Un prestataire règle ses comptes avec l'opérateur

Réduction des dépenses de SRR : "une catastrophe économique et sociale"

  • Publié le 17 mars 2015 à 09:36

Suite au rachat de SFR par le groupe Altice/Numéricable, SRR (Société réunonnaise de radiotéléphonie) a décidé en décembre 2014 de réduire drastiquement ses dépenses notamment en termes de d'achats de prestations et de sponsoring. Parmi les 400 sous-traitants impactés, Stéphane Ponge a décidé de lever le voile sur les dessous de cette décision dans une lettre envoyée aux autorités compétentes ce lundi 16 mars 2015. Le dirigeant de Stop Bugs - dont le contrat avec l'opérateur réunionnais s'est terminé le 28 février 2015 - s'apprête ainsi à licencier 8 personnes dans les prochains jours. Mais pour le chef d'entreprise, au-delà de son cas personnel, c'est toute l'économie réunionnaise et plus de 600 emplois qui seront privés de millions d'euros.

Logistique, marketing, informatique, maintenance réseau, centres d'appels… Depuis plus de 20 ans, SRR faisait appel jusqu'à près de 400 entreprises locales afin d'assurer ses activités de téléphonie et d'ADSL. Ces prestations commandées par l'opérateur généraient plusieurs centaines d'emplois à La Réunion.

L'un de ces prestataires, Stéphane Ponge, s'en souvient. "SRR était une entreprise citoyenne : les dirigeants et employés de SFR savaient que le profit réalisé sur leur marché devait être réinjecté dans l’économie locale pour qu’il profite au plus grand nombre et assure leur propre pérennité", raconte le dirigeant de Stop Bugs, spécialisé dans le dépannage informatique.

Mais depuis le rachat de SFR par le groupe Altice/Numéricable, la donne a changé comme l'avait révélé Imaz Press Réunion. En décembre 2014, dans un courrier écrit par le directeur général adjoint Yann de Prince, SRR avertissait ces sociétés que leur contrat de prestations ne serait pas renouvelé à son terme. La lettre était suivie d'une convocation par les dirigeants de la branche ultramarine d'Altice.

Des call-centers délocalisés à l'île Maurice

"Lors de cet entretien, on nous signifiait verbalement que la politique d’Altice était mondialisée - les services clients sont à l’Ile Maurice ou en République Dominicaine où la main d’œuvre est bon marché - que nos tarifs étaient bien trop élevés de 35 à 50% et qu’il serait peut être possible de continuer, mais sans engagement de durée ni de volume si on acceptait la baisse", relate l'entrepreneur.

Le groupe Altice/Numéricable a ainsi proposé aux sous-traitants et prestataires d'annuler le contrat en cours, afin d'en signer un nouveau aux tarifs réduits et aux conditions plus avantageuses pour l'opérateur. "Je n’ai pas accepté, mais je connais au moins un entrepreneur qui s’est fait manipuler lors de ces entretiens. Ayant demandé lui-même la résiliation de son contrat, il ne peut plus se retourner contre SRR qui a entretemps résilié son nouveau contrat précaire", explique Stéphane Ponge.

La vingtaine d'entreprises réunionnaises du secteur des nouvelles technologies concernée par la décision de SRR a reçu une aide de l'ARTIC (Asociation réunionnaise des professionnels des technologies de l'information et de la communication.) "Mais leur accompagnement se limite au recensement des dégâts économiques, aux conseils pour bien licencier son personnel et à une action de médiation pour récupérer le règlements de nos factures", regrette le chef d'entreprise.

"L'Etat a la plus grande part de responsabilité"

"N’ayant plus de travail, ni de perspectives pour notre personnel dédié et spécialisé, je m’apprête à licencier 8 personnes dans les prochains jours et je ne sais pas si mon entreprise va survivre. […] Notre naufrage entraine en cascade celui de nos partenaires et sous-traitants, soit en tout 16 emplois qui disparaissent", ajoute-t-il. Selon le chef d'entreprise, plusieurs millions d'euros partiront à l'île Maurice, aux Etats-Unis - dans les fonds de pensions américains actionnaires et prêteurs d'Altice - et au Luxembourg, siège du groupe.

D'après le dirigeant de Stop Bugs, "l’économie réunionnaise va s’appauvrir de manière très importante" étant donné la dépendance de nombreuses entreprises aux prestations fournies à SRR. Stéphane Ponge souligne notamment "l'impossibilité pour un prestataire d'opérateur de se diversifier tant l’activité est importante et demande de l’investissement et des spécialisations." Selon l'entrepreneur, il faut 50 à 100 clients "normaux" pour obtenir l'équivalent d'une prestation fournie à un opérateur.

Dans son malheur, Stéphane Ponge estime que "l'Etat a la plus grande part de responsabilité dans la catastrophe économique et sociale" qui se déroule actuellement à La Réunion. "La vente de SFR a été encadrée et avalisée par l’Etat via l’Autorité de la concurrence qui a imposé au repreneur une sauvegarde des emplois internes jusqu’à 2017, mais qui n’a à aucun moment prévu un délai pour que les sous-traitants en place puissent se retourner alors que les méthodes brutales et antisociales du patron d’Altice sont notoires", explique-t-il. De son côté, le 3 mars dernier, l'UNSA (Union nationale des syndicats autonomes) avait interpellé le préfet, le président du conseil régional et les parlementaires sur le "devenir des salariés des entreprises sous-traitantes de la société Numéricable-SFR Réunion".

www.ipreunion.com

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7 Commentaires
ancien lpa
ancien lpa
9 ans

OUII AU CALL CENTER A MAURICE

REUNION TRO MACROOO !!! KAN I GAGNE UN TI PEU LARGENT FE LE FIER KONEE MEME PU SONT FAMILLE

Ouille
Ouille
9 ans

Le MEDEF ne peut pas se positionner sur le sujet car le DGA de SFR Réunion est le Président du MEDEF.

Tout est dit :(

MEDEF = Casse sociale, casse matériel etc......

Charles
Charles
9 ans

Donc, quand on s'en remet exclusivement à un seul client, et que ce client vous lâche, qui a pour conséquence la fermeture de la boite, on s'en prend donc au client et l'état ? A aucun moment l'entrepreneur s'est dit "tient, si je me diversifiais ? Ca pourrait m'éviter de couler ? Ah ben non, pourquoi faire, on est à la réunion, les rentes/subventions ne vont pas disparaitre hein ??" Ben si, faut pas oublier que l'économie elle est mondiale, le communisme c'est fini !

Fréd
Fréd
9 ans

Etant abonné chez SRR, je vais vérifier les conditions éthiques de la concurrence, puis éventuellement changer d'opérateur.
Or de questions d'enrichir une société ne faisant pas dans le gagnant/gagnant.

Frigidaire
Frigidaire
9 ans

Lorsque l'on vit avec un mono client c'est une rente mais aussi on est à la merci du seul client. C'est la même chose avec la mono culture de la canne.
Il faut vivre malheureusement pour le Français et le Réunionnais par la même occasion les subventions c'est bien mais il y a des contre partie. On ne peut pas dire nous sommes Européens uniquement quand cela nous arrange et ce n'est pas une question de MEDEF (je suis un pauvre salarié d'une boite privé)

popol
popol
9 ans

Dommage que cette île ne soit devenue qu'un gâteau que des "étrangers" se partagent allègrement avec le consentement du Medef ! Regardez la téléphonie, la télé privé payante ou bien l'optique, c'est pareil: des marges bénéficiaires énormes et une concentration du marché dans les mains de 2 ou 3 acteurs................et après les prix flambent ! Qui n'a jamais eu de problème avec sa connexion, son abonnement, etc ........... Atoll qui est remplacé du jour au lendemain par Claro d'Afflelou ou Optique De Bourbon c'est moins de concurrence donc moins de choix et donc pour conclure on retrouve la technique de Microsoft pour faire disparaître ses concurrents et imposer ensuite ses produits à leurs prix en faisant croire que leur qualité est la meilleure !!!! Que pouvons nous faire contre ces prédateurs avides: BOYCOTEZ CES ENTREPRISES QUI APPAUVRISSENT NOTRE ÎLE !!

Guy
Guy
9 ans

Qu'attend le MEDEF pour se positionner contre SFR cette entreprise qui étrille les entreprises réunionnaises ? Un conflit d'intérêts peut être ? J'espère que vous êtes rouge de honte !