Impôt de solidarité sur la fortune

2 193 Réunionnais sont plus riches que riches

  • Publié le 5 janvier 2012 à 15:30

La Réunion compte 2 193 foyers assujettis à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour un patrimoine total de plus de 17,6 millions d'euros, soit une fortune moyenne d'un peu plus de 1,7 million d'euros par foyer. Avec 833 contribuables payant l'ISF, la ville de Saint-Denis arrive en tête, devant Saint-Paul (405 foyers) et Saint-Pierre (234 foyers). Sur le territoire national, les Parisiens sont champions de France toutes catégories de l'ISF, avec plus de 18 000 foyers concernés dans le XVIe arrondissement de Paris tandis que le VIIe regroupe en moyenne les foyers les plus riches de France.

Consultables depuis ce mercredi 4 janvier 2012, ces statistiques du ministère du Budget donnent, pour les communes de plus de 20 000 habitants, le nombre d'assujettis à l'ISF quand il dépasse 50 redevables et le patrimoine moyen de ces ménages.

À La Réunion, ils sont 2 193 à être plus riches que riches. La ville de Saint-Denis arrive loin en tête, en ce qui concerne le nombre de contribuables, avec 833 foyers concernés. Dans son sillage, arrivent Saint-Paul avec 405 foyers, Saint-Pierre avec 234 foyers, puis Le Tampon avec 229 foyers.

Toutefois, compter plus d'assujettis ne signifie pas être la ville la plus riche. Saint-Leu, avec plus de 2,1 millions d'euros en moyenne par foyer pour 55 redevables surclasse Sainte-Marie (1,72 million d'euros pour 113), Saint-Pierre (1,7 million d'euros) et Saint-Denis (1,67 million).

En parallèle, si l'île compte plus de deux milliers de foyers plus riches que riches, elle se classe dans les premiers rangs des départements français à compter le plus grand nombre de bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active). Au 31 mars 2011, près de 87 000 personnes percevaient cette aide financière. Dans le même temps, selon les chiffres de l'Insee, près de 45 % des plus de 65 ans n'ont pour seul revenu que le minimum vieillesse, soit 633 euros par mois, ce qui les placent en dessous du seuil de pauvreté national (911 euros par mois). Selon les mêmes statistiques 30% des personnes ayant un emploi vivent malgré tout en dessous de ce seuil de pauvreté.

Alors qu'elle organise en fin de semaine une distribution de galettes des rois pour les plus démunis, Margaret Robert-Mucy, présidente de l'association Valcoré, commente l'ensemble de ces chiffres en parlant d'"un véritable écart qui se creuse" et qui s'accentue avec la crise économique. "Même si La Réunion compte quelques familles riches, il y a émergence d'une vraie paupérisation dans le segment de la classe moyenne. Certains n'hésitent pas à venir nous voir lors des distributions de colis alimentaires. S'ils ne vivent pas en dessous du seuil de pauvreté, il s'agit de personnes qui travaillent, qui paient beaucoup de charges, notamment pour les études de leurs enfants, et à qui il ne reste plus rien ou à peine 40 euros en fin de mois", constate la présidente de l'association.

Elle confie "nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation déstabilisante, où il y a de nombreux démunis". Margaret Robert-Mucy affirme aussi que les assujettis à l'ISF "donnent généreusement". Pour elle, une meilleure distribution des richesses passe par "une redistribution du travail, par le biais de la création d'emplois et de valeur ajoutée".

Thierry Hergault, directeur régional de la fondation Abbé Pierre, trouve le nombre des assujettis à l'ISF "quelque peu choquant, quand l'on sait que plus de la moitié de la population réunionnaise bénéficie de minima sociaux". Le directeur régional de la fondation souhaite "une meilleure redistribution des richesses".

"Il faudrait que le gouvernement soit conscient que la population réunionnaise compte énormément de démunis. Pour les aider, le gouvernement devrait prélever de l'argent sur les grands capitaux ou taxer certains placements en Bourse qui actuellement échappent à l'impôt" dit en substance, Arnold Louis, président de l'union régional CFTC. Dans cette optique il souligne que le principe de l'impôt sur la fortune ne le choque pas.

Au niveau national, selon l'AFP (agence France presse), avec près de 87 000 foyers payant l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour une population totale de 2,2 millions d'habitants, la ville de Paris est championne toutes catégories de cet impôt. "Le XVIe arrondissement compte plus d'assujettis à l'impôt de solidarité sur la fortune que les villes de Lyon et Marseille réunies. Si l'on considère le patrimoine moyen des ménages soumis à cet impôt, le VIIe arrondissement parisien surclasse tout avec plus de 3,5 millions d'euros par moyenne par foyer", explique l'AFP.

Si l'Ile-de-France compte près de 165 000 foyers redevables sur plus de 11 millions de résidents, l'agence de presse note qu'en dehors des autres grandes villes françaises recueillent des chiffres moins impressionnants, à savoir, Lyon (7 283 foyers), Marseille (6 635) et Toulouse (4 609).

Toujours selon l'AFP, le ministère du Budget avait annoncé en janvier 2011 que "les recettes de l'ISF atteindraient 4,46 milliards d'euros en 2010 contre 4,1 milliards initialement prévus".

L'ISF concerne les foyers détenant un patrimoine net imposable supérieur à 1,3 million d'euros au 1er janvier 2011.

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