Classé monument historique

Domaine de Villèle ou la reconversion d'un lieu symbole de l'esclavagisme

  • Publié le 20 décembre 2019 à 02:59
  • Actualisé le 20 décembre 2019 à 06:57

Depuis le 12 décembre 2019, l'intégralité du domaine de Villèle a été classée Monument historique par la Commission nationale de l'architecture et du patrimoine. Une belle reconversion pour domaine, érigé au 18ème siècle, qui a abrité pendant près de deux siècles l'une des familles les plus fortunées de La Réunion, dont l'histoire est étroitement lié à la période esclavagiste de l'île (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Située à Saint-Paul, la propriété a appartenu à la famille de colons créoles Panon Desbassayns. Fortunés, ils ont instauré sur leur propriété une vaste culture de coton, de café, puis de canne à sucre. La culture était assurée par de nombreux esclaves : le domaine de Villèle est d'ailleurs l’une des plus vastes propriétés coloniales de l’île et en possède encore tous les éléments (maison de maître, dépendances, longères, cuisine, jardins, terrasses et usine de production).

En 1845, trois ans avant l'abolition de l'esclavage, la famille Desbassayns possédait deux habitations à Saint-Paul représentant 492 hectares de surfaces cultivées et une force de travail de 401 esclaves. Après l'abolition, ce sont des travailleurs, les "engagés", qui reprennent la main sur les cultures.

Tenus par Ombeline Desbassayns de 1800 à 1846, le domaine passe entre les mains de ses enfants à son décès. C'est au final Céline, l’une de ses petites-filles mariée à son cousin Frédéric de Villèle, neveu du ministre des finances sous la Restauration, Joseph de Villèle, qui reprend l'exploitation. C'est au nom de son mari que le domaine change finalement de nom pour "Villèle".

La culture de la canne commence peu à peu à décliner, et l'exploitation connait de nombreuses difficultés à la fin du 19ème siècle. Les difficultés s'accumulent, et, finalement, la propriété est cédée en 1960 à une société de crédit.

Dans les années 1970, la famille déménage définitivement en France métropolitaine, une page se tourne dans l’histoire des grands domaines sucriers. Une fois vide, le domaine est transformé en musée en 1976.

Ombeline Desbassayns, une figure de l'esclavagisme


La figure symbolique du domaine reste Ombeline Desbassayns, qui a géré l'exploitation d'une poigne de fer. Personnage controversé, elle est particulièrement connue pour sa cruauté envers les esclaves exploités sur ses terres. Au fil des années, elle a intégré à part entière l'imaginaire réunionnais sous les traits de "granmèr Kal", une sorcière capable des pires horreurs. Elle cristallise à elle-même le passé esclavagise de La Réunion, et les crimes commis contre les esclaves. Son nom est d'ailleurs toujours utilisé pour désigner une personne autoritaire et dure.

Elle a aussi été surnommée la "Seconde Providence", car considérée comme une femme profondément pieuse.... Elle a notamment fait construire la Chapelle Pointue du domaine. Elle aurait été une personne charitable avec les esclaves aussi... tant qu'ils étaient bien obéissants.... Révisionnisme quand tu nous tiens...

 

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