenants aux conventions existantes?
- Qu’en est-il de l’organisation des temps de restauration scolaire, périscolaires et de l’alternance des récréations pour respecter les gestes barrières ?
- Qu’en est-il des conditions spécifiques pour les enfants  de l’école inclusive?
- Qu’en est-il de l’organisation des stages en lycée professionnel ?
- Qu’en est-il de la problématique des internats ?

Le prétexte social invoqué ne saurait servir d’alibi à cette reprise et masquer la réelle motivation, celle de reprise de l’économie et de la reprise du travail. La fracture d’inégalité entre les élèves existait bien avant le confinement et une reprise ne saurait la combler en 5 semaines. D’autant plus que les modalités de passation d’examens et de concours ont déjà été définis par le Ministre de l’Éducation nationale. Il n’y a plus péril en la demeure.

Alors que les lieux recevant du public restent fermés,  pourquoi rouvrir les établissements scolaires qui étaient les premiers à fermer. Aujourd’hui, aucune étude scientifique n’est venu étayer une quelconque reprise. Nous devons subir l’état de fait du Covid-19 pour quelque temps encore et cela dans l’attente de la production d’un vaccin. Nous devons apprendre à vivre autrement au quotidien et adopter des comportements et attitudes responsables.

L’UNAAPE préconise une rentrée pour le mois d’Août 2020, ce qui permettrait :

- de mettre en place un véritable plan sanitaire et d’hygiène dans les établissements scolaires du premier et second degré, ô combien demandé par l’ensemble des associations, des unions et des fédérations de parents d’élèves tant bien sur le plan local que national afin de créer des conditions de gestes barrières et de garantir l’hygiène sanitaire,

- de valider ce plan par les commissions d’hygiène et de sécurité dans chaque établissement scolaire,

- d’élargir les dispositifs d’écoles ouvertes,

- de réactiver l’éducation populaire dans le cadre des activités péri-educatives et des vacances scolaires,

- d’associer l’ensemble des partenaires institutionnelles, les collectivités,  les représentants des personnels, des représentants des parents d’élèves, ….  à une prise de décision dans une concertation élargie.

À qui incombera les responsabilités en cas de dysfonctionnements dans la chaîne sanitaire: le maire de la commune, le gestionnaire ou le chef de l’établissement du second degré, le Président du département, le Président de la région, le recteur, la directrice de l’ARS ou Le Préfet de Région, l’État...?

Union nationale des associations autonomes des parents d’élèves


 

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1 Commentaires
Parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mouvement ( LREM )
Parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mouvement ( LREM )
4 ans

Le peuple a son mot : Vous avez décidé de nous dire qu'à partir du 11 mai 2020 de remettre nos enfants à l'école , tous les français sont choqués surtout que vous n'avez pas d'enfant . Nos enfants pas touche ! On sait que l'économie est plus important à vos yeux , vous allez un trop loin , au nom de tout le peuple français , une demande à vous faire : Les français remettrons leur enfant à l'école , le jour où vous remettrez Brigitte , dans une Ehpad , puisque vous nous demandez de mettre nos enfants , nos bébés ce qu'il y a de plus chers à nos yeux on le fera quand vous prendrez autant de risque que nous !!! Macron: Une manipulation bien orchestrée !