"Sept ans" et "Pardonnez moi" au festival du film de la Réunion

Huis-clos et drame familial en ouverture de la compétition

  • Publié le 30 novembre 2006 à 00:00

Pour le lancement de la compétition, la sélection du festival du film de la Réunion s'est portée sur un huis clos et un drame familial avec la diffusion, mercredi 29 novembre 2006 au Ciné Cambaie, de "Pardonnez moi" et de "Sept ans". Le désir, la séparation, la quête de soi, l'amour, la complexité des liens intra-familiaux étaient au menu de cette soirée.

Deux univers, deux ambiances mais atmosphères à la fois intimiste et sur le fil pour les deux films. Les premiers longs-métrages diffusés dans le cadre de la compétition du festival du film de la Réunion mercredi 29 novembre au Ciné Cambaie de Saint-Paul nous parlent de nous.
En première partie de soirée, "Pardonnez moi", réalisé par Maïwenn le Besco raconte l'histoire d'une femme enceinte qui veut offrir un documentaire sur sa famille à son enfant. Sa démarche l'emmène dans les secrets les plus profondemment enfouis dans les consciences. Caméra au poing, elle fait éclater les vérités et les drames avec les cris et les larmes qui les accompagnent. "Ce n'est pas un film autobiographique mais autofantasmique. J'y ai mis mes fantasmes", dit la réalisatrice. Un premier film débuté sur fonds propres mais qui a rapidement emporté l'adhésion de comédiens confirmés comme Pascal Gréggory ou Hélène de Fougerolles. L'acteur base sa décision d'accepter sur les rapports qu'il a avec le metteur en scène, tandis que l'actrice a donné son accord les yeux fermés. "Ce film est un petit bijou, je suis fière d'être dedans. Il est à la fois personnel et universel, tout le monde s'y retrouve. Il met la famille face à ses responsabilités", explique Hélène de Fougerolles tout en jonglant avec les doudous de sa petite fille de trois et demi.
Généreuse et d'une gentillesse désarmante, celle que l'on aurait trop vite fait de prendre pour une simple jolie fille cultive la disponibilité "parce que je sais d'où je viens et je sais que je pourrais y retourner ". En professionnelle, elle sait que l' " on récolte ce qu'on sème". Quant à Yannick Soulier, qui joue le compagnon de Maiwenn le Besco, il a profité d'une pause dans le tournage des "Mariés de l'Île Bourbon", à la Réunion, pour soutenir le film. "Ce film est un hymne à la vérité dans la famille et vis-à-vis de soi même, une condamnation du non dit et de la lâcheté. La sincérité est un parcours compliqué", dit-il. Et, petite nouvelle sur les écrans, Rita Dallé joue un rôle taillé sur mesure : elle est la meilleure amie de Maiwenn le Besco à la ville comme dans le film.

Entre réalité et fiction

Diffusé en deuxième partie de soirée, "Sept ans" est un questionnement sur le désir, l'éloignement et l'amour. Un couple séparé par l'incarcération de l'homme pour sept ans fait tout pour perpétuer le lien du désir sans contact physique. Un jour, la femme, Maïté, rencontre un inconnu à la sortie de la prison et s'offre à lui. Elle apprend plus tard que celui qui est devenu son amant, joué par Cyril Troley, est en fait gardien à la prison de son mari. Entre culpabilité et envie, un couple à trois va finir par se former. "J'ai connu personnellement un couple qui n'avait plus qu'une relation de parloir de prison. Dans ces conditions, je me suis demandé comment l'amour pouvait se prolonger", explique Jean-Pascal Hattu, le réalisateur.
Au départ, l'idée était de tourner un documentaire sur le sujet mais il s'est heurté au refus de l'administration pénitentiaire. En revanche, un ancien gardien de prison était présent sur le tournage pour donner un maximum de crédibilité aux gestes de Cyril Troley. Et si le réalisateur jongle avec la réalité et la fiction, ce n'est pas pour rien. On doit à Jean-Pascal Hattu des documentaires de l'émission culte "Strip Tease". Mais c'est plutôt dans le cinéma de Bergmann, Bresson, Téchiné ou Doillon qu'il puise son inspiration. Les trois courts-métrages qu'il a précédemment réalisé sont déjà des huis clos.
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