L'ex-président d'Anjouan quitte La Réunion

Bacar expulsé vers le Bénin

  • Publié le 19 juillet 2008 à 00:00

L'ex-président d'Anjouan (Comores), le colonel Mohamed Bacar, a quitté La Réunion ce samedi matin 19 juillet à 9 heures 15 à bord d'un avion spécialement affrété par la France. En milieu de journée, le vol a fait escale à Entebbé en Ouganda. Mais ce pays ne devrait être qu'une étape vers Cotonou au Bénin, destination finale de l'avion. Le colonel Bacar est accompagné de son frère Abdou Bacar et de deux membres de sa garde rapprochée indique la préfecture dans un communiqué rendu public en milieu de matinée.

Sous le coup d'un arrêté de reconduite à la frontière, Mohamed Bacar était assigné à résidence sur la base aérienne 181 (Sainte-Marie) depuis le 1er avril dernier, dans l'attente d'un pays d'accueil. Fuyant les troupes de l'Union Africaines venues l'arrêter à la demande de l'Union des Comores soutenue par La France, l'ex-président anjouanais et 22 de ses hommes étaient arrivé à La Réunion le 28 mars dernier en provenance de Mayotte. Tous avaient été interpellés à leur arrivée sur l'île aux parfums pour entrée irrégulière sur le territoire français en possession d'armes à feu.

Mohamed Bacar et ses hommes ont ensuite comparu plusieurs fois devant la justice pénale et administrative de La Réunion. Soit pour répondre des accusations d'entrée illégale, soit pour demander l'annulation de reconduite à la frontière. Dans l'un des procès, le 24 juin dernier, l'État comorien avait demandé à Maître Jacques Vergès de plaider en faveur de l'extradition de l'ex-président vers les Comores. La requête avait été rejetée par les magistrats en raison du "caractère politique des faits" qui lui sont reprochés par la justice comorienne.
Mohamed Bacar et ses compagnons ont aussi demandé l'asile politique à La France. L'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a accepté la demande pour 4 proches de l'ancien président, mais rejetée la sienne et celles des autres Anjouanais en raison de "faits graves" qui leur sont reprochés par l'Union des Comores. Le colonel Bacar est en effet accusé dans son pays d'"atteinte à l'autorité et l'intégrité de l'État" et de "complicité d'homicide, de coups et blessures volontaires et de viols". L'OFPRA a toutefois estimé que Bacar et ses hommes ne pouvaient être renvoyés aux Comores, leurs craintes de persécution étant fondées.
Les Anjouanais ont déposé un recours devant la Cour Nationale du Droit d'Asile, mais cette requêté n'étant pas suspensive de la décision de reconduite à la frontière, Mohamed Bacar est ses hommes ont été expulsés vers le Bénin. L'ancien président anjouanais ne voulait pas aller dans ce pays. Le Bénin et les Comores sont en effet liés dans des accords d'extraditions et Mohamed Bacar affirmait que son expulsion vers la république béninois n'était qu'une manière détournée de le renvoyer aux Comores.
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