Célébration de la fin de l'esclavage

20 désamb Covid  : l'occasion d'un retour aux sources

  • Publié le 20 décembre 2020 à 12:32

Le 20 décembre 2020 ne ressemblera pas aux précédents en raison de la crise sanitaire, qui interdit les grands regroupements. Il ressemblera sans doute davantage à ceux d'autrefois, quand commémorer l'abolition de l'esclavage n'était pas politiquement correct. Les fêtes privées et les kabars en petit comité vont se substituer aux divertissements institutionnalisés : à quelque chose malheur est bon. Sauf pour les employés des commerces, "invités" à travailler toute la journée de dimanche ! (Photo rb/www.ipreunion.com)

Dans une tribune récente, la Ligue des Droits de l’Homme de La Réunion appelait "à retrouver le sens et la portée de la commémoration de l’Abolition de l’Esclavage dans notre Île, à savoir : l’esprit d’émancipation !"

Le contexte de crise sanitaire nous en donne l’occasion inédite. Si chaque Réunionnais respecte à la lettre l’arrêté préfectoral d’avant-hier, qui dresse la liste des mesures à respecter cette année à l’occasion des cérémonies commémoratives du 20 décembre organisées par les communes, les débordements de liesse sont peu probables. 50 personnes debout ou 100 personnes assises pourront être accueillies au maximum lors des manifestations organisées par les communes ; un siège vide ou un mètre de distance entre les participants ; bien sûr, le public n’est pas autorisé à danser.

Devoir de mémoire et gestes barrières

A quelque chose malheur est bon. L’interdiction des grands rassemblements va mettre un terme, hélas temporaire, à la lente dérive d’un rendez-vous symbolique. D’année en année, la fête réunionnaise de la liberté tendait à se banaliser, à devenir une fête comme un autre dans un calendrier qui n’en manque pas. Un peu comme une fête de la musique de l’été austral, avec son lot de barrières métalliques et d’agents de sécurité municipaux.

Parfois, au défilé de majorettes près, on se croirait revenu au temps de la fête des letchis. Rappel pour les plus jeunes d’entre nos lecteurs : dans les années 1980, Auguste Legros alors maire de Saint-Denis, s’obstinait à ne vouloir célébrer, le 20 décembre, que l’arrivée à maturité de nos emblématiques petits fruits rouges. Il n’était pas le seul, alors, à considérer l’anniversaire de l’abolition comme "non essentiel".

Alors oui, répondons à l’appel de la Ligue des Droits de l’Homme tout en respectant l’arrêté préfectoral. N’oublions ni les gestes barrières si la longue lutte qui précéda l’abolition de l’esclavage en France ; ni celle qui mena à ce vote du Parlement, en 1983, créant un jour férié dans chaque Département d’Outre-Mer pour commémorer cette décision historique. Et réfléchissons aux nouvelles formes de confiscation des libertés, beaucoup plus insidieuses, qui nous menacent.

Les caddies de la liberté

Hélas, la crise sanitaire nous reprend d’une main l’occasion de réfléchir qu’elle nous offre de l’autre. A défaut de grands défilés, ce dimanche 20 décembre verra en effet se former d’autres processions : celle des consommateurs poussant leurs chariots dans les centres commerciaux. Eh oui, en ce dimanche 20 décembre, des milliers d’employés du commerce sont invités à travailler toute la journée, pour compenser les pertes subies par leurs employeurs à cause de la pandémie de Covid-19.

Sarda Garriga n’avait-il pas déclaré, dans son discours annonçant l’abolition au peuple asservi, il y a exactement 172 ans : "Vous avez tous pris des engagements dans le travail : commencez-en dès aujourd'hui la loyale exécution" ?

Bone fèt zot toute !

bs/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Bonne fête
Bonne fête
3 ans

Bonne fête noute toute. Il y avait aussi un ex maire de l'Est qui interdisait le maloya sur don territoire.Heureusement il n'est plus maire. Merci Joé