Coup de com, bluff et autres caprices (actualisé)

Semaine de la mobilité... ou de l'immobilisme

  • Publié le 20 septembre 2018 à 15:13
  • Actualisé le 20 septembre 2018 à 16:38

A chaque semaine de la mobilité sa promotion de modes de transport alternatifs. On nous invite à prendre le bus, à covoiturer, bref, à lutter, à juste titre contre le "tout auto". Mais derrière ces messages responsabilisants voire infantilisants, se pose la question de la véritable vision de l'aménagement et du développement du transport à La Réunion. Et quand on regarde de ce côté là, à part des guerres politiques intestines et des annonces électoralistes, pas grand chose à l'horizon, malheureusement.

Bien évidemment, chaque Réunionnais doit faire preuve de responsabilité et sortir de la voiture individuelle.

Car même si seulement 40% des habitants en âge de conduire possèdent une voiture à La Réunion (contre 70% en Métropole), nous sommes déjà extrêmement proches du coma circulatoire. Il n'y a qu'à voir l'état du réseau routier aux heures de pointe, à chaque accident ou encore par temps de pluie pour s'en convaincre. Circuler à La Réunion n'est plus une liberté, mais un véritable défi quotidien.

Alors, on nous incite à utiliser toutes sortes de solutions alternatives, du vélo à la trottinette en passant par le bus et le covoiturage. Reconnaissons qu'il est utile et important de mener de telles campagnes de sensibilisation du public. Mais force est de constater que la situation n'évolue pas. Bien au contraire, le marché automobile enregistre des records de vente à La Réunion, venant gonfler un peu plus une circulation déjà fortement congestionnée.

A croire que cette situation serait avant tout de la faute des Réunionnais et que la semaine de la mobilité n'existerait que pour mettre les projecteurs sur nos habitudes.

En attendant, "kabri i manz salade" comme dirait l'autre. La Réunion peine à établir une politique de déplacement et d'aménagement cohérente et structurante malgré quelques projets interessants (téléphérique, route des hauts de l'Est etc.). On semble vouloir plutôt agir au coup par coup, au gré des envies, et des caprices des politiques.

Un tram-train considéré comme trop cher et pas assez efficace il y a 8 ans, ressort comme par magie des cartons avec un nouveau nom de baptême, l'Ecorail, et la coquette somme de 300 millions d'euros pour le premier tronçon reliant Sainte-Marie à Saint-Denis, soit 30 millions d'euros le kilomètre.

Les 2000 bus du Trans Eco Express promis en 2010 peinent toujours à voir le jour, tout comme le réseau de transport en site propre malgré quelques sobriquets de mouvement comme l'inauguration, en grande pompe, d'un " pôle d’échange multimodal " à Sainte-Marie.

Le chantier de la route du littoral poursuit sa route, malgré les polémiques et les enquêtes du Parquet National Financier, mais sans réelle perspective quant à la question des entrées de villes, au Nord notamment. Encore un sujet qui sera très certainement mis sur la balance des négociations en vue des prochaines élections municipales/régionales/départementales. Et ce, au détriment de la population réunionnaise qui, elle, trime chaque matin au volant de son véhicule dans les embouteillages réunionnais.

Au sein du Syndicat Mixte des Transports (SMTR), organisme en charge de coordonner la politique du transport en commun sur le territoire, on se bat, on s'écharpe. Les feux sont nourris, les armes sont aiguisées. Communiqué, motion de défiance et interventions en tous genres dans les médias locaux, tous les coups sont permis pour discrediter l'un ou l'autre camp. Et ce, pour un poste de président et tous les avantages qui vont avec.

Comme si l’avenir de La Réunion et des routes réunionnaises importaient peu, cette semaine de la mobilité, aussi utile soit-elle, a une allure d’arbre qui cache la forêt… ou l’immobilisme.

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
Malilye
Malilye
5 ans

Je suis d'accord avec l'article. J'irai même plus loin. On infantilise les gens et même parfois on les rend entièrement responsables des problèmes de pollution. Si il y a des déchets en plastique, c'est parce que les gens jettent partout, qu'ils ne font pas attention à leur environnement. Certes ce n'est pas totalement faux, mais qu'en est il des grosses entreprises qui font le choix du plastique alors que certaines, au moins pour les boissons, développent des consignes en verre? Qu'en est il des décisions politiques de laisser faire? Pareil sur les transports alternatifs à la voiture individuelle. Faire un effort individuel marche si chacun y met du sien, y compris les entreprises grosses et moyennes et les politiques qui doivent en être le ciment. Les questions sont le tout voiture sert quels intérêts? Et pourquoi les divers échelons politiques n'arrivent pas à se mettre d'accord pour notre intérêt collectif. On perd beaucoup de temps en polémiques débiles sans aborder le fond des choses sur lesquelles peut être on pourrait se mettre d'accord....mais je dois être trop idéaliste...

CHABAN
CHABAN
5 ans

Excellente analyse.
Dans 10 ans on en sera au même point.

ALP
ALP
5 ans

tout ça c'est bien gentil mais il faudrait que tout le monde suivent,ce n'est pas le cas
,âgé de plus de 65 ans je bénéficie à ce titre de la gratuité sur les transport d' ALTERNEO comme cela à été convenu entre les différents partenaire,CIVIS,SEMITTEL,mairies
Le problème est que la SEMITTEL,chargée de délivrer la carte de la gratuité rechigne à le faire,j'ai fait ma demande il y a plus de 4 semaines et ne l'ai toujours pas reçu malgré plusieurs relances
De ce fait je continu à circuler en voiture bien entendu