Émeutes à Madagascar

Deux morts à Antananarivo

  • Publié le 26 janvier 2009 à 00:00

De graves émeutes secouent Antananarivo, capitale de Madagascar, depuis le début de la matinée de ce lundi 26 janvier 2009. Plusieurs infrastructures ont été prisées d'assaut par les manifestants. La radio-télévision malgache, la radio MBS et trois supermarchés Magro, appartenant au président de la République Marc Ravalomanana, ont notamment été saccagés. En représailles, la police a tiré sur la foule faisant deux morts. Les troubles ont éclaté après que le maire de Tananarive, Andry Rajoelina, ait appelé à la manifestation et à la grève générale contre le régime "dictatorial" de Marc Ravalomanana. Le ministère français des Affaires étrangères recommandent aux ressortissants français de "différer tout déplacement à Madagascar sauf raisons impérieuses". Assurées par Air Madagascar et Air Austral, les liaisons aériennes entre la Grande île et La Réunion ne sont pas interrompues pour le moment.

Les communications téléphoniques avec Antananarivo sont difficiles depuis le début de la journée, mais en fin d'après-midi, des informations indiquaient qu'un silo à riz et des terrains situés sur la route de l'aéroport sont en flammes. Ils appartiennent à Marc Ravalomanana. Selon les mêmes sources, un cortège de manifestants se dirigeaient vers un hôtel 5 toiles en construction à proximité d'Ivato (l'aéroport d'Antananarivo). "Nous évitons de sortir. Les policiers nous ont dit qu'il valait mieux éviter de se trouver dans la rue. Les manifestants veulent détruire tout ce qui appartient au président de la République" commente, au téléphone, un Réunionnais installé à Antananarivo depuis quelques années. "Je n'avais jamais senti une telle tension" ajoute-t-il.

Opposant au président Marc Ravalomanana, le maire de Tananarive a tenu un meeting devant 25 000 personnes le samedi 24 janvier. Selon l'Express de Madagascar il avait lancé " le pouvoir appartient au peuple, il (Marc Ravalomanana ) peut se l'accaparer ; à chaque heure qui passe, le pouvoir prouve sa dictature ". Le maire d'Antananarivo a aussi dénoncé "une dictature générale" dans la Grande-Ile, en particulier l'absence de liberté d'expression et la "spoliation" des terres malgaches dans un gigantesque projet agricole mené par le Sud-Coréen Daewoo.

Andry Rajoelina s'était ainsi attiré les foudres du pouvoir, qui l'a alors menacé d'arrestation. Le président malgache, qui a écourté sa visite officielle en Afrique du Sud, a affirmé dimanche vouloir "rétablir l'ordre" et "sauvegarder la République". Il a ajouté que "l'appel à la révolte et à la désobéissance civile" lancé par Andry Rajoelina "correspond à un coup d'État" et "foule au pied les valeurs de la Constitution et des institutions de la République".
Le chef de l'État malgache dit également avoir "donné des instructions fermes au gouvernement de rétablir impérativement l'ordre et la paix sociale, de veiller au respect de la Constitution, et a encouragé la population malgache à rester calme et sereine, face à la situation politique actuelle", rapporte le communiqué.
Andry Rajoelina entretient des rapports tendus avec le régime de Marc Ravalomanana depuis son élection à la mairie en décembre 2007. Mais, indique l'AFP, le bras de fer s'est fortement durci depuis la fermeture par le gouvernement le 13 décembre 2008 de sa télévision privée Viva.
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