Une sacrée diversion ! (actualisé)

Quand les mots de Bardot nous font (presque) oublier nos maux

  • Publié le 23 mars 2019 à 12:36

C'était la polémique de la semaine et quelle polémique ! Brigitte Bardot vieillit mal et sort des absurdités, c'est un fait. Brigitte Bardot est en roue libre et frôle la sénilité, c'est un autre fait. Brigitte Bardot est allée beaucoup trop loin, ça, c'est une certitude. Bref, BB s'est lancée dans une opération totalement contre-productive. Ce qui est drôle, c'est que la classe politique - tous bords confondus - s'est emparée du dossier, comme si l'avenir de La Réunion en dépendait. Nos élus se sont insurgés, révoltés, soulevés comme un seul homme, le cas BB a été déclaré grande cause nationale, on va trop loin, grande cause départementale a minima. Pendant ce temps-là, La Réunion va toujours aussi mal et Emmanuel Macron mobilise les militaires de l'opération Sentinelle pour le dix-neuvième acte des Gilets jaunes dans l'Hexagone. (Photo - Twitter Brigitte Bardot)

Elle a bon dos la Brigitte ! 

La scandaleuse et injurieuse lettre de Brigitte Bardot - rendue publique par Imaz Press - est publiée mardi 19 mars en milieu d’après-midi. C’était aussi le dernier jour de visite d’Annick Girardin. La missive sortie, la ministre des Outre-mer n’était absolument plus à l’ordre du jour, totalement mise à l’arrière plan. BB attire toute l’attention, tandis que le bilan des trois jours de visite de la ministre devient un sujet de seconde zone. Le bilan se résume à une seule annonce, pas très lourd

Y’a qu’à voir les réactions de la classe politique ! Nos élus se sont jetés sur le sujet comme des carias sur un puit de lumière. C’était le jeu de celui qui s’indigne le plus fort. Être ferme, sincère mais déterminé, à croire qu’ils s’étaient fait passer le mot.  La croisade contre la pauvre bougresse qui perd un peu la boule était lancée. Et ils n’ont pas fait les choses à moitié, ils ont déposé plainte !

Les annonces ou plutôt les "non annonces" de la ministre étaient déjà de l’histoire ancienne pour eux. Après tout, mieux vaut s’intéresser à la polémique BB qu’à ce que viennent annoncer les décideurs pour remédier à la crise sociale qui frappe notre île depuis plusieurs décennies.

Complètement ubuesque, si nos élus locaux mettaient autant d’énergie, de passion, d’entrain et de détermination à se battre contre la vie chère, le chômage, la pauvreté… La crise socio-économique qui gangrène notre île serait réglée depuis belle lurette !

Et vous pensez bien qu’Annick Girardin a tout compris. Après avoir vu le vent tourner au cours de sa visite, la ministre s’est engouffrée dans la brèche. Exprimant son indignation plutôt que de faire le (maigre) bilan de sa visite à La Réunion. En même temps, ne lui jetons pas la pierre, finalement, c’est une sacrée bonne stratégie pour détourner l’attention. Et beaucoup n’y ont vu que du feu.

Et les "vrais" problèmes, on en parle ? 

La presse nationale s’est laissée piéger. Ce qui aura été retenu de la visite d’Annick Girardin à La Réunion, c’est surtout la lettre ouverte qu’elle a publié sur les réseaux sociaux en réponse à celle de BB et le fait qu’elle porte plainte. Sur les raisons de la visite, pas un mot… Triste constat. La Réunion, on s’y intéresse quand il y a des violences urbaines, des polémiques ou des attaques de requin pas pour les 42% de Réunionnais qui vivent sous le seuil de pauvreté ni pour le taux de chômage à 23% ni pour la vie chère, ni pour les 225 000 Réunionnais qui vivent du RSA, ni pour ce milliard d'euros dont on ne verra jamais la couleur… C’est tout de suite moins vendeur. 

Avec cette histoire, on en a presque oublié les Gilets jaunes. Ils ont décidé de boycotter Annick Girardin, les mesures annoncées n’étant pas entrées en vigueur à la date annoncée. Depuis la dernière visite de la ministre, le mouvement s’est apaisé mais la colère gronde toujours, la contestation est en sommeil.

Ils ne comptent rien lâcher 

Contrairement à la Métropole où la rage n’est jamais redescendue. Dix-neuvième samedi de mobilisation dans l’Hexagone. Samedi dernier, le 16 mars, l'acte dix-huit de la mobilisation a dégénéré, plusieurs commerces ont été pillés, un kiosque à journaux incendié, le célèbre Fouquet’s saccagé. Des débordements, un regain de la mobilisation, des casseurs plus nombreux et déterminés...

L’exécutif et l’Élysée ont fait appel à des renforts, ce samedi 23 mars, les militaires de l’opération Sentinelle seront mobilisés "pas pour du maintien de l’ordre" s’époumonent les représentants LaRem mais pour "protéger des bâtiments officiels et des points fixes". Faire appel à des hommes, qui, en temps normal, sont affectés à la prévention terroriste est lourd de sens. Encore une belle preuve de lâcheté du président.

Faux-semblant

Emmanuel Macron qui disait vouloir écouter le peuple à travers la mise en place du grand débat national n’hésite pas à mettre des militaires face à ceux qui depuis dix-neuf semaines descendent dans la rue pour crier leur mal-être. Ce qu’ils demandent ? D’être entendus. Bien sûr, les débordements, la violence, sont condamnables mais ne doivent pas être imputés au mouvement citoyen. Car le problème de fond perdure, qu’est-ce qui a changé en quatre mois ? Les Français ont-il tous un travail, un meilleur pouvoir d’achat, une vie meilleure ou de meilleures perspectives pour l’avenir ? Non. Le message d’Emmanuel Macron est clair comme de l’eau de roche: la répression plutôt que la discussion.

"C'est pas moi, c'est lui"

Et il y a le risque. Plus que jamais, on peut s’inquiéter que la mobilisation dérape. On court au désastre. Mettre les militaires de l’opération Sentinelle dans cette position est injuste. Et évidemment, si cela tourne mal, ce sera facile de faire porter la responsabilité à l’Armée plutôt que d’assumer une mesure prise par le gouvernement totalement inadaptée. Comme l’a fait Christophe Castaner en limogeant Michel Delpuech cette semaine suite aux exactions qui ont éclaté lors de l’acte dix-huit. Plutôt que de prendre ses responsabilités, le gouvernement fait porter le chapeau aux autres. Classe…

 Il est prêt à tout

Emmanuel Macron l’avait martelé au début du mouvement, il comptait "garder le cap". Il a fait semblant de mettre de l’eau dans son vin, avec ce grand débat national qui fut un fiasco.

En déployant l’opération Sentinelle, le président montre qu’il est prêt à tout pour garder le pouvoir quitte à mater son peuple plutôt que de l’écouter.

fh/www.ipreunion.com

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5 Commentaires
Manouche
Manouche
5 ans

Je répond à Ceccu il doit être ne avec une cuillère en or dans la bouche avec ses commentaires à la con !

CECCU, depuis son mobile
CECCU, depuis son mobile
5 ans

En France on est en démocratie et c'est très bien et merci à ceux qui ce sont battu pour cela mais faut allez voter et ça les trois quarts des GJ ne le savent pas .....ils n'y vont pas et après pas contents c'est trop facile .....toutes les fois que çà ne nous convient pas on casse tout et on dissout on peut faire ça toutes les semaines jamais personnes sera content bande de rigolos exprimez-vous et élisez des représentants qui sont à votre écoute et ne votez pas pour quelqu'un du faite que vous êtes contre un autre .......personne ne doit démissionner et rien ne doit être dissout il y une constitution point final ceux qui sont pas content ils vont ailleurs comme ça il y aura un peu moins d'assistés

Volcan974
Volcan974
5 ans

Il vous a fallu du temps pour réagir mais c était simple comme bonjour, je l avais signalé dans un post le soir de la sortie de la lettre mais le gouvernement ignore les reunionnais comme les autres régions de France accroc du pouvoir

Atterré
Atterré
5 ans

Il faut que l'ordre républicain règne ! ! !

Monique la traitre
Monique la traitre
5 ans

LA SOLUTION C EST SOIT DISSOUDRE LA CHAMBRE DES DEPUTE SOI Q UIL DEMISSIONNE....