Tribune libre

Gestion des épidémies, les dysfonctionnements

  • Publié le 25 juillet 2020 à 08:44
  • Actualisé le 25 juillet 2020 à 08:46

Une délégation des sections retraités de l'intersyndicale, et associatifs ont été reçus par l'ARS le 9 juillet 2020, cette rencontre avait, entre autres, pour objectif de nous renseigner sur la gestion des épidémies successives, Chikungunya, Dengue, et de l'actuelle pandémie de Covid-19 à La Réunion, et de leurs dysfonctionnements. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

La gestion de la crise de la Dengue :

l’ARS nous a assuré que l’épidémie en cours depuis quelques années (stéréotype 2) était en voie d’être maîtrisée mais que l’apparition d’un nouveau stéréotype 1 avait compliqué la donne et qu’il était en progression ; l’ARS a déclaré que des moyens conséquents, avaient été mis en œuvre en particulier à La Réunion sans donner plus de précisions chiffrées si ce n’est le renfort du SDIS.

Malgré la déclaration de l’ARS consistant à nous annoncer que 99,9 % d’ appels d’usagers pour l’intervention d’équipes d’épandage  avaient été satisfaits, nous faisons part de nombreux appels restés sans réponses, chacun d’entre nous, avions des exemples personnels ou proches de notre entourage témoignant de dysfonctionnements, d’une absence cruelle d’équipes sur le terrain; nous avons également souligné l’insuffisance de coordination  entre les municipalités et les équipes de l’ARS  ayant en charge les unes et les autres, la lutte anti-vectorielle, celle-ci depuis 2019, est devenue une nouvelle mission de l’ensemble des ARS.

La gestion de la crise Covid-19  depuis son début  en mars sur l’île :

Nous n’avons pas obtenu de réponses à la question de savoir pourquoi les autorités avaient-elles tant  tardé à mettre en place des mesures pour limiter l’arrivée du Covid-19 à La Réunion tant au niveau de l’aéroport Roland Garros que du Port et s’ il n’y avait pas un problème d’autonomie de l’ARS, nous ne savons toujours pas qui, de l’ARS ou du Préfet, décide quoi et dans quel délai ?.

La Réunion est -elle prête à affronter une deuxième vague du Covid-19, la première vague n’a pas eu lieu, pour confinement précoce, mais, la pénurie généralisée de masques, surblouses, gants et tests, ajoutés à un manque de lits de réanimation,  aurait pu aboutir à une catastrophe sanitaire similaire à celle de l’hexagone, 30.000 décès sur une population de 67 millions.

L’ARS  nous a été répondu qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter outre-mesure étant donné le peu de circulation du virus sur l’île, que des brigades d’intervention suivront les cas contacts. La situation reste malgré tout " préoccupante " avec des cas dits " autochtones ", d’où la décision par l’ARS de la mise en place d’une campagne de dépistages volontaires et gratuits dans certains lieux publics, marchés forains par exemple, pour déceler d’éventuels cas positifs.  Un chiffre a retenu notre attention : sur 1790 tests proposés à des volontaires, seules 334 personnes y ont répondu...A suivre.

Actuellement, la "septaine" est arrêtée , un lieu d’isolement genre hôtel, ne serait pas maintenu pour les cas positifs, l’isolement se fera donc à domicile ; quid des conditions parfois difficiles voire impossibles d’isolement ?

Le test est obligatoire 72 ou 48 heures avant le départ dans le sens Métropole-Réunion, en revanche, le suivi J+7 à la Réunion, n’est pas obligatoire, néanmoins le Préfet et l’ARS souhaitent son maintien, comment ? Ils se contentent de le préconiser.

Que de consignes encore floues pour les usagers !

L’ARS n’a pas souhaité communiquer sur le niveau actuel de stocks de masques et des tests disponibles à la Réunion. Malgré nos nombreuses demandes, l’ARS s’est contentée de nous renseigner sur le niveau de livraisons de masques, 1 million 200 à 1million 500 masques arrivent tous les 10 jours dans l’île, sans donner aucun chiffre sur le stock existant. Le responsable ARS a botté en touche en parlant de pont aérien,nous répondant en termes de flux, or notre insularité exige un stock minimal permanent pour parer un éventuel blocage aérien. Au détour d’une question, nous avons appris que la préfecture possédait un stock  de masques à disposition des personnes les plus socialement fragiles, sans nous renseigner sur la procédure à suivre pour les ayant-droits.

En conclusion, le Préfet comme l’ARS ont très peu d’autonomie sur la gestion des transports aériens,  L’ouverture ou fermeture de l’aéroport dépend d’une décision nationale, le préfet n’aurait- t-il pas à convaincre le gouvernement que notre insularité exige des décisions locales ?  L’autonomie de l’ARS est limitée, il s’agit d’une déconcentration, et non d’une décentralisation qui serait plus pertinente pour les usagers ultramarins.

Il serait souhaitable et nécessaire de faire participer également les usagers à l’élaboration des politiques de santé publique, il s’agit d’un choix de société nous concernant tous.

Michel Roullot

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