Musique

La fructueuse récolte de Grèn Sémé

  • Publié le 16 août 2008 à 00:00

Le jeune groupe de Maya Pounia, fille du grand Gilbert, a été remarqué lors de sa prestation au dernier Sakifo par Bernard Aubert, organisateur de la Fiesta des Suds, illustre festival marseillais. La bande des six musiciens va même participer à la 16ème édition, en octobre prochain. Un début de la consécration pour cette formation en devenir, une belle opportunité pour La Réunion culturelle et artistique.

Né il y a deux ans de la rencontre entre six étudiants réunionnais à la fac de Montpellier, Grén Sémé allie le maloya traditionnel (celui de Waro, Viry, Gramoun Lélé, Gramoun baba...) aux tendances actuelles et un peu moins actuelles (electro, jazz, reggae... ) Ouvert à toutes les expériences, il projette de s'orienter vers le dub, la transe mais aussi de s'essayer, pourquoi pas, au séga. Pour le public, deux réactions : il aime la musique proposée et aide alors à faire pousser la graine, ou il n'aime pas et laisse tomber le germe. D'où le nom du groupe, choisi par le chanteur et compositeur, Carlo Desacco. " Les gens disent Grèn semé mais c'est en fait Grèn sémé explique Maya Pounia, qui chante, joue de la guitare et écrit les textes avec Carlo. Il y a un jeu de mots subtil entre semer et s'aimer ! ".

Double casquette pour Maya

Pour cette jeune fille âgée de bientôt 23 ans, étudiante en administration culturelle, la musique n'était pas forcément une voie toute tracée. " Je baigne dedans depuis l'enfance grâce à Ziskakan, j'ai souvent accompagné mon père, confie-t-elle. Mais, trop timide pour oser me lancer seule, j'ai longtemps renié la discipline, préférant me consacrer à fond au sport. Et puis il y a cinq ans, j'ai monté un petit groupe. On chantait en français. Un peu après, il y a eu Grèn Sémé. Et je commence seulement à me lâcher vraiment ! ". Seule fille au milieu de cinq gaillards (" ce sont mes frères ", dit-elle avec tendresse), Maya est aussi celle qui gère l'image de Grèn sémé, qui s'occupe de trouver des scènes, d'aller aux devants des programmateurs, producteurs et médias. Ses études en administration culturelle l'ont naturellement guidée vers ce rôle. Une double casquette pas toujours évidente à assumer. "Tel un vrai manager, je peux parfois être très dure et sèche avec les autres musiciens, déclare-t-elle. Et, comme je suis aussi membre du groupe, ça coince parfois. Ils ont du mal à accepter. Du coup, on cherche quelqu'un d'extérieur pour assumer tout le côté communication. "

Sur un nuage

Depuis l'expérience Sakifo, Grèn Sémé est sur un nuage. Outre un précieux ticket d'entrée à la Fiesta des suds, le festival de Jérôme Galabert leur a apporté une reconnaissance médiatique et plein de nouveaux fans. Le rêve semble enfin à portée de main. " C'est formidable pour nous car on n'a peu de moyens, nous ne sommes que de petits étudiants. A part les passeports mobilité qui nous ont permis de venir en métropole, nous n'avons aucune aide. Quand on est invité quelque part, en première partie d'Ousanousava en métropole par exemple, on paye nous-même nos billets de train. Jusqu'à présent, on a eu du mal à se faire respecter, à être pris au sérieux, poursuit Maya. On se produit sur le campus, dans des bars à Montpellier, on travaille avec des associations. Notre chance, c'est qu'on est le seul groupe musical réunionnais de la ville ". Agés de 19 à 26 ans, les membres du groupe parviennent à concilier études (musicologie pour les uns, informatique ou philo pour les autres) et passion sans trop de mal. Hormis Carlo, qui vient d'obtenir son diplôme de professeur de tennis, les autres reprennent le chemin de la fac à la rentrée. Après quelques scènes réunionnaises bien sûr. L'ambition ultime de Grèn Sémé serait d'enregistrer un album. Les fonds manquent encore. Mais, avec les opportunités offertes par le Sakifo, l'avenir s'annonce vraisemblablement plein de bonnes surprises. " Les études, c'est capital pour moi. Et pour mon père, c'est ce qui compte d'abord, conclut Maya. Mais, si ça devait vraiment marcher un jour pour nous, je crois que je serai prête à choisir la musique ! ".

Grèn Sémé à La Réunion : samedi 16 août au musée de Villèle, le 17 août à l'Ilot (Saint-Louis), le 22 août au Pub à tapas (Saint-Pierre), le 24 août à l'Hémisphère (Saint-Gilles)
A Marseille : Fiesta des suds, du 17 au 31 octobre 2008


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