La Chambre régionale des comptes épingle la gestion de la SR21

Paul Vergès : "chacun doit assumer ses responsabilités"

  • Publié le 2 juin 2011 à 08:00

Un rapport de la Chambre régional des comptes que s'est procuré le Journal de l'Ile épingle sévèrement la gestion de 2002 à 2008 de la SR21, une société d'économie mixte créée par la Région Réunion et qui était présidée par Pierre Vergès de 2005 à 2010. Si l'ancien dirigeant de la SEM tente de faire front aux critiques adressées par l'instance économique sur son blog, Paul Vergès botte en touche : "chacun devra assumer ses responsabilités", répond-t-il simplement, invitant ceux qui le souhaitent à consulter le blog de Pierre Vergès.

La SR21 est une société d'économie mixte créée en 2002 à l'initiative de la majorité régionale dirigée à l'époque par Paul Vergès pour "construire un développement durable et solidaire dans l'ensemble de ses domaines de compétences", à savoir "le tram-train, la maison des civilisations et de l'unité réunionnaise, les ouvrages de superstructures pour l'éducation et la formation, les équipements pour les énergies renouvelables et l'intelligence économique". Pierre Vergès prend les rênes de cette structure en mai 2005 et la Chambre régionale des comptes "n'épargne rien" à son mode de gestion, indique le JIR.

Parmi les reproches faits par les juges de l'instance économique, une hausse subite des effectifs qui passent de "19 salariés en 2003 à 39 salariés en 2006 et 35 à la fin de l'année 2008", note le JIR. Les salaires explosent aussi, représentant "61% des charges d'exploitations". Par exemple, le journal souligne que "le coût de la direction général a été augmenté de 75% entre 2005 et 2006 et ce jusqu'en 2007 [...] sans compter les généreux avantages en nature". Les cadres bénéficiaient aussi durant cette période de salaires avantageux.

Les autres salariés pouvaient quant à eux profiter de primes pouvant aller "jusqu'à 150% du salaire", de larges remboursements sur les frais kilométriques ou encore de billets d'avion offerts. " Les billets d'avion représentent un poste de dépenses encore plus important que la prime annuelle", affirme le journaliste du JIR qui avance les chiffres : " En 2007, la SR21 achète pour 122 230 euros de billets d'avion, à peine plus qu'en 2006. En 2008 en revanche, "seulement" 51 000 euros sont dépensés en achat de billets d'avion".

La Chambre régionale des comptes se penche sur d'autres éléments de gestion de la SR21 comme les méthodes de recrutement, les dépenses du président qui ne sont pas forcément justifiées ou encore le fonctionnement interne de la SEM, notamment de son conseil d'administration qui "n'a pas été en mesure de jouer tout son rôle".

La SR21 n'a pu fonctionner ainsi que grâce à des subventions de la Région qui ne cessaient "de croître de façon exponentielle [...] passant de 0,6 million d'euros en 2003 à 3 millions en 2008". Ces subventions jouaient le rôle de véritable bouteille d'oxygène pour la société d'économie mixte qui était peu productive. En effet, comme le note la chambre régionale des comptes dans son rapport, les résultats d'exploitation de la structure étaient "en régression".

La Région Réunion, à l'époque dirigée par l'Alliance et présidée par Paul Vergès était au courant de cette gestion. En effet, interrogé sur un contrôle de la collectivité, le leader de l'Alliance répond par l'affirmative. "Tous les comptes étaient soumis au vote des conseillers régionaux", explique-t-il.

Quand il lui est demandé son avis sur le contenu du rapport rendu par la Chambre régionale des comptes, Paul Vergès botte en touche : "pour avoir une réponse objective sur cette question, il faut d'abord faire une investigation de toutes les SEM de l'île et voir quel est le montant des salaires perçus par leurs dirigeants". Une manière de sous entendre que les dérives constatées à la SR21 sont une tradition dans les SEM de l'île ? "Chacun a sa façon de gérer et chacun doit assumer ses responsabilités", rétorque Paul Vergès qui invite ceux qui le souhaitent à consulter le blog de Pierre Vergès sur lequel l'intéressé répond point par point aux critiques de la Chambre régionale des comptes.

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