36 candidats sont en lice

Présidentielle à Madagascar : un premier tour sous tension

  • Publié le 7 novembre 2018 à 02:57
  • Actualisé le 7 novembre 2018 à 06:32

10 millions de Malgaches sont appelés aux urnes ce mercredi 7 novembre. La journée sera chômée et payée pour permettre aux électeurs de se rendre dans l'un des 25.000 bureaux de vote. Une élection dans un climat politique apaisé, du moins en surface. Ils sont trente-six candidats en lice pour ce premier tour. Dont trois favoris, le président sortant Hery Rajaonarimampianina Rakotarimanana et les deux précédents dirigeants du pays Marc Ravalomanana et Andry Nirina Rajoelina. En 2013, ces personnalités n'avaient pas eu l'autorisation de la communauté internationale de se présenter au motif qu'ils étaient les principaux protagonistes de la crise politique désastreuse débutée fin 2008. L'enjeu de cette élection : éviter une crise post-électorale comme le pays a pu en connaître ces dernières années.

Un scrutin sous surveillance

Une élection sous tension dans un pays instable gangréné par la corruption, les risques de fraude sont omniprésents. Pour pallier cela, une équipe d’une cinquantaine d’observateurs a été envoyée sur place par l’Union européenne. Une charte de bonne conduite proposée aux candidats par la société civile notamment n’a été signée que par un tiers des candidats. Ce qui en dit long sur les craintes qui entourent le scrutin.

La campagne, terminée depuis le 5 novembre, a cristallisé les frustrations de bon nombre de candidats. Pas de plafonnement de dépense de campagne, résultat, une surenchère de la part de certains candidats. Les trois ex-présidents se livrent à une guerre intestine à coup d’accessoires de propagande et autres artifices.

Les favoris

Hery Rajaonarimampianina Rakotarimanana, le président sortant a fait campagne sur son bilan. Une croissance de 5 % en 2018, la plus élevée depuis dix ans, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI). Mais les scandales de corruption, le quotidien toujours difficile des malgaches et le manque de soutiens politiques de Hery pourrait le faire tomber car face à lui, deux ténors se présentent. 

Andry Nirina Rajoelina a été le président de la Haute autorité de la Transition de 2009 à 2013, accusé par ses détracteurs d’être arrivé au pouvoir par un putsh, l’homme d’affaire classé par Forbes parmi les plus grosses fortunes de la Grande île veut revenir à la présidence  à tout prix. Propriétaire de groupes de médias, son message a été diffusé largement à coups de spots télévisés. Il prépare son retour depuis quatre ans et demi et compte bien régler ses comptes avec ses deux frères ennemis.

Marc Ravalomanana a été à la tête du pays de 2002 à 2009. Riche, mais peut-être pas assez, il ne fait pas campagne sur tout le territoire. Revanchard, il veut revenir au pouvoir. Son mandat lui avait été retiré des mains par l’armée au profit de Rajoelina. Les deux hommes se détestent ouvertement pourtant, ils ont bon nombre points communs notamment le fait que Ravalomanana soit lui aussi propriétaire d’un groupe de médias. Sa force, le souvenir de son premier mandat, une période prospère qu’il a rappelé tout au long de sa campagne.

En embuscade, Didier Ratsiraka, il a dirigé le pays de 1975 à 1993 et de 1997 à 2002. L'"Amiral rouge", 81 ans a dû prouver qu'il était en bonne santé mentale et physique avant de se lancer dans la course à la présidentielle. Intelligent, stratège et bon orateur, il arrive à faire oublier le bilan mitigé de ses deux mandats. 

Un électorat perplexe

La grande inconnue de cette élection présidentielle, c’est l’abstention. Il y a cinq ans, la participation dépassait à peine les 50%. Dans un pays rongé par la pauvreté, les électeurs  se font peu d’illusion quant à l'issue du scrutin et au retour vers la démocratie (tant attendu) qu'il implique. Dans le pays, la corruption est institutionnalisée, Madagascar est à la 155ème place sur 180 du classement sur l’indice de perception de la corruption établi par l'ONG Transparency international.

fh/www.ipreunion.com

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