Tribune libre de L'Union des Femmes Réunionnaises

"Quelle valeur accorde-t-on donc à la vie d'une femme ?"

  • Publié le 12 juillet 2020 à 12:48

Depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron n'a cessé d'affirmer que la lutte contre les violences faites aux femmes serait la grande cause du quinquennat. Au lendemain du remaniement ministériel du 6 juillet 2020, l'Union des Femmes Réunionnaises partage la déception, la colère et l'indignation des forces progressistes du pays qui craignent une marche arrière en matière d'égalité pour les femmes. (Photo AFP)

Le nouveau gouvernement s'appuie sur des personnalités en contradiction avec la marche des femmes vers l'égalité. Cela constitue un signal clair que l'Etat adresse à la population et aux associations qui oeuvrent tous les jours aux côtés des victimes.

Ces nominations contredisent complètement les discours, les annonces et les préconisations du sommet de l'Etat depuis 2017. Elles dévoilent le peu d'intérêt et le manque de considération du pouvoir pour les millions de Françaises, nos soeurs, nos filles et nos mères, qui font l'expérience quotidienne des inégalités, des discriminations et des violences qui découlent du sexisme.

Pour répondre à toutes les victimes qui dénoncent des abus et des violences sexuelles, on nomme Gérald Darmanin au Ministère de l'Intérieur. Cet homme est lui-même accusé de viol ! Le faux-fuyant de la présomption d'innocence n'est pas recevable.

Cette excuse ne tient pas dans le cas d'affaires financières. Quelle valeur accorde-t-on donc à la vie d'une femme ? En tant qu'association de défense des droits de femmes, nous interrogeons ce gouvernement sur le droit des victimes à la présomption de crédibilité. En France, chaque année, 94 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol. Seulement 10% d'entre elles déposent plainte tandis que 76% des enquêtes sont classées. Désormais quelle valeur accordera-t-on encore à la parole des femmes dans les commissariats en France ?

De plus, le chef de l'Etat inflige un affront direct à tous les défenseurs de l'égalité entre les femmes et les hommes. Il confie le Ministère de la Justice à Eric Dupond-Moretti, l'un des plus ardents détracteurs des mouvements #MeeToo et #BalanceTonPorc, farouchement opposé à la loi sur le harcèlement de rue. Il est bien l'illustre avocat qui appuie ses plaidoyers sur la culture du viol.

Nous indiquons à Elisabeth Moreno, nouvelle ministre déléguée en charge de l'Egalité entre les femmes et les hommes, qu'à cause des nominations de ses collègues à l'Intérieur et à la Justice, "les blagues à la machine à café" ont encore de beaux jours et "les hommes [qui se sentiront] génés" sont ceux qui pensent que les femmes devraient avoir les mêmes droits qu'eux.

L'UFR rappelle son engagement en faveur du droit à la liberté, à l'égalité et à la dignité des femmes et des hommes. Nous demeurons aux côtés des victimes pour que la honte change de camp.

L’Union des Femmes Réunionnaises

guest
0 Commentaires