Lutte contre la vie chère. Le mauvais exemple de la Nouvelle Calédonie

Autorité de la concurrence : "définir un niveau de prix et de marge maximale est voué à l'échec"

  • Publié le 14 mars 2013 à 06:17

Le bouclier qualité-prix est entré en vigueur à La Réunion ce lundi 11 mars. Réglementant les prix de 108 produits de consommation courante, dont 69 sont des denrées alimentaires, le panier Lurel vise à lutter contre la cherté de la vie. Plusieurs dispositifs du même genre ont été mis en place en Nouvelle-Calédonie, où la réglementation des prix concerne, directement ou indirectement, près de 1 000 produits. Selon l'Autorité de la concurrence, le système est jugé globalement inefficace et gourmand en ressources pour assurer les contrôles. "Définir un niveau de prix ou de marge maximale est généralement voué à l'échec" commente ainsi la haute instance. De quoi faire réfléchir sur la mise en place du panier Lurel à La Réunion...

Comme tous les départements et territoires d’Outre-mer, la Nouvelle-Calédonie est confrontée au problème de la vie chère. Le congrès local a ainsi engagé une réflexion sur la modernisation de l’économie locale, sur l’amélioration du pouvoir d’achat, et sur la maîtrise et la transparence des prix. L’Autorité de la concurrence a alors été sollicitée pour établir un diagnostic de la situation concurrentielle locale et pour faire des propositions de réformes. 

En septembre 2012, deux rapports sont publiés. Le premier, établi par Geneviève Wibaux, rapporteur auprès de l’Autorité de la concurrence, traite des structures de contrôles en matière de concurrence en Nouvelle-Calédonie. Le second, élaboré par Thibault Decruyenaere et Philippe Sauze, porte sur les mécanismes d’importation et de distribution des produits de grande consommation en Nouvelle-Calédonie. Ils tiennent compte des différentes analyses et propositions.

Dans ses rapports, on peut voir que bien avant la mise en place du panier Lurel, la Nouvelle-Calédonie s’est lancée dans un système de réglementation des prix des produits alimentaires et des denrées essentielles. Une réglementation qui se fait sous différentes formes (contrôle des prix de vente maximum, contrôle des marges maximales de commercialisation, au stade du gros et/ou détail), et qui concerne près de 1 000 produits.

Parmi eux, les produits Oké, mis en place par un arrêté lors du mois d’août 2010. Il définit "les prix de vente maximum ou les marges maximales de commercialisation, au stade du gros et/ou du détail, de 115 produits de grande consommation". Sont concernés aussi bien des produits génériques (riz importé, poulet entier congelé, thon blanc frais, lait en poudre, lait concentré…) que des références précises de produits.

Or, selon la direction des affaires économiques de Nouvelle-Calédonie, cité dans le rapport de l’Autorité de la concurrence relatif aux mécanismes d’importation et de distribution des produits de grande consommation en Nouvelle-Calédonie, le bilan de cette opération est "assez mitigé quant à ses effets sur les prix".

Selon l’Autorité de la concurrence, "définir un niveau de prix ou de marge maximale est généralement voué à l’échec". "Si le prix réglementé est fixé à un niveau trop faible, les acteurs du marché privilégient des produits leur garantissant des marges plus confortables. Les phénomènes d’indisponibilité observés pour les produits Oké illustrent ce risque", dit le rapport.

Ainsi, le bilan annuel 2010-2011 de l’opération transmis par la Direction des affaires économiques fait apparaître que 21 produits ont un taux de présence inférieur à 15% et que 8 produits ont un taux de présence compris entre 15 et 25%. "Outre les problèmes d’indisponibilité des produits, observés de manière récurrente, le prix médian d’environ 20% des produits concernés par l’opération aurait augmenté", souligne le rapport.

Il est ajouté que "du fait des effets de report de marge des produits réglementés vers les produits non réglementés, le contrôle des prix induit un effet de spirale qui pousse à réglementer le prix d’un nombre toujours croissant de produits, amplifiant ainsi les inconvénients".

Selon l’Autorité de la concurrence, la régulation des prix et des marges mise en œuvre en Nouvelle-Calédonie pour un nombre significatif de produits présente donc plusieurs risques indisponibilité des produits, alignement à la hausse des prix, "report de marge" vers les produits non réglementés. "Il apparaît donc préférable de mettre fin aux réglementations de prix mises en place en rétablissant la liberté des prix de détail et de privilégier une action volontariste sur les structures de marché de la distribution de détail pour renforcer la concurrence", note l’Autorité de la concurrence. Une conclusion qui laisse perplexe sur la mise en place du panier Lurel à La Réunion et sa participation à un meilleur pouvoir d’achat…

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1 Commentaires
Mano
Mano
11 ans

D'abord on ne sait même pas quels sont ces 1000 produits et on cherche ce qui a bien pu rester au même prix plus d'un mois, le riz à plus que doublé, le café soluble à fait un bond , le sucre aussi, enfin les produits de première nécessité sont ceux qui ont l'air de subir les hausses les plus disproportionnées par rapport au portefeuille des gens à qui ils s'adressent. Pendant ce temps nos élus se disputent ou partent en mission au frais du contribuable pour nous pondre des textes qui ne servent à rien sauf à augmenter encore le coût de la vie, comme encore des impôts par exemple.