François Baroin, ministre de l'outremer, en visite à La Réunion

"La reprise de l'épidémie est inévitable"

  • Publié le 5 septembre 2006 à 00:00

Arrivé tôt ce mardi matin 5 septembre 2006 pour une visite de quinzaine d'heures, François Baroin, ministre de l'outremer, est venu "évaluer et éventuellement réajuster le dispositif de lutte contre le chikungunya mis en place par l'Etat". À la mairie annexe du Tampon, où il s'est rendu dès son arrivée, il a estimé qu'avec le retour prochain des grosses chaleurs, une reprise de l'épidémie est inévitable"

"Je viens dans une période où les cas de transmission de la maladie ont nettement baissé. Mais tout porte à croire que la relance de l'épidémie de chikungunya est absolument inévitable" souligne François Baroin à plusieurs reprises au cours de sa visite. Ainsi à la mairie annexe de Bras Creux où il a été reçu par le maire du Tampon, Didier Robert, il note "en l'absence de traitement préventif, tout le monde sait que l'épidémie va recommencer dans quelques semaines lorsque les fortes chaleurs de l'été seront là". Raison pour laquelle il faut "éviter le relâchement" en matière de protection contre la maladie et de lutte contre l'aedes albopictus, seul vecteur du chikunguyna. Au fil des semaines et de la baisse des cas de contamination "les bonnes habitudes de protection et de vigilance ont été délaissées" estime le ministre. Or, ajoute-t-il, "ce n'est pas parce que virus ne fait plus la "une" des médias nationaux ou que globalement l'on en parle moins que la maladie a disparu. Il faut renouer avec les bonnes habitudes prises au plus fort de l'épidémie".

Mauvaises habitudes

Sa visite à l'école du 12ème kilomètre du Tampon l'a confortée dans sa crainte d'un "relâchement de la vigilance". Travaillant pourtant sur des bandes dessinés et des histoires mettant en garde contre la maladie, "les enfants que j'ai interrogé ont presque tous dit qu'ils ne se protégeaient plus contre le virus" remarque François Baroin.
Il insiste pour dire qu'il "ne faut pas baisser la garde" une nouvelle fois. "Nous l'avons déjà fait après avoir le paludisme. La prophylaxie n'a plus été prioritaire et de mauvaises habitudes ont été prises" reconnaît-il. Et il précise aussitôt, "on peut toujours se demander à qui la faute, qui est le responsable de ce relâchement. Mais il est urgent de corriger cela, de renouer avec les bonnes habitudes de protection et il est évident de l'État assumera son rôle en matière de prophylaxie". Il n'en dira pas plus concernant la participation de l'État, se bornant à annoncer qu'un plan de communication sera lancé "pour sensibiliser la population et notamment les jeunes à la nécessité de lutter contre la maladie" par tous les moyens.

420 000 tonnes d'ordures

De ce point de vue, l'élimination des déchets et ordures ménagères - qui représentent autant de gîtes larvaires potentiels -, "est capitale" dit François Baroin. Il rappelle que La Réunion produit 420 000 tonnes de déchets par an "soit 2 fois plus qu'il y a 10 ans". Un chiffre qui devrait encore doubler dans quelques années, lorsque l'île aura atteint le million d'habitants. À cela s'ajoutent deux éléments incontournables. Selon la réglementation européenne en 2012 le stockage et l'enfouissement des déchets seront interdit. Deux ans avant cette échéance, en 2010, le centre d'enfouissement de la Rivière Saint-Étienne - qui reçoit les déchets de 15 communes -, sera saturé.
Pour François Baroin cette énumération sert de plaidoirie en faveur de "la définition par les élus d'un plan pérenne d'élimination des déchets". Il dit que "des choix devront être faits" et qu'il "faut avancer vite, choisir des process d'élimination des déchets respectant l'environnement tout en donnant une meilleure qualité de vie aux Réunionnais".
Il abordera de nouveau le sujet sur le site du centre d'enfouissement de la Rivière Saint-Étienne. Soutenu, notamment, par Cyrille Hamilcaro, maire de Saint-Louis, et Jean-Claude Lacouture, maire de l'Étang Salé, Michel Fontaine, maire de Saint-Pierre et président de la CIVIS (communauté de communes du Sud), se dira favorable à l'installation d'un incinérateur. On le sait, plusieurs associations, écologistes notamment, sont contre le projet le jugeant dangereux pour l'environnement.

Financement mixte public - privé

"La question environnementale est dominante et La Réunion ne peut se mettre en marge de la réflexion sur l'élimination des déchets" souligne François Baroin. Car ajoute-t-il "on ne peut pas parler de tourisme ou de santé publique s'il n'y a pas de maîtrise de la protection de l'environnement". Il ne prend pas position pour ou contre l'incinérateur, dit que "les élus du Sud on eu le courage de prendre leurs responsabilités" et indique qu'une instance de large concertation sur le projet "sera mise en place par le préfet dans les prochaines semaines". Quant au financement des équipements et infrastructures nécessaires à l'élimination des déchets, il se déclare favorable à un financement mixte public - privé. Il annonce également que l'É tat n'hésitera pas "à pousser" le montant de sa participation.
Le dernier point fort de la visite ministérielle a été la présentation du plan hospitalier 2006 - 2007 contre le chikungunya. Il est basée sur la veille sanitaire et épidémiologique, la formation des professionnels de santé et la prise en charge des malades. "Si l'épidémie repart nous ne serons pas pris de court" commente Antoine Perrin, directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation.
François Baroin quitte La Réunion dans la soirée.
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