Plus pauvres, malades et précaires

Gramounes, ces grands oubliés qui souffrent en silence

  • Publié le 22 mai 2019 à 03:00
  • Actualisé le 22 mai 2019 à 10:47

La quatrième édition du salon des seniors se tiendra au parc des expositions à Saint-Denis du 31 mai au 2 juin. Un salon dédié à la " silver économie " plus largement. Au-delà de la zumba géante et autres activités du genre, les gramouns pourront rencontrer des agents de la Caisse générale de la sécurité sociale, des conseillers des caisses de retraites, des experts de l'habitat pour personnes âgées à faibles revenus, des associations impliquées dans les pathologies qui touchent majoritairement les seniors... Aujourd'hui, ce type d'initiative se multiplie, de nombreuses start-up investissent le marché de la " silver économie ". Et c'est l'avenir, en 2050, un quart de la population réunionnaise aura plus de 60 ans. Une tendance nationale qui aura des répercussions tonitruantes localement. Nos gramouns sont trois fois plus pauvres que les personnes âgées métropolitaines, plus précaires et plus malades. (photo rb/www.ipreunion;com)

Quand l'exécutif les frappe (encore) au porte-monnaie

Les errements du gouvernement sur la question de la CSG appliquée aux retraites ont eu des conséquences dramatiques pour les petites pensions.  Encore plus à La Réunion, un tiers des gramouns déclarent des revenus inférieurs à 800 euros par mois. La part des 65/75 ans déclarant des revenus inférieurs à 1 000 euros par mois à La Réunion est de 45,2% contre 14,1 dans l’Hexagone. Trois fois plus. Des retraités qui vivent à l’euro près. Et eux, contrairement à l’État, ne peuvent pas se permettre de tâtonner.

Des gramounes qui vivent de moins en moins bien 

La conséquence directe de cette pauvreté, ce sont les conditions de vie de nos aînés qui se dégradent. Les seniors sont de plus en plus nombreux à vivre dans des bidonvilles. Les bailleurs sociaux ou privés font la sourde oreille à leurs requêtes et continuent à s’enrichir sur leur dos. Un phénomène dénoncé par la Confédération nationale du logement depuis plusieurs mois. L’association de locataires décrit des situations surréalistes de personnes âgées croulant sous des charges locatives qui ne cessent d’augmenter, obligées de vivre dans des logements insalubres. La CNL en appelle au pouvoir public et attend un éveil des consciences sur la question de l’habitat pour les seniors réunionnais. 

Lire aussi : logement: le cri d'alarme de la CNL pour les personnes âgées

La dépendance des personnes âgées plus forte ici que dans l'Hexagone

Des conditions de vie indécentes qui ont peut-être des conséquences sur la santé de nos aînés. Une enquête menée conjointement par l’Agence régionale de santé, le Département de médecine générale de l’université de la Réunion et le Collège des généralistes enseignants océan Indien met en lumière les problématiques auxquelles sont confrontées les gramouns réunionnais sur le volet médical. Ils ont une espérance de vie plus courte que leurs homologues métropolitains et la dépendance est non seulement plus forte mais aussi plus précoce qu’en métropole.

Isolés et malades

Nos personnes âgées sont aussi de plus en plus isolées. 46% des séniors ont un risque de dépression, 32% un risque de troubles de la mémoire, 23% un risque de dénutrition et 14% un risque de chute. Toutefois, pour le moment, la solidarité familiale est toujours de vigueur dans le département : 70% des gramouns reçoivent de la visite au moins une fois par semaine de la part de leur entourage familial.

Une fracture numérique bien installée

Pour rester en contact avec leurs proches, de plus en plus de gramouns sautent le pas et entrent dans l’ère d’Internet. Mais ils sont une minorité, faute de moyens et d’intérêt, en réalité, ce sont surtout les jeunes seniors qui s’y mettent. Les autres restent sur le bord de la route, une difficulté supplémentaire pour nos gramounes dans cette époque où la dématérialisation est tendance. Les institutions ont beau mettre des services en place, tenter de sensibiliser la troisième et la quatrième jeunesse à la question du numérique, la fracture numérique est bien installée.

Pas assez de place

L’autre défi auquel les communes et collectivités seront confrontées, c’est l’hébergement des personnes âgées. Sur la question, La Réunion est un des départements les plus sous-dotés de France. Le nombre de place en hébergement pour mille personnes de 75 ans et plus est de 41,5 à La Réunion contre 123,2 dans l’Hexagone. Le conseil départemental associé à plusieurs acteurs du domaine se sont engagés à réduire cette différence. Et ça urge…

Un enjeu majeur 

Le vieillissement galopant de la population réunionnaise est un des enjeux majeurs de notre société pour les années à venir. Pour le moment, les réponses ne sont pas à la hauteur de ce défi. Ce salon dédié aux seniors est un début de réponse, tout comme les actions menées par le tissu associatif local toutefois, tout est question d’argent, les pouvoirs publics vont devoir investir massivement dans ce domaine pour que nos gramouns ne se retrouvent pas une situation plus précaire qu’ils ne le sont aujourd’hui. 

fh/www.ipreunion.com

redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Daniel FAIVRE
Daniel FAIVRE
4 ans

Merci pour cette article que je partage