Courrier des lecteurs de Jean-Claude Comorassamy

Lumière sur ce long et merveilleux chemin

  • Publié le 15 novembre 2020 à 10:07
  • Actualisé le 15 novembre 2020 à 10:19

Retour sur ce parcours de vie hors de l'ordinaire, de ces deux univers remplis de richesses, parfois de mystères, d'histoires... au coeur de l'usine sucrière de Stella St-Leu et l'hôpital psychiatrique de St-Paul. C'est ainsi, jour après jour, petit pas après petit pas, l'un après l'autre, me voilà achevant une aventure professionnelle riche, intense, passionnante et exceptionnelle dans ces deux lieux historiques, qui ont été témoins de ce long chemin parcouru. (Photo d'illustration : AFP - Miguel SCHINCARIOL)

Né juste à côté de ce " tabisman ", et depuis ma tendre enfance j’ai grandi aux bruits des moulins, de la cloche, sirène, charrettes bœufs, camions, parfums de la canne, de la mélasse et du sucre. C’est dans la lignée de mes grands-parents et père, qui en 1970 me fit embaucher dans cette usine sucrière de Stella. Usine, qui se trouvait à quelques pas de notre " case tabisman ", d’abord en paille puis en tôle. C’est dans ce " tabisman " de Stella, qui naturellement s’esquissera le tout début de ma longue vie professionnelle bâtie par des relations humaines fortes.

L’histoire débute, alors que j’avais à peine 17 ans et demi. Sortant du Lycée professionnel, et c’est grâce à mon père, que mon rêve de travailler dans cette usine va devenir une réalité. Enfin, me voilà entamant le début de ma vie professionnelle. Rapidement devenu un personnel permanent grâce à mon implication, et gravissant d’échelon en échelon jusqu’à 1978 au moment où ce verdict tombe, l’usine de Stella doit se soustraire à l’obligation de mettre la clé sous la porte.

- Un personnel formé, compétent, bienveillant, accueillant -

Cette période de huit années, m’a été d’une richesse extraordinaire aussi bien dans les relations aux autres que les compétences obtenues. Puisque, j’ai eu la chance et ce grand bonheur de travailler à côté de mon papa. Surtout de bénéficier de sa grande sagesse.

De plus, tous ces " travayers tabisman " ont été des personnes extraordinaires de part leurs métiers et la passion dégagée, ils ont bâti solidement, leurs valeurs sur l’expérience, la loyauté, le sens du devoir, l’engagement et le respect. Toutes ces personnes ne peuvent s’imaginer ce qu’elles m’ont apporté de meilleur pour la suite de ma carrière professionnelle.  Malgré que ces belles rencontres aient pris fin en mi-année 1978 au moment même de mon départ vers cet hôpital qui m’a autant passionné dont j’ai retrouvé encore des personnes bienveillantes et accueillantes qui m’ont tout apporté et appris.

Se sera " la psychiatrie asilaire " de l’époque qui m’accueillera dans ces mûrs et dans son monde pour cette très longue et passionnante vie professionnelle. Après un stage probatoire de 3mois, je suis stagiarisé puis titularisé comme agent de service hospitalier qualifié. Motivé et passionné par mon emploi à cet hôpital psychiatrique et surtout au " pavillon des enfants, que j’entamais d’abord une formation d’aide médico-psychologique de dix huit mois au Centre Régional pour l'Enfance et l'Adolescence  inadaptée (CREAI de l’époque), puis trois années d’études dans la formation d’éducateur technique spécialisé à l’Institut régional du travail social (IRTS), puis éducateur spécialisé.

Cette grande expérience professionnelle nourrie avec l’équipe et enfants/familles accompagnés,  portera ses fruits durant toute ma carrière professionnelle, puisqu’elle a duré quarante et un an jusqu’à la fin 2019. Avec de très joli et délicieux moment de partage avec les équipes, dont je suis éternellement très reconnaissant. Car, je suis super fier d’avoir côtoyé tous ces héros hospitaliers pendant ce long parcours. Oui, vous êtes des personnes exceptionnelles avec beaucoup de richesses potentielles.

Mais au-delà de cette grande satisfaction, et fort de cette expérience enrichissante, je me dois de dire que cette aventure professionnelle a été une véritable source d’inspiration quotidienne. J’y ai découvert un public adolescent hospitalisé assez formidable dans la coopération thérapeutique. Puisque j’ai exercé ce beau métier d’éducateur, en une vocation où l’outil principal a été la relation et le soutien aux autres.

Bien sûr, ce ne fut pas simplement des mûrs façonnés par près de trois siècles d’histoire, mais surtout des personnes formées, compétentes, bienveillantes, accueillantes qui partageaient, transmettaient un savoir, une passion, une conviction de la psychiatrie à ceux qui débutaient leur carrière. A l’époque, je faisais moi-même partie de ces débutants.

Je voulais aussi dire que si rien ne nous prédestinait à nous rencontrer, malgré tout nous avons su tisser des liens forts, faire un bout de chemin ensemble. Et d’écrire une page de l’histoire de la psychiatrie réunionnaise dans ce grand et beau livre où des milliers de pages restent encore à écrire.

C’est une vraiment une volonté de ne pas vous oublier, de vous encourager et d’avoir aussi cette grande reconnaissance à tous ces métiers qui fondent cette institution de santé mentale. Car ce don de soi que nous avons tous investis en psychiatrie, pour aider les autres (famille, enfant, adulte…), a nécessité une conscience, un savoir, un savoir-faire et un savoir-être exemplaire, même dans les moments les plus difficiles. C’est comme cela, que j’ai pu réaliser ce rêve après lequel je courrais, devenir éducateur en milieu de la pédopsychiatrie. A croire qu’en finalité, on finit toujours par trouver sa voie quand l’on s'écoute.


Jean Claude Comorassamy

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1 Commentaires
Pascale
Pascale
3 ans

Un plaisir de retrouver ta plume tes écrits me bouleversent toujours ta générosité et ta sagesse sont un exemple pour tous tu décris si bien notre travail et l implication de chacun