Tribune libre de Ibrahim Patel

Lettre au président de la République

  • Publié le 15 mai 2020 à 16:25
  • Actualisé le 15 mai 2020 à 16:28

Ibrahim Patel,président de la Chambre de commerce de La Réunion, a adressé une lettre le 12 mai dernier au Président de la République, monsieur Emmanuel Macron, concernant la demande de prorogation jusqu'à 2020 du dispositif de Fonds de Solidarité Nationale volet 1 et 2, la demande d'annulation des charges fiscales et du dispositif d'activité partielle. Nous publions la lettre ci-dessous

Monsieur le Président de La République,

Face à la crise sanitaire et économique induite par le Covid-19, l'Etat a été réactif et a immédiatement mis en place des mesures pour permettre aux entreprises d'y faire face.

A ce titre, nous tenions à vous remercier pour toutes ces mesures de soutien, mais également pour les évolutions apportées à certains dispositifs par le Gouvernement pour permettre à de nouvelles entreprises et entrepreneurs qui en étaient écartés d'y accéder.

Les entreprises réunionnaises sont très directement impactées par la crise actuelle, qu'elles aient subi une fermeture administrative ou qu'elles aient dû faire face à des pertes de chiffre d'affaires.

Comme vous le savez également, le tourisme à La Réunion est un moteur essentiel de notre économie et mettra plusieurs mois pour se relancer. Les entreprises qui vivent directement mais aussi indirectement des recettes apportées par nos 600 000 touristes annuels, rencontrent aujourd'hui de sérieuses difficultés et ne voient aucun réel espoir d'un retour à une activité normale d'ici 2021.

La reprise sera donc longue et difficile pour une grande majorité de nos entreprises et nous n'entrevoyons pas d'amélioration notable d'ici la fin de l'année. Nous estimons également que la survie de nombre d'entre-elles est désormais en jeu. En effet, 58 % des chefs d'entreprises que nous avons interrogés nous ont indiqué envisager une fermeture pure et simple de leur entreprise.

Face au risque de faillite, et plus particulièrement des plus petites entreprises, nous souhaitons que des mesures d'adaptations exceptionnelles aux mesures de soutien mises en œuvre par l'Etat soient prises en urgence pour notre île. Il s'agit désormais d'assurer le sauvetage de nos entreprises.

Concernant tout d'abord le Fonds de Solidarité Nationale et ses deux volets, nous sollicitons la prorogation de ce dispositif jusqu'à la fin de l'année 2020.

Concernant le volet 2 de ce même fonds, ce dernier a été étendu aux entreprises sans salariés et porté à 5000€, pour, en particulier, leur permettre de faire face au règlement de leur loyer. Or aujourd'hui, pour pouvoir bénéficier de cette aide, il faut aussi pouvoir justifier d'un refus bancaire de prêt de trésorerie.

Dans la mesure où beaucoup de nos entreprises n'ont pas voulu solliciter de prêt pour ne pas aggraver leur situation financière déjà très fortement dégradée à la suite des précédentes crises sociales, nous sollicitons donc que ce critère d'éligibilité soit supprimé pour permettre aux entreprises réunionnaises et à de nombreux petits commerçants d'y accéder et ainsi d'éviter la faillite faute de pouvoir aussi assurer le règlement de leurs loyers.

Concernant le règlement des charges sociales et fiscales, l'annonce de l'annulation des charges sociales patronales pour les entreprises ayant subi une fermeture administrative a été accueillie avec satisfaction.

Toutefois pour notre île, même après la reprise d'activité, de nombreuses entreprises ne survivront pas. En effet, la faible activité voire l'absence d'activité, liée à une reprise très progressive ne leur permettra
pas de réaliser un chiffre d'affaires suffisant pour ne serait-ce combler les pertes engendrées pendant la période de confinement.

C'est pourquoi, nous sollicitons une mesure exceptionnelle complémentaire d'annulation des charges fiscales mais aussi une prolongation de la mesure d'annulation de l'ensemble des charges jusqu'à fin 2020 et ce pour toutes les entreprises de notre île qui ont été contraintes de fermer administrativement ou qui ont dû faire face à une baisse de leur chiffre d'affaire. Au regard du tissu économique constitué essentiellement de Très Petites Entreprises, il conviendrait d'appliquer le principe de zéro chiffre d'affaires = zéro charges.

Enfin, concernant le dispositif d'activité partielle, la prorogation du dispositif est d'ores et déjà actée pour certains secteurs tels que l'hôtellerie et la restauration. C'est une très bonne chose mais face aux difficultés qu'auront la plupart de nos secteurs économiques pour retrouver une activité normale d'ici la fin de l'année, nous souhaitons également une prolongation du dispositif d'activité partielle jusqu'à fin 2020. Il en va désormais de la préservation de l'emploi de milliers de salariés à La Réunion.

La situation économique de notre île est aujourd'hui très préoccupante et alarmante. Notre île ne pourra pas supporter qu'à une crise économique succède une nouvelle crise sociale.

La survie de nombreuses entreprises réunionnaises est désormais en jeu, c'est pourquoi ces mesures complémentaires de solidarité sont fortement attendues pour les accompagner dans la reprise de leur activité.

Nous savons l'attachement que vous avez à l'Outre-mer, c'est pourquoi nos entreprises ont bon espoir que leurs demandes régulièrement relayées depuis le début de cette crise, seront entendues.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l'expression de notre très haute considération.

Ibrahim Patel, président de la Chambre de commerce de La Réunion

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1 Commentaires
Daniel FAIVRE
Daniel FAIVRE
3 ans

Le Requin qui écrit a un autre requin