Leur fréquentation en hausse

Service gagnant pour les restaurants de l'ouest

  • Publié le 14 janvier 2021 à 02:59
  • Actualisé le 14 janvier 2021 à 09:54

Profitant de la présence de nombreux touristes à La Réunion, les restaurants de l'île font carton plein depuis la mi-décembre. Le phénomène est d'autant plus notable dans l'ouest du département, où certains établissements affichent complets lors de chaque service. Ce constat est plus nuancé à Saint-Denis, où certaines enseignes rencontrent toujours des difficultés (Photo d'illustration : rb/www.ipreunion.com)

"Ça déborde de clients !" Pour Massimo, directeur du restaurant La Bonne Marmitte à la-Saline-Les-Bains, les affaires sont plus que bonnes en ce moment. La levée des motifs impérieux du 15 décembre dernier, coïncidant avec la réouverture de l'aéroport Gillot de Saint-Denis, a constitué une véritable bouffée d'air frais pour les restaurateurs de la région. Dans "le dur" depuis le début de la crise sanitaire, l'arrivée de milliers de touristes à La Réunion leur a ainsi permis de redorer leur chiffre d'affaires, en chute jusqu'ici.

L'aéroport Roland Garros a enregistré 12.400 passagers au départ et à l’arrivée, durant le premier week-end des vacances de l’été austral, les 19 et 20 décembre. Si les nouveaux bilans ne sont pas encore établis, l'aéroport s'attendait à "des vagues importantes de départs" par la suite. Une très forte affluence a été observée fin décembre et début janvier.

- Obligé de refuser des clients -

Couplées à la présence des touristes, les vacances scolaires d'été, qui s'étendent cette année du 19 décembre au 25 janvier, arrangent encore davantage les enseignes de restauration. Voyageurs étrangers et métropolitains se mêlent ainsi à la clientèle locale et viennent ensemble garnir leurs tables. "On est complet tous les soirs", se réjouit Massimo. "On est même obligé de refuser du monde avec les restrictions sanitaires. Depuis l'ouverture de l'aéroport on n'arrête pas. Environ 150 couverts sont servis chaque jour. On profite du fait que La Réunion et les Antilles soient des destinations particulièrement prisées en ce moment et ensuite, le bouche à oreille fait le reste." L'afflux de touristes a permis à La Bonne Marmitte de multiplier sa clientèle par cinq en quelques jours. "On réalisait entre 25 en 30 couverts par soir en semaine en novembre, et une centaine le week-end. Là, sans les mesures sanitaires à respecter, on pourrait facilement atteindre les 190 couverts." 

Ces propos vont de concert avec ceux de Glenn Dané, gérant de l'établissement Le Sauvage à Saint-Gilles-les-Bains. "Nous avons la chance d'être quasiment complets tout au long de l'année, mais en ce moment, on passe nos journées au téléphone à refuser des réservations, ça n'arrête pas. Avec les mesures sanitaires, des employés sont spécialement dédiés à la gestion des clients pour qu'ils respectent les distanciations."

- La Réunion, dans le top des destinations -

Toujours à Saint-Gilles, le restaurant La Cuisine Éphémère est lui aussi envahi de touristes. "On remarque qu'il y a une grosse affluence en ce moment", affirme son gérant Antoine Wherle, qui s'attend même à ce que cela continue encore quelques temps. "Je pense qu'il y en a encore pour une à deux semaines. On a connu une explosion de la fréquentation à la mi-décembre. Il y maintenant plus de clients à partir de 13h. Sur une journée, cela représente 250 couverts au total, c'est bon d'un point de vue business !"

Les affaires tournent bien dans l'ouest mais aussi dans le sud de l'île, ce qui ravit François Jehan, gérant du D.C.P à Saint-Pierre. Lui aussi a constaté "une nette augmentation dès la mi-décembre quand les Métropolitains ont pu venir", explique-t-il. "On est quasiment complet à chaque service, midi et soir, ce qui correspond à une cinquantaine de couverts. Je m'y étais préparé et j'avais averti mes équipes, mais là on s'est fait dévaliser. On l'a bien senti dès le premier week-end vu que le chiffre d'affaires a doublé. On ne s'attendait pas à quelque chose d'aussi important. Certains clients nous ont confié qu'ils avaient opté pour La Réunion car les stations de ski étaient fermées. Et là je pensais qu'ils allaient repartir après les fêtes mais ce n'est pas la cas donc tant mieux pour nous !"

Il faut dire que pendant les vacances notamment, La Réunion avait le vent en poupe. Dans une étude dévoilée par Le Parisien, les Outre-mer font partie des destinations favorites des Français en 2020. Un classement établi par le comparateur Liligo. Si le Portugal avec sa capitale Lisbonne est en tête du palmarès, la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion arrivent juste derrière.

- Un constat légèrement nuancé à Saint-Denis -

Surfant sur le fait que Saint-Denis soit souvent un lieu de passage pour les touristes qui descendent de l'avion, les différentes enseignes du chef-lieu se portent très bien ces dernières semaines. "Avec les vacances, on a constaté une hausse de l'activité, ce qui est plutôt une bonne nouvelle", déclare Antoine Morel, gérant de la brasserie Le Saint-Hubert. "Il a fallu renouveler nos équipes pour être sûr de gérer correctement l'affluence dans le restaurant. En termes de chiffres, on vient de clôturer le mois et on s'aperçoit que l'on refait à peu près ce que l'on a connu l'année dernière. C'est bien mais ça ne rattrapera pas ce qu'on a perdu sur toute l'année."

Selon lui, les clients jouent bien le jeu. "Ils arrivent masqués, ils marquent leurs noms sur les cahiers de rappel, ils suivent vraiment les consignes. Ils ont envie de ressortir. On sent que la peur qu'ils pouvaient avoir en début d'année est en train de se calmer petit à petit."

Même son de cloche pour Yann Queffelec, directeur de plusieurs restaurants à Saint-Denis, dont le Café Édouard et le KT-Dral. "Pour le moment nous avons beaucoup de monde. Les gens sortent. On n'enregistre pas de baisse de fréquentation. Il y a énormément de touristes en ce moment, ils restent un jour ou deux sur Saint-Denis."

Mais les tables ne sont pas occupées que par des touristes extérieurs, loin de là. "Généralement, ce sont les Réunionnais qui viennent chez nous. J'espère que l'affluence sera toujours la même dans les jours qui arrivent. Par rapport à l'année dernière, on sent qu'il y a eu un petit boom. Tout le monde vient chez nous !"

- Certains établissements encore en difficulté -

Là où certains établissements soufflent sur le plan économique, d'autres restent malheureusement dans une situation plus délicate, notamment à Saint-Denis. Se reposant sur une clientèle en partie locale, le Coffee Shop accuse ainsi une baisse de son chiffre d'affaires de l'ordre de 40%. "En ville, on peut voir des places de stationnement libres, je n'ai jamais vu ça à cette période", déplore son gérant, Charles Petit. "On voit que l'activité le soir est dynamique mais nousn nous ne sommes pas ouverts en soirée donc on ne peut pas en profiter. On a vu que des touristes étaient revenus mais quand ils viennent à La Réunion ils ne font que passer rapidement à Saint-Denis. La ville a un manque d'attrait."

La mise en place du télétravail serait une des causes de ce ralentissement de l'activité. "Notre clientèle habituelle nous dit qu'elle ne peut pas venir. On aurait pu aller sur de la vente à emporter mais on ne peut pas vraiment la mettre en place. Les villes de l'ouest profitent plus du tourisme et les Réunionnais qui ne peuvent pas sortir de l'île vont vers les stations balnéaires. Coucher de soleil, plages et cocotiers, c'est mieux que le centre-ville bondé, sans parking et avec des places payantes. Les gens avaient moins peur l'année dernière et ne restaient pas cloîtrés chez eux... Mais on n'est clairement pas à plaindre par rapport à la Métropole."

Jeudi 7 janvier, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que les restaurants devraient rester fermés pour ce mois de janvier en Métropole. Épargnés, les établissements péi rencontrent toutefois des difficultés à se projeter pour les semaines à venir. "On n'a pas trop de visibilité. Aujourd'hui, on n'est plus capables de travailler sur des prévisions, on doit faire en fonction de l'évolution de l'épidémie et des décisions de l'Etat. Concernant mon cas personnel, j'estime que je ne suis pas à plaindre. On s'en sort à peu près et on a pu garder tous nos salariés", relativise ainsi le gérant du Saint-Hubert.

vl/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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