Après la polémique blackface au Festival "Même pas peur"

La nouvelle affiche contre la censure dévoilée

  • Publié le 4 janvier 2018 à 02:58
  • Actualisé le 4 janvier 2018 à 10:31

Accusée de "blackface", Aurélia Mengin, l'organisatrice du Festival du film fantastique "Même pas peur" dévoilait ce mercredi 3 janvier 2018 la nouvelle affiche de la manifestation organisée du 21 au 24 février 2018 au cinéma Henri-Madoré de Saint-Philippe. Une image où on la voit tenir entre ses mains un clap de cinéma sur lequel on peut lire "autocensure" et on où on la voit bâillonnée avec une pellicule scotchée sur la bouche. Une référence volontaire et une réponse express à la polémique née après l'intervention du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN).

 

Ses représentants taxaient en effet de raciste la première affiche présentée la semaine dernière par les organisateurs. On y voyait deux femmes blanches nues peintes en noir vinyl avec des nids de béliers en guise de coiffure.

"Après la photo du footballeur Antoine Griezmann déguisé et maquillé en joueur noir des Harlem Globetrotters, le Cran polémique sur un nouveau cas de blackface qui concerne cette fois La Réunion. Pour rappel, le blackface vient d'une pratique théâtrale qui s’est développée à partir du XIXe siècle aux États-Unis, conduisant des acteurs blancs à se peindre le visage en noir pour interpréter des personnages caricaturaux de noirs", pointait du doigt le CRAN dans un communiqué.

La structure obtenait finalement le retrait de cette affiche. Car après la polémique, Aurélia Mengin s’était engagée à la remplacer. C’est désormais chose faite avec la nouvelle image publiée. La réalisatrice dénonce la censure dont elle estime avoir été victime. Après la polémique survenue la semaine dernière, elle réagissait elle aussi dans un communiqué.

"L’affiche de notre 8ème édition met ainsi en scène deux siamoises amazones, mi-femmes, mi-oiseaux, dont la peau vinyle est faite de peinture et dont la chevelure constituée de nids de bélier, évoque les perruques du temps de la Renaissance", précisait-elle. "L’affiche n’est ni raciste, ni blessante, juste mal interprétée", ajoutait la réalisatrice.

Lire aussi : Festival "Même pas Peur" à La Réunion - Le Cran obtient le retrait de l'affiche "blackface"

Elle rappelle également qu’il y a deux ans, son travail pour l’affiche l’avait amené à créer des amazones de sable noir du volcan. Ces justifications ne suffisaient pas aux yeux du CRAN.

"L'organisatrice du festival Aurélia Mengin a expliqué qu’elle était métisse, comme si le fait d’être née d’une mère noire et d’un père blanc était une sorte de joker donnant le droit de faire tout et n’importe quoi", dénonçait ensuite le Cran.

Un avis loin d'être partagé par le maire de la commune d'accueil du festival depuis sept ans Olivier Rivière. Il évoque une "polémique regrettable menée de façon véhémente par le président du CRAN qui accuse et condamne cette affiche comme définitivement raciste", lance-t-il dans un communiqué.

Selon lui, le représentant du collectif continue de qualifier l'événement culturel de "festival du film raciste" en interpellant les différents partenaires afin d'obtenir le "boycott" de Même pas peur. L'élu dénonce avec fermeté "les méthodes employées pour faire pression sur la directrice du festival." Et l'édile saint-philippois annonce que la ville utilisera la première affiche "stigmatisée" dans le cadre du festival.

Il invite les responsables du CRAN à un "dialogue apaisé afin d'éviter les réactions primaires qui freinent la réflexion pourtant nécessaire à cet exercice délicat et noble qui est de combattre et de condamner les actes racistes", ajoute-t-il. Selon lui, la culture ne doit pas avoir de couleur.

ts/www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Emmanuel Buriez
Emmanuel Buriez
6 ans

Que l'on partage ou non les actions et les manières du CRAN, je ne me prononcerai pas sur ce point, le débat ici n'en reste pas moins vrai...
Que Madame Aurélia Mengin s'estime " victime de censure " ne change pas le fait que je suis victime de racisme régulièrement, quel qu’en soit le domaine, quel qu’en soit le lieu et ce tout autant que les femmes sont victimes de machisme, de sexisme de misogynie de harcèlement sexuel... et ce n'est pas une estimation, ni une approximation ni un ressenti, mais juste une triste vérité incontestable, de nombreux sont clairement définis et établi comme tel... Comme c'est le cas du blackface !
Vous le saviez n'est ce pas ?
Alors effectivement ne vous en déplaise Madame Mengin le racisme est un fait reprochable dont elle aurait put s'abstenir sur son affiche après les différentes polémiques à ce sujet.
Ceci n'a pas à être toléré quelles qu’en soient les explications fournies quelle qu'en soit la méthode.
La première chose à faire dans ce cas aurait été des excuses... Ce qui n'a pas été fait, rebondissant sur l'effet médiatique de la polémique pour se mettre plus encore en avant et se porter martyr...
Madame, nous avons en commun de faire du cinéma, vous savez pertinemment j'en suis sur, que l'on fait du cinéma pour les gens, et que seul compte leur avis ; vous offrez ce que vous êtes, vous exposez votre vulnérabilité, vos pensées, votre corps, vous ouvrez votre esprit tout cela au public... Ce n'est donc pas à vous de reprocher ce que les gens interprètent ou de définir s'ils interprètent " mal " l'interprétation a été faite, s'il n'y avait pas sujet à polémiquer je ne vous adresserez pas ce commentaire.
Car oui des personnes ont été blessée par cet énième blackface cette année qui certes avouons-le n'est pas de l'impact médiatique - car sans vouloir abaisser, atteindre, ou entacher votre égo vous êtes bien moins connu - de Griezmann (qui lui s'était excusé cependant).

Tout ceci est profondément regrettable.

Cependant que la vie vous berce, une bonne année 2018 je l'espère pour vous bien moins négligent.
Sans rancune ou vans véhémence aucune, je me permets juste de m'exprimer, ou de vous faire remarquer votre bourde qui en était une...

Emmanuel Buriez