Culture urbaine

La passion du rap

  • Publié le 12 janvier 2009 à 00:00

Le rap a fait ses premiers pas à La Réunion, il y a une quinzaine d'années. Ce style musical fait partie du grand mouvement hip hop né à New York au début des années 70 avec le groupe Grandmaster Flash. Véritable art du maniement des mots et du corps, le hip hop a plusieurs déclinaisons : graffs, danses, slam et bien sûr le rap.

Le mouvement local a débuté au milieu des années 80 avec la diffusion par RFO de l'émission télé de France 2 "Hip Hop". Animée par l'emblématique Sydney, auteur du slogan H.I.P. H.O.P, l'émission a suscité bien des vocations, à La Réunion notamment. "Les jeunes ont commencé à s'initier à partir de cette période" estime James, chanteur producteur.

Les premiers rythmes et les rimes en créole sur fond de musique urbaine commencent à retentir dans la rue. Les jeunes Réunionnais sont rapidement séduits par les influences musicales américaines véhiculées par la télévision. Au milieu des années 90 le premier groupe de hip hop, R groove, est créé. Il vient d'ouvrir la voie. Au fil des années, ils auront pour héritiers les rappeurs Atep et Laz, Cedc, Futur Crew, K-libre 420...

James se souvient encore des débuts du mouvement. "À l'époque, on travaillait sans la technologie. Nous étions accompagnés par des musiciens acoustiques. C'est d'ailleurs ce qui faisait notre originalité", relate-t-il. Les artistes font alors leurs premiers pas sur les scènes des kabars. Ils développent un style bien à eux, mélangeant des paroles en créole, en français et en anglais. Le groupe K-libre 420 est l'un des spécialistes du genre.

Le KS (kréol style) ne tarde pas à apparaître au Chaudron (Saint-Denis). Le crew (mouvement) regroupe une trentaine d'artistes, Km, Renlo, Kenshiro, .... Quelques-uns sont encore présents sur la scène et continuent à sortir des albums. "Atep, Alex, tous les rappeurs actuels qui donnent tout son rayonnement au hip hop local, viennent de cette génération" souligne James.

Aujourd'hui, dans leur apprentissage autodidacte, les jeunes sont de plus en plus aidés par la technologie. "Au début, on rappait dans la rue sur des instrus (instrumentation - ndlr) déjà faites", explique le rappeur Le.K . "Petit à petit, nous avons commencé à nous équiper en matériel et en logiciels. Nous sommes ainsi devenus maîtres de notre musique".

Pourtant selon James "le rap n'est plus ce qu'il a été. Il y a un manque d'innovation et d'originalité pour relancer la machine. Les jeunes préfèrent de plus en plus s'exprimer à travers d'autres styles musicaux comme le dancehall".
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