Programme de la CCIR - Le Medef réagit

Des projets "incohérents" avec la réalité économique

  • Publié le 19 février 2011 à 06:00

Pour Yann de Prince, président du Medef Réunion, les projets d'Ibrahim Patel, président de la CCIR, pour sa mandature (2011 - 2015) sont "incohérents avec la réalité économique" de l'île. Installation d'une centrale d'achat, création d'une course à la voile nommée "la Route de l'Orient" ou encore mise en place d'une Société d'économie mixte (SEM) aménagement, autant d'idées que le président du Medef juge "surprenantes". Quant à la main tendue d'Ibrahim Patel pour que l'interconsulaire travaille avec les organisations comme le Medef, Yann de Prince s'est dit "favorable à toute collaboration qui se ferait en faveur des entreprises réunionnaises".

Ibrahim Patel a annoncé les grandes lignes de sa mandature ce jeudi 17 février 2011, lors d'une conférence de presse. Au programme des prochaines années, une nouvelle politique en matière de communication, d'aménagement, d'économie, de formation et de coopération. "Certaines annonces sont surprenantes", confie Yann de Prince.

Il fait d'abord référence à la proposition du président de la CCIR de piloter un projet pour la création d'une nouvelle centrale d'achat "dont les actionnaires seraient les entreprises". "Il ne faut pas que M. Patel confonde ses fonctions à la CCIR avec ses fonctions de président de la Fedaction", ironise Yann de Prince. "En installant une nouvelle centrale d'achat, il préfère favoriser l'importation plutôt que la production locale et la création d'emplois", poursuit-il. Le président du Medef avoue d'ailleurs "douter de la faisabilité d'un tel projet"

Même avis sur la proposition faite par Ibrahim Patel de créer une épreuve de course à la voile, à l'image de la Route du Rhum, et qui s'appellerait "la Route de l'Orient". "Cela va booster l'industrie du tourisme", arguait le responsable de la chambre consulaire. "C'est franchement pas sérieux. Bien que je doute de la faisabilité de ce projet, ce n'est vraiment pas le moment de parler de ça. Dans un contexte économique marqué par la crise, les entreprises attendent autre chose qu'une course à la voile. Je crois que M. Patel n'a pas mesuré la gravité de la situation", lance Yann de Prince.

"Les actes du président de la chambre de commerce sont complètement en contradiction avec la réalité économique immédiate", estime le représentant du Medef qui rappelle que la majorité à la CCIR "vient de voter une augmentation de 65% des indemnités des élus". "Que vont penser les entreprises ?", s'interroge t-il.

Yann de Prince juge certaines annonces "incohérentes". C'est notamment le cas de la création d'une Société d'économie mixte "aménagement". "Des SEM existent déjà. Pourquoi vouloir complexifier les choses alors que des structures avec des personnes d'expériences sont déjà présents ? Quel serait l'apport supplémentaire ? Je pense que le président de la chambre de commerce a lancé cette proposition sans en connaître les tenants et les aboutissants", affirme le responsable du syndicat patronal.

Même critique contre le projet d'aménagement de 2 quais de débarquement au Sud et à l'Est de l'île. "C'est un vieux serpent de mer que l'on brandit à chaque fois. Il me semble que les études montrent que ces quais ne seraient pas rentables. Il serait intéressant de se pencher de nouveau sur les études avant de lancer ce genre de projet. Si les apports sont significatifs, l'investissement ne pourrait être que bénéfique", analyse t-il.

Là encore, il estime que "le président de la chambre de commerce s'est exprimé avec un peu de précipitation". Il ajoute : "mais le plus critiquable, c'est la méthode qu'il a utilisée pour s'exprimer". Selon Yann de Prince, Ibrahim Patel n'aurait pas exposé ses projets à l'ensemble des élus de la chambre consulaire, "d'où les incohérences qu'on a pu entendre. Si il avait soumis son projet à certains élus expérimentés, il aurait été conseillé. Un seul homme est rarement plus fort qu'une équipe", philosophe le président du Medef.

Concernant la volonté d'Ibrahim Patel de privilégier l'interconsulaire au détriment de La Réunion Economique, Yann de Prince déclare: "pourquoi pas. Il est important qu'il y ait une cohérence entre les chambres consulaires de l'île. Il faut qu'elles puissent adopter des positions communes pour défendre l'intérêt des entreprises". Quant à l'appel du pied d'Ibrahim Patel qui a appelé ce jeudi l'ensemble des organisations à rejoindre l'interconsulaire, le président du Medef s'est dit "favorable". "La Réunion a besoin d'unité pour défendre les entreprises. Malgré nos divergences, on peut toujours se retrouver lorsqu'il s'agit de l'intérêt général", affirme t-il. Sous quelle forme se partenariat pourrait se concrétiser ? "L'interconsulaire pourrait rejoindre La Réunion Economique", propose Yann de Prince.

Mounice Najafaly pour
guest
0 Commentaires