Océan indien

Bacar ne sera pas expulsé aux Comores

  • Publié le 2 avril 2008 à 00:00

Le Tribunal adminiustratif a examiné ce mercredi 2 avril 2008, la demande d'annulation formulé par le colonel Bacar et ses 22 soldats contre l'arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. La préfecture a pris les devants en prenant un nouvel arrêté de reconduite mais cette fois dans vers un pays autre que les Comores. Du coup, la juridiction administrative n'a pu statuer sur la demande d'autorisation temporaire de séjour formulée les 23 hommes. Une nouvelle audience aura lieu dans 72 heures pour examiner cette requête

L'avocate du Colonel Bacar, Maître Marie Briot avait l'air satisfaite après l'audience qui s'est déroulée le 2 avril au tribunal administratif de Saint-Denis : " Le premier arrêté de reconduite à la frontière, qui était une grave erreur, a été annulé car un retour du colonel Bacar et de ses proches aux Comores n'est absolument pas envisageable actuellement" , a-t-elle déclaré . Le nouvel arrêté, pris dans la nuit de mardi à mercredi par la préfecture, laisse Mohamed Bacar et ses soldats libres de choisir leur future destination (à condition toutefois que celle-ci accepte de les accueillir).
En revanche, et donc pour des questions de procédure, le tribunal administratif n'a pas pu accorder aux Anjouanais en fuite l'autorisation temporaire de résider sur le territoire français comme ils le demandaient. Dans ce contexte, les avocates des 23 hommes ont l'intention de déposer d'ici ce jeudi 3, 22 heures, un recours contre le nouvel arrêté afin d'espérer obtenir ensuite un droit de séjour provisoire. Cette mesure permettrait à Bacar et à sa garde rapprochée de circuler librement. Cela en attendant la décision de l'office français de protection des étrangers et apatrides concernant leur demande d'asile politique.

Un homme inquiet pour sa famille

Interrogé sur cette demande d'asile et sur sa situation actuelle, Mohamed Bacar, a déclaré à maintes reprises qu'il était " confiant en la justice française " et que l'assignation à résidence était la solution qui, pour le moment, " convenait le mieux à sa sécurité ". " Je me sens menacé à Anjouan et encore plus en Grande Comore ", a-t-il avoué."Les renseignements que nous avons prouvent que notre retour nous exposerait à une mort certaine. Ma famille est poursuivie et mon beau-frère est dans le coma " a-t-il ajouté. Tendu, effrayé à l'idée de rentrer en Grande Comore où " il n'existe pas de justice " d'après lui, le colonel Bacar a confié être très inquiet pour sa famille restée à Anjouan et obligée de " se cacher dans les montagnes " pour survivre.

Problème de suprématie entre Grande Comore et Anjouan

Selon lui, les manifestations hostiles à son régime qui se sont déroulés ces derniers jours aux Comores, à Mayotte, à La Réunion et en Métropole résultent avant tout d'un " problème de suprématie entre la Grande Comore et Anjouan ". " Depuis 1975, date de l'indépendance du pays, les Comores ne sont pas arrivées à trouver une solution constitutionnelle, a rapporté le colonel Bacar ". Comment explique-t-il, dans ce cas, que l'Union Africaine soutienne l'Union des Comores et le président Sambi contre lui ? " L'action de l'Union Africaine est motivée par des nations comme l'Iran, la Tanzanie, le Soudan, la Lybie. Voyez l'idéologie qui est appliquée dans ces pays et vous comprendrez que le débarquement sur Anjouan s'est fait au profit du président Sambi (le président de l'Union des Comores - ndlr)", a-t-il répondu. " Ce dernier est peut-être anjouanais mais il est surtout chiite alors que les anjouanais sont sunnites " a t-il encore dit. Quant aux accusations le présentant comme un dictateur, il les balaye d'une phrase : " Il n'y a jamais eu de dictature à Anjouan, il n'y a qu'à demander à ceux qui sont venus en voyage sur l'île pour s'en convaincre ".

L'avocat parisien de Bacar est optimiste

Pour maître Michel Quimbert, l'avocat parisien du colonel Bacar, " les conditions d'asile politique sont plus que jamais réunies. Mon client a choisi de quitter son pays sans combattre, en évitant que le sang ne soit versé. Ce n'est pas l'attitude d'un dictateur mais celle d'un homme de paix ", a-t-il déclaré à la presse métropolitaine.
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