Grande distribution

Rachat de Vindémia par le groupe Bernard Hayot : les réactions à La Réunion

  • Publié le 26 mai 2020 à 17:45
  • Actualisé le 27 mai 2020 à 09:11

Voici les réactions à La Réunion à la suite de la décision de l'Autorité de la concurrence d'autoriser le rachat de Vindémia par le groupe Hayot. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Lire aussi : Autorité de la concurrence : feu vert sous conditions au rachat de Vindémia par le groupe Hayot

• Ericka Bareigts, députée

Je prends acte de la décision de l'Autorité de la concurrence d'autoriser la vente du groupe Vindémia au groupe GBH. C’est une mauvaise nouvelle pour La Réunion. Une
fois de plus, notre territoire perd le contrôle sur la destinée de son économie. C’est un échec de plus pour la stratégie économique régionale. Car au-delà de la maîtrise des décisions dans le secteur de la grande distribution, c’est d’année en année le recul de l’actionnariat majoritaire réunionnais dans la majeure partie des grands secteurs économiques. Comme beaucoup d’autres secteurs, les décisions ne se prendront plus à La Réunion mais entre Paris et Saint-Etienne.

Chacun le sait, cette option n’a jamais été la mienne. J’ai toujours été convaincue que nous pouvions mobiliser nos talents, nos compétences, nos ressources financières pour investir et décider de notre avenir. C’est le sens du travail que je continuerai à mener avec le tissu économique local, les associations de consommateurs, les citoyens pour que le secteur concurrentiel à La Réunion ne s’affaiblisse pas.

• Jean Hugues Ratenon, député

Le rachat de vindémia par GBH, validé par l’Autorité de la concurrence, n’est que l’expression claire et nette qu’entre les gros il y  a toujours un moyen de s’arranger. Par la même occasion, c’est la démonstration que le système peut perdurer dans le temps au détriment du Peuple, des consommateurs.
Indéniablement, ce bizness entrainera par la suite une situation de monopole dans le domaine de la grande distribution et renforce dès à présent le monopole économique ; en plus que le groupe GBH est en position dominante dans d’autres secteurs.

Aucune société normalement constituée ne peut accepter cela. J’ai envie de dire : bas les masques.

Les propos de Madame Ladoucette, directrice de l’ARS, qui remercie publiquement le groupe Hayot d’avoir offert des masques dans cette crise du coronavirus, alors qu’elle a un devoir de réserve comme tous les fonctionnaires, ne pouvait laisser aucun doute sur cet accord.

La population Réunionnaise paie très chère ce don de masque. Je regrette que certains élus aient préféré jouer le jeu de leur carrière personnelle à l’encontre des intérêts de la population.

• David Lorion, député

L’Autorité de la concurrence, instance administrative indépendante, vient d’autoriser le rachat de VINDEMIA par GBH et on ne peut que prendre acte de sa décision. Alors qu’il s’agit de la plus grosse opération de fusion-acquisition en outre-mer, il convient de prendre des garanties pour imposer une situation concurrentielle dans les grandes surfaces alimentaires à La Réunion. Afin de valider le rachat, l’Autorité a donc demandé de céder plus de magasins que prévu initialement. Ainsi, sept établissements (4 hypermarchés, 2 supermarchés et un magasin de produits culturels) devront dès lors être revendus à deux repreneurs réunionnais.

Il faudra aussi que la production locale représente entre 25 à 35% de l'ensemble des achats, condition importante que j’avais suggérée dans ma proposition de loi du 6 novembre 2019 relative au développement et à la mise en valeur de la production locale dans les collectivités ultramarines. Nous devons être capables de faire respecter ces obligations liées à l'autorisation de rachat. D’autre part, le groupe HAYOT s’était engagé moralement à baisser de 5% ses prix en raison des effets bénéfiques liés à la concurrence et de maintenir tous les emplois et les salaires dans ses établissements.

Chacun aura à mesurer combien il est important d'être respectueux des engagements pris et de défendre les productions et les entreprises locales dans des économies ouvertes.

• François Caillé, Groupe Caillé

Cette décision est regrettable car elle va à l’encontre des intérêts de l’économie réunionnaise et des promesses faites par le Gouvernement en
matière de contrôle des monopoles. Je suis surpris de cette décision, notamment au regard des analyses et rendus des experts économiques mandatés dans ce dossier.

• Joël Dalleau, secrétaire général de la CFDT commerce et services 

Pour nous, c’est une décision que nous attendions depuis très longtemps, notamment par rapport aux salariés qui étaient dans l'attente. Les conditions fixées par la haute autorité sont satisfaisantes. Syndicalement, c’est un soulagement. Je ne vais pas dire que le plus dur est à venir, mais quand on voit les pétitions qui commencent à circuler, les interventions des politiques, on se dit qu’ils ne vont pas lâcher prise. On est serein mais jusqu'au dernier moment, les opposants vont tout faire pour que le gouvernement et le ministre de tutelle Bruno Le Maire se saisissent de l’affaire.

• Erick Chavriacouty, secrétaire général de l’UNSA 

Ca pose une véritable question par rapport à la concurrence dans notre département. Le gouvernement avait énoncé un certains nombre d’intentions pour sauvegarder cette concurrence, mais on se rend compte que dire c’est facile et faire c’est un plus compliqué. Malgré les engagements des différents gouvernements, il est très difficile de faire face au libre commerce.

Si on replace dans le contexte de confinement, ce que nous espérons dans le département, c’est qu’on donne leur chance aux filières courtes qui ont apporté des solutions sur le territoire. C’est peut-être comme ça qu’on va trouver une solution entre grande distribution et  production locale.

• Jean-Yves Hoareau, président de l'union régionale CFTC

Le problème de cette histoire est celui de la concurrence entre les personnes, les entreprises capables de se partager le marché du commerce à La Réunion. Sur le fond, les conditions posées étaient qu’il n’y ait pas de plan social et de garder les avantages acquis. À partir de là il faudra suivre la situation pour voir si les choses sont respectées. Pour l’instant, on attend la suite. 

• Eric Marguerite, secrétaire général de FO Réunion

Chez Force Ouvrière, on n’a pas été opposé au rachat de Vindémia. Ce qui nous intéresse, c’est la situation des salariés, la priorité c’est la préservation des emplois. Si Hayot donne des gages pour préserver les emplois, il n’y a pas de soucis. Tout ce qu’on peut sortir de la stratégie en matière commerciale, il y a d’autres plus qualifiés pour en parler.

• Bernard Picardo, président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat

On a eu l’occasion de s’exprimer sur le sujet en disant qu’il fallait faire très attention à ce que la position très dominante sur le marché ne desserve pas la population. Même nos entreprises sont amenées à acheter de la matière première à ce groupe-là, donc la position dominante est un vrai danger. L’autorité de la concurrence a décidé de donner son autorisation sous conditions, il faudra voir si elle sont respectées. Même si on a des bonnes intentions au début, une position dominante peut, avec le temps, mener à des dérapages, ce qui ne serait pas bien pour une une économie insulaire fragile comme la nôtre.

• Pascal Thiaw-Kine, président de l'enseigne E. Leclerc Réunion

 Je considère cette décision préjudiciable et prise précipitamment dans un contexte qui aurait mérité un examen approfondi. Elle n'est, à mon sens, pas en congruence avec les engagements pris par le gouvernement en matière de contrôle des concentrations.

Les différentes crises économiques et sociales, notamment aux Antilles et à la Réunion, ont mis en lumière les attentes des consommateurs.
Or, par cette décision, l'intérêt des consommateurs n'apparaît pas considéré.

C'est aujourd'hui de nouveau le même schéma que celui qui s'est largement développé aux Antilles qui se répète avec l'absence d'une concurrence plurielle au détriment des consommateurs et du tissu économique du territoire.

Nous avions exprimé une solution alternative pour une distribution autrement avec des engagements inédits tant pour les citoyens, pour les consommateurs, que pour la production locale. C'est une nouvelle ère économique qui s'annonce à la Réunion et chacun devra assumer les conséquences de la décision prise sur le territoire.

• Ibrahim Patel, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion

J’ai appris comme tout le monde la décision de l'autorité de la concurrence. Il n’y avait pas à précipiter les choses parce que nous sortons à peine d’un confinement.

Je rappelle qu’il y a un projet de rachat d’acteurs de La Réunion. J’aurais voulu que le gouvernement puisse statuer sur cette décision et prendre une décision d’un côté ou de l’autre.

Je voudrais qu’on ait un consensus pour dire stop aux mètres carrés supplémentaires. Il faut que le gouvernement passe une loi pour faire une pause pose dans tous les projets à venir pendant 10 ans et étudie le projet du groupe de La Réunion. Je n’ai pas d’a priori pour un projet ou pour l’autre mais j’aimerais qu’on donne un chance à ce groupe-là.

• Huguette Bello, députée

L’autorité de la concurrence autorise le rachat de Vindémia par le groupe Bernard Hayot. C’est une mauvaise décision à plusieurs titres :
Cette décision intervient dans un contexte de crise économique et sociale extrêmement grave liée à la crise sanitaire, crise qui succède elle-même au mouvement populaire des gilets jaunes dont les principales revendications portent sur le pouvoir d’achat des Réunionnais et contre les situations de monopoles.

Cette décision touche en premier les employés de Vindémia, (4600 employés dans l’Océan Indien). Il n’y a aucun engagement concernant la protection de tous les employés afin qu’aucun d’eux ne fasse l’objet d’un dégraissement des effectifs.

Cet évènement touche les acteurs économiques de par la position de domination qu’entraîne le rachat de Vindémia par le Groupe Bernard Hayot, pas seulement à la Réunion mais dans l’Océan Indien.

Depuis 2014, le groupe Bernard Hayot (GBH) est la première entreprise de l’Océan indien ; en deuxième IBL (à l’île Maurice) et en troisième position du classement, on retrouve… Vindémia !!! que GBH rachète ! Le poids économique de GBH se mesure non seulement en effectifs, en chiffre d’affaire (la barre du milliard d’euros a été dépassée en 2017) mais aussi et surtout aussi à travers les postes de dépenses des ménages réunionnais : 16% du portefeuille du Réunionnais pour SE DEPLACER, 14% du
portefeuille du Réunionnais pour SE NOURRIR, 15% du portefeuille du Réunionnais pour S’AMUSER et L’ENTRETIEN de la MAISON, et cela, avant le
rachat de Vindémia,

Cette décision assure une position dominante sur le portefeuille des Réunionnais et sur l’économie réunionnaise (...)

• Christophe Girardier, auteur d'un rapport pour l'Observatoire des Prix des Marges et des Revenus de La Réunion

Je qualifierais cette décision extrêmement choquante et même entachée d'erreurs de raisonnement graves. Il est assez surprenant que l’autorité de la concurrence se méprenne à ce point. A lire son communiqué de presse, l’autorité de concurrence a levé des atteintes à la concurrence auxquelles remédient les solutions du groupe Hayot, mais ces conditions sont extrêmement limitées par rapport aux travaux qu j’avais réalisé sur l'impact de cette opération, ses enjeux et ses conséquences sur l'économie de l'île toute entière.

A aucun moment on ne perçoit la dimension conglomérale de cette opération. Il faut voir les conséquences plus larges.  Dans mon rapport, qui n’a pas été contesté, je concluais qu’en matière de rapport de force dans la distribution alimentaire, le groupe Hayot représentait 17% de part de marché. L’opération dont on parle amènerait sa part de marché entre 36 et 40%. Pas un mot sur ce phénomène.

Ce que j’ai également c’est qu’aujourd’hui le groupe Hayot représente 30% du panier de consommation courant des Réunionnais. Ce sera 45% après le rachat de Vindémia. Dans ma carrière d’expert, je n’ai jamais vu un groupe totaliser 45% du panier de consommation courant.

Aujourd’hui est une journée sombre. On se demande ce que devient la concurrence en France. C’est à se rappeler des heures de la période colonialiste où on parlait d’économie de comptoir. Je suis affligé.

Le gouvernement français a les cartes en main, il doit considérer cette affaire comme politique. Les conditions sont réunies pour que l’Etat, par le biais du ministre de l’économie, impose à l’autorité de la concurrence de passer en phase 2, ou de simplement  refuser la décision et de statuer à sa place. Je pense que le moment est venu pour le gouvernement de prendre ses responsabilités.

• Jean-Luc Poudroux, député

Je suis un fervent défenseur de la liberté de commercer et d’entreprendre. Le groupe GBH dispose au même titre que les entrepreneurs Réunionnais de la liberté et du même droit absolu, et je ne suis pas ceux qui confondent racisme économique et patriotisme économique. Si le groupe GBH donne des garanties pour que le consommateur et que le
producteur local s’y retrouvent, je ne peux être que favorable.

Mais dans le même temps, je souhaite que les groupes réunionnais, les entreprises réunionnaises, les chefs d’entreprises de la Réunion prennent conscience et disposent de tous les moyens et de tous les soutiens nécessaires à davantage de solidarité, d’initiative et d’innovation pour maintenir l’emploi et développer leurs activités sur le sol réunionnais et à l’export surtout dans une période de grande tempête économique et sociale qui s’annonce après le Covid-19

• ADECALOM (Association contre la Domination Économique et pour la défense des Citoyens Attachés aux Libertés Outre-Mer)

Nous prenons acte de la décision scandaleuse et humilante pour les réunionnais de l’Autorité de la Concurrence d’accorder le 26 mai 2020 au groupe GBH l’autorisation d’acquérir les actifs de Vindemia. Même si cette décision ne nous surprend pas, au regard de la gestion opaque et manifestement partisane dans ce dossier, nous ne pouvions pas imaginer une instance dite indépendante traiter une affaire d’une telle importance avec autant de mépris et de désinvolture.

Par cette décision, l’ADLC autorise un groupe à détenir sur La Réunion, 40% de parts de marché dans le domaine alimentaire et 60% dans le secteur élargi à de nombreux secteurs de consommation courante. Avec le groupe Leclerc, c’est à terme, 70% des parts de marché alimentaire qui seront détenus par deux entités.

• Par cette décision, l’ADLC légitime une position dominante d’un groupe dans le domaine de la distribution ; ce qui est contraire au Droit de la concurrence en France ;
• Par cette décision, l’ADLC laisse toute possibilité au groupe GBH dès l’opération terminée le soin de peser sur la politique des prix et de les augmenter comme il l’a fait aux antilles
• Par cette décision, l’ADLC compromet à terme toute stratégie réunionnaise de production locale dans les domaines de l’agriculture de diversification et de la transformation notamment ;
• Par cette décision, l’ADLC rejoint toutes les stratégies visant à placer notre territoire réunionnais dans une position de soumis et d’esclave économique sous la domination de groupes locaux ou extérieurs.

Alors, qu’à aucun moment l’avenir des salariés de Vindémia n’était menacé, il était possible de discuter des autres possibilités de reprise qui existent et qui auraient permis de construire un nouveau modèle de distribution à La Réunion.

Nous ne pouvons pas accepter cette décision en l’état. Après plusieurs interpellations auprès du Président de la République, de son ministre de l’Economie, ainsi qu’auprès des élus réunionnais, nous réitérons notre demande auprès du Président de la République pour qu’il exerce son droit d’évocation sur ce dossier et qu’il permette l’élaboration d’une alternative à la solution humilante pour les réunionnais proposée par GBH et validée par l’ADLC.
• Il n’est pas trop tard pour signer pétition contre le rachat de Vindemia https://bit.ly/2yzApcH
• Il n’est pas trop tard pour que le Président de la République dise non à l’ADLC
• Il n’est pas trop tard pour ester en justice

Nous nous réservons en dernier ressort la possibilité de saisir le Conseil d’Etat qui devra dire le Droit sur cette entorse manifeste à la liberté de la concurrence ?

guest
6 Commentaires
la vérité si je mens !
la vérité si je mens !
3 ans

Le premier ministre reçoit un grand banquier à Matignon:
- Tout le monde a peur de la conjoncture, dit le ministre, mais c'est injustifié. Si je n'étais pas premier ministre, j'investirai en Bourse.
- Moi aussi, dit le banquier, si vous n'étiez pas premier ministre j'investirai en Bourse.

le malabar, depuis son mobile
le malabar, depuis son mobile
3 ans

Regarde bien l'expression de cet homme ça en dit long (je vais vous .........) ti créole crève la réunion pour gros zozo la poin un créole qui prend un décision pour nous la réunion comment nous lés couillon tout décision c goyave de France i prend pour nous

Zoreil
Zoreil
3 ans

Il y aura toujours le loup à la bergère dans une économie réelle qui est suspendue à la mondialisation tous les études économiques les démontrent très bien, le libre-échange et la liberté de circuler font que les associations sont multiples donc ces concurrences ne feront du tort ce n'est pas une capitulation mais un enjeu stratégique pour conforter tout un pilier et une structure résistant dans le temps en gardant tout l effectif et de s agrandir sur des nouvelles mesures de consommation dans l l'océan indien. Tout cela pour vraiment mettre en route des nouveaux principes de vies communes et non d d'une concurrence déloyale un peu plus loin sur les énergies renouvelables ils gagneront encore des marchés non négligeables et aussi à la sauvegarde de l l'ile de la reunion et tous les autres

Jojo
Jojo
3 ans

Alors ce monde d'après? Ça sent bon la vaseline

sissi974
sissi974
3 ans

Que penser ! à part que l'autorité de la concurrence savait déjà que le feu vert serait donné , mais face aux nombreux désaccords sur cette vente et pour se donner la bonne image, ils ont gagné du temps, soi-disant pour une étude du dossier, mais ce sont les règles du jeu des lobbies, les dés sont pipés ! la Réunion vacille dans le totalitarisme !

7AC
7AC
3 ans

Je n'aimerai pas être un salarié licencié par une entreprise du groupe Bernard Hayot (GBH) !Quelle chance de retrouver du travail sur l'île ?Presqu'aucune, c'est sûr