Le président de la CCIR demande une réunion d'urgence de la Région

Éric Magamootoo lorgne sur le tram-train

  • Publié le 17 mai 2010 à 12:00

Dans une conférence de presse tenue ce lundi 17 mai 2010, Éric Magamootoo, président de la chambre de commerce et d'industrie de La Réunion (CCIR) demande "solennellement" à Didier Robert, de "réunir d'urgence" l'assemblée plénière de la Région "afin de discuter en toute transparence et toute objectivité" du projet tram-train. Cela afin de déterminer, "si dans le contexte de grave crise économique actuel, La Réunion peut s'offrir le luxe de dire "on ne réalisera pas ce projet"". Au second tour des régionales, Éric Magamootoo, avait apporté son soutien à Didier Robert. Lequel n'a jamais caché son opposition au projet tram-train. Mais, commente le président sortant de la CCIR (des élections doivent avoir lieu cette année), "nous n'étions alors pas dans cette situation où l'entreprise réunionnaise, déjà exsangue, va être frappée par les restrictions budgétaires annoncées par le président de la République".

"Depuis 15 jours les finances de la Grèce et dans une moindre mesure l'Espagne et le Portugal ont plongé dans un endettement grave. La France n'échappera pas à cette crise" énonce Éric Magamoto. D'ailleurs, souligne-t-il, le président de la République "a clairement dit qu'il fallait réduire de 10% les dépenses de fonctionnement de l'État" . Cette situation "aura forcément des répercussions à La Réunion où pour le 23ème mois consécutif le chômage augmente et où nos entreprises sont exsangues. Nous sommes dans un contexte de difficulté extrême, je n'ai jamais vu cela. Il faut que nous soyons fixés sur les intentions de la Région concernant le projet tram-train".

Il affirme que "les entreprises ne voient pas de sortie à la crise. Tout le monde économique de La Réunion est suspendu à la date du 31 mai prochain" (date butoir fixée dans le contrat liant Tram Tiss le groupement attributaire du marché et la Région pour le lancement définitif du projet tram-train - ndlr). "Il faut absolument que la Région se réunisse avant cette date" estime Éric Magamootoo. Passé cette date "le projet tram-train n'existera plus" rappelle le président de la CCIR. "Les accords de Matigon eux-mêmes seront remis en cause" ajoute-t-il. Car, au vu du contexte économique actuel, le président de la CCIR est plutôt pessimiste sur une réaffectation éventuelle des crédits contractualisés dans ces accords de Matignon sur un nouveau projet.

Or, énumère le président de la CCIR, la réalisation du tram train selon le projet actuel est synonyme "de 1,5 milliard d'investissement total, dont 333 millions de travaux en sous-traitance confiés à des entreprises locales, de 189 millions en fournitures achetés localement et de 7 000 emplois pendant 15 ans". Monter un nouveau projet nécessitera entre 4 et 8 ans "sans être certains d'avoir la garantie financière de l'État" .

D'où sa demande de prolongation de trois mois du sursis à exécution ou à suppression du projet tram-train. En décembre 2009 rappelons-le, la Région avait obtenu de Tram Tiss un délai suspensif à l'exécution du contrat. Le temps pour la collectivité de négocier avec l'État une rallonge budgétaire de 80 millions d'euros par an pour la réalisation du projet. Seule l'assemblée plénière peut obtenir du groupement un nouveau délai de trois mois. "La Région pourra ainsi mettre le dossier en débat et l'analyser en toute transparence et en toute objectivité" note le président de la CCIR.

Cela d'autant dit-il que de nouveaux éléments de réflexion sont apparus. "Selon des informations sérieuses que nous avons pu obtenir, la rallonge budgétaire demandée à l'État au titre de la dotation ferroviaire peut être ramené de 80 à 25 millions d'euros par an. Il faut que la Région fasse tout l'éclairage sur cette nouvelle donnée". Exhortant de nouveau Didier Robert à convoquer une réunion urgente de l'assemblée plénière de la Région, Éric Magamootoo insiste "je crois sincèrement que nous devons nous donner le luxe de 3 mois supplémentaires de réflexion avant de dire "oui ou non nous fairons le tram-train"". Cela même si le projet doit être modifié "pour être en conformité avec la politique de la Région". C'est possible, dit-il, puisque "la modification du projet n'aura pas de conséquence sur le contrat" avec Tram Tiss.

Interrogé pour savoir s'il ne regrettait pas de ne pas avoir mis en garde Didier Robert avant les régionales sur les conséquences d'une abandon du projet tram train, , il répond "non je n'ai pas de regret, la situation économique sur le plan européen n'était pas la même et nous n'avions pas l'information sur la possibilité de ramener de 80 à 25 millions d'euros la dotation ferroviaire". Il finit toutefois par admettre "j'ai eu des entretiens privés avec le président Robert bien avant aujourd'hui. Nous avons évoqué ensemble toutes les possibilités concernant la poursuite ou non du projet. Aujourd'hui j'officialise la démarche". Éric Magamootoo s'est en effet engagé à envoyé un courrier à Didier Robert dès ce lundi pour lui demander d'organiser l'assemblée plénière de la Région. "Car qu'on le veuille ou non La Réunion a besoin de grands projets pour faire face la crise phénoménale que nous vivons" soutient-il. Éric Magamootoo demande d'ailleurs à tout le monde "de se rassembler en mettant de côté les divergences politiques car il en va de l'intérêt général de La Réunion".

L'appel du président de la CCIR, proche politique de Didier Robert ne devrait sans doute pas rester lettre morte. Il pourrait même constituer pour le président du conseil régionale "une porte de sortie vers le haut" selon l'expression d'Éric Magomootoo, dans ce dossier qui empoisonne le début de mandature du nouveau président de Région.

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