Sucre

" Le prix de la mélasse est intégré à celui de la canne "

  • Publié le 17 mars 2011 à 15:00

Alors que les planteurs de canne se font de plus en plus insistants pour toucher une prime mélasse, les industriels expliquent, jeudi 16 mars 2011, que " la recette mélasse est déjà intégrée dans le prix d'achat de la canne ". Ce prix a été décidé par la convention canne signée en 2006 par l'interprofession.

Philippe Labro, président du syndicat du Sucre de la Réunion, et Florent Thibault, co-président industriel de l'interprofession ont tenu à expliquer, jeudi 16 mars, que les velléités de certains planteurs de canne de toucher une majoration pour la vente de la mélasse par les industriels n'était pas recevable.

Ils citent la convention canne signée par l'interprofession et qui couvre la période 2006-2015, fixant le prix d'achat de la tonne de canne à 39,09 euros, pour une canne à 13,8% de richesse. Selon l'article 8 de cette convention tripartite (industriels, planteurs, Etat), ce prix est " fixé en tenant compte de la recette sucre et mélasse des industriels ".

La mélasse issue de la canne est donc la propriété des industriels, qui la vend aux distilleries. Par conséquent, pas question pour eux, de créer une prime quelconque, comme ce fut le cas lorsque la bagasse avait été reconnue en tant que biomasse. Cette nouvelle valorisation de la bagasse avait permis aux planteurs de percevoir environ 13 euros supplémentaires par tonne.

Cette prime à la bagasse avait été calculée via une expertise d'Etat qui évaluait l'économie d'énergie réalisée grâce à son utilisation pour produire de l'électricité. Elle avait permis aux planteurs d'augmenter leur revenu net d'environ 25%, selon les industriels.

" La situation n'est pas la même. Pour la mélasse il n'y a pas d'utilisation nouvelle qui justifierait une création de valeur ", indique Philippe Labro. Selon lui, l'équilibre de la filière " est fragile et précaire. On ne peut pas donner un coup de pied dans la fourmilière comme ça ".

Seules solutions envisagées par les industriels pour augmenter le revenu des planteurs : qu'ils augmentent la richesse en sucre des cannes ou la quantité produite. En 2006, les instances européennes avaient décidé de baisser le prix d'achat du sucre de 36% sur quatre ans pour enrayer la surproduction structurelle. Mais la tendance se serait inversée.

De nombreuses sucreries ont fermé en Europe et la demande est redevenue supérieure à l'offre, pour le sucre de canne notamment. Selon Florent Thibault, augmenter de 3% la qualité et la quantité de cannes produites est un objectif à atteindre.

Les industriels se disent ainsi " ouverts pour discuter de nouvelles valorisations " des produits de la canne, comme ce fut le cas pour la bagasse. Mais cela implique, dans ce cas, de " produire plus et mieux ".

Marine Veith pour
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