Mouvement social à La Réunion

Saint-Denis : les commerçants du centre-ville entre désarroi et inquiétudes

  • Publié le 23 novembre 2018 à 02:58
  • Actualisé le 23 novembre 2018 à 05:46

Depuis samedi 17 novembre, La Réunion est touchée par un mouvement social sans précédent. La journée, les gilets jaunes organisent des blocages sur les routes de l'île. À la nuit tombée, des violences urbaines qui ne sont pas liées au mouvement des gilets jaunes éclatent, parfois même en journée. Imaz Press est allé à la rencontre des commerçants du centre-ville de Saint-Denis faire un point de situation sur l'emploi, le chiffre d'affaires et les problèmes d'approvisionnement. (photo d'illustration)

Le constat est sans appel, pour de nombreux commerçants du centre-ville de Saint-Denis, les conséquences du mouvement des gilets jaunes sont lourdes. La Réunion tourne au ralenti et l'économie locale est paralysée. Entre problèmes d'approvisionnement, changements d'horaires ou encore violences urbaines, les commerçants dressent un constat amer sur la situation actuelle de la Réunion et s'inquiètent pour les jours à venir. 

Eric* est salarié dans un petit snack, samedi et dimanche derniers il n'a pas travaillé mais depuis le début de la semaine, le point chaud ouvre chaque matin. Il explique que le mouvement l'a poussé à modifier les horaires de fermetures "maintenant on ferme entre 15h et 16h, voir plus tôt lorsque certains gilets jaunes nous intiment de baisser le rideau pour soutenir le mouvement." Plus tôt dans la semaine, certains manifestants ont demandé aux commerçants de fermer boutique en signe de soutien. Argument que ne comprennent pas les petits commerces. Amélie* employée dans un restaurant confirme également que le mouvement les pousse à adapter des horaires différents pour ne prendre aucun risque. Lundi dernier, sa terrasse a été saccagée "certains de nos employés ont toujours peur, on doit adapter les permanences".

Beaucoup d'employés privés de transport

Autre problème important, les réseaux de bus ne fonctionnent pas ou sont très perturbés. Les usagers les plus touchés sont les employés car ils ne peuvent pas se rendre sur leur lieu de travail. Cela a aussi une influence notable sur la fréquentation du centre-ville. Thomas* nous confirme que depuis lundi, il demande à ses employés de rester chez eux "de toute façon ils vont venir pourquoi ? Il n'y a pas de fréquentation dans le magasin" constate-t-il, amer. Cette baisse de fréquentation pose un réel problème pour l'économie locale. Même s'ils n'ont pas encore fait les comptes, les commerçants interrogés estiment avoir perdu entre 50% et 95% de leurs chiffres d'affaires par rapport à une "semaine normale".


Problème d'approvisionnement

Les blocages ou barrages de routes entraînent des difficultés d'approvisionnement. Si certains commerçants ont encore du stock (magasins de prêt-à-porter, électronique high-tech) d'autres se retrouvent en grande difficulté notamment les restaurants. Amélie* nous confie "il devient difficile de trouver des légumes frais ou des fruits". Un autre commerçant ajoute : "Il y aura sûrement des suppressions de postes du fait de la baisse du chiffre d'affaire...  sans réapprovisionnement on ne pourra pas continuer à survivre."

L'emploi déjà touché

Ce mouvement social asphyxie l'économie locale et les conséquences sont déjà dramatiques."On a changé les roulements à cause des bus, mais cette baisse de fréquentation et la fermeture précoce des magasins sont problématiques. Mon patron a supprimé des heures à mes collègues et certains collègues ne seront peut-être pas payé" explique un responsable de magasin. Sur la question des violences urbaines qui se produisent la nuit, les commerçants sont unanimes, "impossible de se sentir en sécuritéqu'on soit petits commerçants ou grande surface, personne n'est à l'abri".

Cependant les commerçants ne se laissent pas abattre. Solidaires et soucieux de protéger leurs magasins,  ils s'organisent pour rester éveillés et surveiller ce qu'il se passe en ville à la nuit tombée. Quand quelque chose leur semble suspect, ils alertent les forces de l'ordre. Une atmosphère particulière qui inquiète la quasi totalité des commerçants. Ils espèrent tous un retour à la normale le plus rapidement possible, certains confient continuer à soutenir le mouvement qui n'a rien à voir avec les violences dela nuit. 

* les prénoms ont été changés

jb/www.ipreunion.com

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