Sortie de crise (actualisé)

Plan de relance du gouvernement : les réactions des élus réunionnais

  • Publié le 3 septembre 2020 à 23:06
  • Actualisé le 4 septembre 2020 à 09:14

Ce jeudi, le Premier ministre Jean Castex aux côtés de plusieurs ministres, a présenté le plan de relance économique appelé "France relance". 100 milliards d'euros pour sortir de la crise économique, divisés en trois axes majeurs : 30 milliards pour la transition énergétique, 35 milliards pour l'industrie et la compétitivité et 35 autres milliards pour la cohésion sociale incluant l'emploi et la santé. 1,5 milliard est dédié aux Outre-mer, et l'on sait déjà qu'à La Réunion, le plan de relance va permettre en partie de finir le chantier de la Nouvelle Route du Littoral. Jean Castex a également annoncé que l'Europe participait à hauteur de 40 milliards pour ce plan, et a garanti qu'il n'y aura aucune hausse d'impôt prochainement. Suite aux annonces faites cet après-midi, les élus réunionnais réagissent. (Photo d'illustration Jean Castex AFP)

• Philippe Naillet, député de La Réunion

"Cet énième plan de relance semble ambitieux par les montants annoncés. Pourtant, il apparaît plutôt comme un rattrapage des manquements de la majorité actuelle depuis 2017 concernant : le soutien à notre jeunesse avec la suppression des emplois d’avenir, le recul sur l’insertion des publics vulnérables avec la baisse des contrats aidés ou encore la baisse des aides au logement.

Pire, les Outre-mer ne retrouvent pas leur juste place. Alors que les populations ultramarines représentent près de 3% de la population française, seulement 1,5% du plan de relance nous sera destiné.

Les montants annoncés aujourd’hui sont en grande partie la compensation des économies réalisées depuis 2017. Pour exemple, les fonds annoncés pour l’assainissement à Mayotte et en Guyane étaient déjà prévus dans les précédents plans de rattrapage.

Je resterai vigilant sur ces annonces du gouvernement lors du prochain projet de loi de finances. Ce plan de relance ne doit pas se substituer aux précédentes mesures de l’État en Outre-mer.

Enfin, concernant les travaux de la Nouvelle Route du Littoral, aucun engagement précis n’a été pris pour permettre la fin de ce chantier que les Réunionnais attendent depuis trop longtemps."

• David Lorion, député de La Réunion

"Le plan de relance annoncé par le Premier ministre est certes ambitieux sur le plan national mais insuffisant pour les Outre-mer. Sur les 100 milliards affichés, le montant du plan de relance spécifiquement ultramarin pour 2020-2021 est de l’ordre de 1,5 milliards d’euros, soit environ 300 millions d’euros par an pour La Réunion.

Ce montant est à rapprocher avec les annonces déjà faites par le Ministre des Outre-mer Sébastien LECORNU, soit 120 millions pour les collectivités, 60 millions de diminution d’impôts pour les entreprises, le financement du chantier de la nouvelle route du littoral,...

En réalité, ces mesures en l’état ne me semblent pas pouvoir impulser une réelle relance en matière économique sinon atténuer un peu le nombre de faillites d’entreprises et l’explosion du chômage. Pour nos économies ultramarines, je ne vois notamment pas dans les sommes annoncées de relance pour le tourisme, le logement ou le financement des énergies nouvelles...

Ce plan me semble adapté à une situation hexagonale avec un effort très important concernant la compétitivité des entreprises (20 milliards d’impôts en moins sur 2 ans) mais sa déclinaison outre-mer est loin d’être satisfaisante car il risque d’engendrer des effets d’aubaine avec peu d’impact sur la création d’emplois et la formation des jeunes.

Avec 42% des jeunes réunionnais au chômage, notre responsabilité est de défendre d’abord des mesures de formation et d’emploi des jeunes en entreprises dans lesquelles l’accompagnement public doit être une contrepartie de l’implication sociale. Les personnes plus âgées doivent bénéficier plus largement des contrats aidés dans les collectivités ou dans les grands services publics."

• Stéphane Bijoux, député européen

"Plan France Relance : un puissant outil pour construire localement les solutions les plus adaptées à chaque territoire d’Outre-mer. Les régions hexagonales et ultramarines bénéficieront de toutes les mesures nationales et nous pourrons compter spécifiquement sur 1,5 milliards d’euros volontairement fléchés sur les Outre-mer.

Le Premier Ministre, Jean Castex, a annoncé ce matin les grands axes du Plan de Relance doté de 100 milliards d’euros dont 40 milliards proviennent du plan de relance de l’Union européenne. Combinés avec les fonds européens, ces financements nationaux seront rapidement disponibles.

Avec les élus, le monde socio-économique, les associations... il faut que toutes les forces vives convergent vers une co-construction dynamique de solutions innovantes.

La crise COVID a fait beaucoup de dégâts mais nous ne sommes pas obligés de tout reconstruire à l’identique. Je souhaite que nous utilisions cette opportunité de reconstruction pour créer un nouveau modèle de développement basé sur la solidarité, sur l’économie circulaire, l’agro-écologie, les énergies renouvelables...

Nos objectifs communs de solidarité sociale, de protection des emplois, d’accompagnement des PME, du monde agricole et de la pêche, du numérique, de respect de l’environnement et de valorisation de la biodiversité doivent maintenant se concrétiser dans la construction locale de Plans territoriaux de relance.

J’insiste pour redire que notre obligation de résultat impose également que cette relance économique déclenche parallèlement une nécessaire démarche de simplification et de modernisation des procédures administratives.

Je veux enfin exprimer une nouvelle fois mon optimisme dans notre capacité collective à construire localement les solutions innovantes et performantes que nos concitoyens nous réclament légitimement.

Avec ce Plan de relance, l’État et l’Europe font une nouvelle fois la démonstration de leur volonté d’être des partenaires attentifs, solides et efficaces de notre développement."

• Fédération du Parti socialiste

"100 milliards d’euros pour relancer le pays ! Le défi est de taille pour notre Gouvernement. Surtout après les évènements qui ont marqué nos territoires ces 2 dernières années : un mouvement Gilets-Jaunes toujours d’actualité et une situation sanitaire en crise.

Le tissu économique a essuyé plusieurs coups de massue. Il est évident qu’aujourd’hui ces annonces eurent été très attendues.

Depuis 2018, les politiques locaux ne cessent d’alerter nos décideurs des dangers que présentent les différentes mesures prises. Celles-ci avaient marqué l’opinion publique, tant elles se présentaient comme un cadeau fait aux entreprises. Les indicateurs sociétaux, nous, nous les rencontrons chaque jour.

Plusieurs témoignages et sollicitations nous ont amené à maintes reprises à dénoncer la ligne politique conduite par le Président Emmanuel Macron. Cette tendance à l’accroissement du taux de chômage chez nos moins de 25 ans ; ce déséquilibre entre les dispositions en faveur du social et le contexte sociétal ; cette iniquité fiscale entre ceux qui gagnent bien et ceux qui paient tout ; ces difficultés à accéder et connaître les droits.

Subséquemment, cette crise sanitaire est intervenue et a causé une fragilisation inquiétante de notre économie. Cette addition de mesures en faveur des entreprises depuis 2017 n’a finalement pas atteint les objectifs fixés. Pire, aujourd’hui elle semble complètement désuète face au contexte actuel et au moral des Françaises et des Français. Le terme de " cadeau " est aujourd’hui retenu.

Pour le 1er Ministre, il s’agit avant tout d’éviter que notre économie s’effondre. " Réinjecter massivement de l’argent dans l’économie pour que les entreprises repartent ". En " espérant que le plan de relance en 2021 créera 160 000 emplois ".

L’objectif aurait été bon s’il n’était pas conditionné à " l’espoir ". Les Réunionnaises et les Réunionnais, eux, n’y croient plus. Dire que le " dialogue social est fondamental " dans cette période est une évidence. Surtout lorsque l’on sait qu’aucune place ne lui a été donnée durant ces trois premières années de gouvernance.

En ce sens, préparer l’avenir et vouloir éviter les licenciements sont de beaux projets, ce qui détonne c’est surtout l’absence de conditions, notamment en matière de fiscalité. Il est inquiétant de savoir que 20 milliards d’euros seront fléchés sur de la baisse d’impôts de production sans contreparties fiscales, écologiques et sociales.

Relancer l’économie c’est bien, mais sans accroître le pouvoir d’achat des Français, les recettes ne changeront pas. Nous devons conditionner les aides publiques dans le cadre de la relance à la création d’emplois et à une non-suppression des emplois actuels. Rien n’a été annoncé sur les salaires, sur l’économie de proximité et les petits commerces.

Nonobstant, encore une fois, nous devons encore rêver à l’éventualité d’une traduction de ce plan de relance pour les Outre-mer. Encore une fois, nos territoires ont été oubliés. Si ce n’est que dans les 1,5 milliards d’euros prévus pour les Outre-mer, une partie sera mobilisée pour la gabegie du chantier de la Nouvelle Route du Littoral"

• Rezistan's Egalité 974 

"Les Départements, Régions et Collectivités d’Outre-Mer représentent plus de 4 % de la population française et accumulent les retards dans la plupart des secteurs économiques : le chômage y est de 2 à 3 fois plus élevé qu’en Métropole, la richesse par habitant est presque 2 fois moins grande (20 000 € en moyenne dans les DROM-COM contre plus de 35 000 € en Métropole), les prix sont en moyenne plus de 17 % plus élevés qu’en Métropole, le taux de pauvreté y est d’environ 35 % contre 14%en Métropole, ... Tous ces chiffres pour rappeler la situation économique et sociale particulièrement préoccupante dans ces territoires. Des plans de rattrapage sont régulièrement annoncés depuis des années, mais malgré cela la situation ne semble pas évoluer.

A cela s’est ajouté ces derniers mois la crise sanitaire de la COVID, amplifiant très fortement ces inégalités. Pour répondre à cette crise, le gouvernement présente aujourd’hui son plan de relance national. Le Ministère des Outre-Mers a indiqué que 1,5 milliards sur les 100 milliards du Plan seraient consacrés aux outre-mers. De qui se moque-t-on ? SEULEMENT 1,5 % consacrés aux outre-mers !! Que sont devenues les promesses de rattrapage des inégalités ? Par ailleurs, rien indique quelle part de cette minuscule enveloppe sera allouée à La Réunion.

Ce que l’on sait, c’est qu’un partie de cette somme (combien...?) sera consacrée à l’achèvement des travaux de la Nouvelle Route du Littoral ! Est-ce normal ? Est-ce que ce chantier va contribuer à la relance économique ? Est-ce que la toute petite enveloppe réservée à La Réunion doit se voir amputée d’une somme nécessaire à l’aide aux TPE-PME de l’Ile qui sont au bord de la faillite, et cela pour corriger les erreurs de gestion de la Région sur ce chantier ? Mettre autant d'argent dans la finition d'un chantier sans s'occuper d'abord de l'activité et de l'emploi, c'est courir le risque de mettre les salariés et leurs voitures sur une route qui ne mène nulle part..."

• Cyrille Melchior, président du Conseil départemental 

"Je tiens à saluer l’engagement de notre Ministre des Outre-Mer -Sebastien Lecornu - qui défend nos territoires ultramarins.

Comme il l’a souligné,  les Outre-Mer bénéficieront pleinement de FranceRelance à hauteur de 1,5 milliard d’euros qui serviront à relancer l’activité, à sauver nos emplois et à renforcer la cohésion sociale.

Sa mise en œuvre se fera en concertation avec tous les acteurs,  dont le Conseil Départemental.

Pour notre part,  nous sommes prêts au travers de notre Plan Départemental de Relance économique et sociale.

Je rappelle que sur le court terme, ce plan prévoit d'engager 70 millions d'euros, afin de répondre à l'urgence du contexte socio-économique et sanitaire à La Réunion.

Et dans la durée, nous voulons inscrire notre engagement à travers une politique d'investissement de près de 500 millions d'euros sur la période 2020-2025 sur plusieurs axes : agriculture, logement, accompagnement des plus vulnérables, infrastructures départementales, transition écologique."

guest
0 Commentaires